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Il avait dit tout cela en enlevant son tee-shirt qu'il essora méthodiquement sans la regarder, vint ensuite au tour de son pantalon qu'il déboutonna sans aucune forme de pudeur. Lorey en resta sans voix. Si sa peau n'avait été glacée, son corps et son esprit figé, elle aurait pu agir en conséquence.

Toutefois, ses yeux dévalèrent sur les muscles fins de ses épaules et de son torse imberbe qui tressautait à chacun de ses mouvements. Ses abdos saillants qui ne réclamaient qu'à être touché se bandèrent lorsqu'il s'étira pour remettre son vêtement.

Il avait un physique athlétique, fait pour l'endurance plutôt que la force. Lorsque leur regard se croisèrent, Lorey ne put que baisser la tête sur ses mains, encore à genoux sur les galets froids, le ventre tendu par le désir qu'elle se refusait de ressentir pour ce monstre qui avait mis sa vie sans dessus dessous.

— Je vais chercher du bois, rejoins moi un peu plus loin. Lorsque tu auras fini, mais presses toi, ils ne sont pas très loin.

Lorsque sa présence fut lointaine, elle s'autorisa à respirer à nouveau et se leva. Elle essora ses vêtements rapidement et se rhabilla comme elle put. Le tissu collait à sa peau malgré elle, dévoilant un peu sa poitrine qui pointait fièrement à cause du froid.

Même si le doute n'était plus permis, que le désir qu'elle ressentait pour lui fût bien réel, la menace qui planait et la colère qu'elle ressentait encore à son égard l'empêchait de regarder les choses en face. Le corps frissonnant, elle suivit le même chemin qu'Emmet avait emprunté. Rêvant de la chaleur du feu qui caresserait son corps, à défaut d'autre chose.

Elle trouva le camp rapidement un peu plus loin. Emmet s'était adossé à un arbre, tête baissée et assez proche du feu qui crépitait joyeusement devant lui. Il semblait l'ignorer consciemment, elle ne s'en formalisa pas et se plaça assez proche des flammes pour sentir les douces brûlures sur sa peau.

Un long moment passa. Emmet ne bougea pas d'un pouce et la jeune femme se demanda s'il s'était endormi. Affalé contre le tronc de l'arbre, Lorey lui trouva un teint pâle. Les paupières mi-closes, il semblait à bout de force.

— Est-ce que tu te sens bien ? murmura-t-elle d'une petite voix, inquiète que son acolyte sur ces terres inconnues ne puisse plus avancer.

Il mit un moment à répondre, comme si sa présence seule lui coûtait.

— Ça ira. Laisse-moi du temps.

Il garda la tête baissée, les yeux cachés par ses cheveux défaits. Lorey était incapable de chasser à sa place, ce n'était pas elle, la prédatrice ici. Elle n'avait aucune idée de comment l'aider. Elle pourrait bien chercher si des arbustes à fruits poussaient dans les alentours, mais elle serait incapable de retrouver son chemin jusqu'au camp.

Et ce tiraillement continu dans son esprit continuait de la hanter vers une direction, comme un fil invisible. Il fallait qu'ils avancent rapidement, le jour n'était pas encore tombé, c'était encore la pleine journée.

L'astre rougeâtre dans le ciel les surplombait toujours, lourde de menaces. Ses vêtements étaient quasiment secs, tirant sur sa peau fine, lorsque ses pensées se dirigèrent sur ce qu'elle avait vu dans cette pièce froide où elle était morte.

La chimère d'Emmet était terrifiante, elle refit tourner les images dans sa tête. L'apparition de la bête avait été rapide, son apparence de fumée noire et lourde la fit frissonner. Pourquoi l'entité qui était sortie du corps de Lorey et la chimère d'Emmet s'étaient jointes de cette façon ?

Emmet avait dit que les pierres qui contenaient les chimères venaient de cristaux renfermant une forme de vie inconnue. Elle ne comprenait pas comment cela était possible. Pourquoi les chimères qu'ils avaient créées avaient besoin de se nourrir d'âme ?

Tatouage de Sang - Malédiction. Tome 1Where stories live. Discover now