Tatouage de Sang - Malédiction. Tome 1

13.5 r

Lorey fut surprise par cette demande, elle crut n'avoir pas compris une seconde, mais Emmet lui fit signe de s'approcher. Elle se leva et se plaça derrière lui. C'était étrange de le voir de dos et de haut. Elle sut à cet instant qu'il lui faisait confiance, car, il ne devait pas le présenter ainsi a n'importe qui.

— Donne-moi ta main, ordonna-t-il dans un murmure maîtrisé.

Ce qu'elle fit, curieuse et la main tremblante. Lorsqu'il attrapa le bout de ses doigts, les tatouages se déployèrent sur ses phalanges et des picotements lui parcoururent le long du bras. Il dirigea sa main à la base de sa nuque et elle fit glisser ses doigts sur la peau délicate en retraçant les marques de sang, dans une caresse paresseuse. Ces dessins étaient hypnotiques.

— La pierre est greffée ici, tu peux la sentir juste là.

Sa voix la sortit de sa contemplation et elle put le deviner sous son toucher. Un renflement léger sous la peau, à la base de la nuque. Il n'y avait cependant aucune cicatrice et elle se demanda comment ils avaient fait pour la faire rentrer là. Elle resta un instant sans un mot, essayant de comprendre la fascination qu'elle ressentait pour ses tatouages, lorsqu'il tourna vers elle son regard aux iris flamboyant. Elle ne recula pas, son apparence ne lui faisait plus peur.

— Tu peux te rasseoir.

Ce qu'elle fit sans objection.

— Cette manifestation, ces tatouages. C'est cette entité ?

Il acquiesce sans rien dire.

— Pourquoi...?

— Juste ta présence, dit-il tandis qu'il redevenait lui-même. Je ne peux pas l'expliquer, mais tu dégages quelque chose qui l'affame énormément. Les porteurs de cette pierre doivent garder la tête froide, ce serait trop dangereux pour ceux qui sont à sa portée, tu as pu voir ce qu'elle était capable de faire tout à l'heure.

— Tu veux dire qu'à cause de moi, tu es obligé de le bâillonner constamment ?

— On peut dire ça comme ça. En tout cas, plus qu'à l'ordinaire.

— Et ce qui m'est arrivé, qu'est-ce que tu peux m'en dire ?

Elle fit la grimace, la réponse la faisait trembler.

— Je ne sais pas exactement. Je ne sais pas si ma théorie est vraie ou totalement fausse. Mais ce qui est sorti de ton corps et qui t'a ressuscité, c'était la même essence qu'une chimère, mais différente. Totalement différente.

Il secoua la tête en soufflant.

— Comment c'est possible ? Je suis née sur terre moi, je suis humaine, je n'ai aucun pouvoir.

— Je ne sais pas quoi te dire d'autre. On nage en plein délire.

Et c'était le cas de le dire. Lorey regarda ses mains, essayant de comprendre si elle se sentait différente. Mais non, elle se sentait toujours la même petite humaine insignifiante. Elle se frotta le visage de ses mains, en essayant de démêler ce qu'Emmet lui avait révélé. Elle se sentait cotonneuse, comme un rêve d'où elle sortirait bientôt.

— Aller, il faut dormir, demain il faudra bouger et voir ce qu'on peut trouver. Je veux te ramener chez toi et retrouver ma propre vie sur Terre, il doit bien y avoir une faille quelque part, mais cette planète est grande et nous ne la connaissons pas tout à fait. Mon peuple s'est retranché toujours au même endroit sans essayer d'explorer a cause de leur problème, de peur d'aggraver leur situation.

C'est avec espoir que Lorey ôta tous les morceaux de bois et petite pierre qui jonchaient la place où elle comptait s'endormir. Elle s'allongea sur son lit d'épines et de feuilles morte, quelque peu apaisée par ses tourments.