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Lorey fut happé par la lumière qui l'avait enveloppé, son corps vibrait sur la même intensité que l'objet qu'elle tenait dans ses mains.

La poigne d'Emmet la serra plus fort, comme s'il avait peur qu'elle ne s'échappe. Elle ne pouvait plus bouger et puis soudain, elle se sentit tomber. Son estomac remonta dans sa gorge et l'envie de vomir avec elle. La sensation se fit de plus en plus forte, comme si ses membres étaient écrasés par une pression invisible.

Puis, tout s'arrêta très subitement. Son corps pesait une tonne et ses genoux tombèrent lourdement sur le sol. Emmet lui lâcha les mains et recula d'un pas tandis que Lorey vidait bruyamment le contenu de son estomac.

Le souffle lui manqua et lorsqu'il n'y eut plus rien à faire sortir, elle s'essuya la bouche d'un geste machinal, l'esprit confus. Emmet se baissa pour ramasser la sphère qui continuait de luire dans l'herbe.

De l'herbe ?

Lorey se redressa et écarquilla les yeux en regardant tout autour d'elle. Ils se trouvaient dans une immense prairie, sur le haut d'une petite colline à la pente douce et il faisait jour. Où était passée la plage ? Où était son amie ?

— Qu'est-ce que... réussit-elle à dire en se relevant maladroitement.

Elle se mit debout et vacilla un instant en contemplant les alentours, hébétée.

Ils étaient en haut d'une petite colline nue de tout arbre. En contre bas, de grands monuments de pierre se dressaient fièrement hors du sol. Des formes circulaires de roche sombre parfaitement ciselée, habillée de stries d'un bleu intense les parcourraient comme des fissures.

Un cri inarticulé traversa les lèvres de Lorey. Certains étaient brisés, d'autres ébréchés, aucun n'avait souffert. De la végétation et des arbres avaient poussé sur certains. C'était comme s'il avait été posé là, dans une logique qu'elle ne saisit pas. La base d'une bonne partie de ces monuments de pierre était ensevelie sous terre. D'autres semblaient en équilibre précaire, dangereusement près du sol, prêt à s'effondrer. Pourtant, il n'en fut rien.

Lorey en eut le souffle coupé.

— Où, où est-ce que je suis ? réussit-elle à demander en essayant d'intégrer le paysage.

— Mon monde.

— Quoi ? s'exclama d'elle en se tournant vers lui.

Toutefois, quelque chose d'autre attira son attention. Elle leva le visage vers le ciel et sentit son cœur rater un battement. Le manque lui fût douloureux.

Derrière Emmet, un astre énorme prenait la place de l'horizon. Anormalement proche d'eux, Lorey eut l'impression qu'il était sur le point de s'écraser. Sa forme était parfaitement ronde, mais sa couleur rouge sombre presque noir recouvrait toute sa surface.

Elle discernait des cratères formant des cercles parfaits et striés de rouge qui s'illuminait par intermittence régulière, comme un lent battement de cœur, comme une symphonie éternelle.

Elle recula de plusieurs pas sous la lourdeur de cette vision cauchemardesque. Ses jambes flageolantes ne purent la porter plus longtemps et elle s'affala les fesses à terre, ses yeux accrochés à l'astre monstrueux qui les surplombait dangereusement.

La chair remonta sur toute la surface de son corps. La panique l'envahissait, son cœur palpitait avec discordance, elle n'arrivait plus à faire le point.

Le visage inquiet d'Emmet apparue dans son champ de vision.

— Arrête de la regarder, concentre-toi sur moi et respire à fond.

Tatouage de Sang - Malédiction. Tome 1On viuen les histories. Descobreix ara