Tatouage de Sang - Malédiction. Tome 1

9.2 r

— Mais tu n'as même pas mangé la moitié de ce que tu avales d'habitude, répondit Jean, étonné. Qu'est-ce qu'on va faire de tout ça ?

— J'ai des choses à faire, je me rattraperai la prochaine fois.

Et sans autre cérémonie, il se dirigea vers la sortie. Lorey sentit un énorme poids la quitter à la pensée qu'il allait disparaître de sa vue. Elle ne put contenir cette fois, son désir de croiser son regard lorsqu'il passa la porte d'entrée.

Elle put discerner dans ses yeux sombres, une lueur qui la fit frémir, cette même lueur qu'elle avait déjà vue. Un long frisson lui parcourut l'échine lorsqu'il ferma la porte derrière lui.

Le silence se fit à nouveau, mais au bout d'une longue minute, Sandra n'y pouvant plus se tourna vers elle, pleine d'énergie et les yeux pétillant.

— Bon alors, tu vas enfin me dire ce qu'il s'est passé l'autre jour entre vous ?

Lorey en sursauta, abasourdie. Et elle sentit le rouge commencer à lui monter aux joues.

— Quoi ?

Les paupières de Sandra s'étrécirent et un sourire en coin se dessina sur ses lèvres.

— Allez, tu vas pas me la faire à moi, je sens quand il se passe un truc.

Et son sourire se fit plus grand. Étonné, tout le monde se tourna vers Lorey.

— N'importe quoi. Je déteste ce mec. Il est juste pas normal.

Les mots s'échappèrent malgré elle. Elle fronça les sourcils à l'adresse de son amie. Elle détestait quand Sandra ne pouvait se retenir de poser des questions idiotes devant tout le monde. Pourquoi Lorey devait se justifier ? Devait-elle parler de ce qu'elle avait vu ?

Ils la prendraient tous sans doute pour une folle. Avait-elle seulement bien vu ce qu'elle croyait avoir vu ? Il faisait tout de même assez sombre dans ce couloir. L'effet rougeoyant des yeux d'Emmet lui revint à l'esprit, éclairé de l'intérieur, même au centre de la nuit la plus noire, elle aurait pu le voir.

Et ces marques sur sa peau... Elle frémit à ce souvenir, si elle écartait la peur qu'elle avait ressentie, elle aurait même pu trouver ces tatouages somptueux. Non, elle n'était pas folle, elle n'avait rien fantasmé, même ses lèvres affamées sur les siennes ne pouvaient pas la duper. Elle ne savait plus si tout cela était un rêve ou un cauchemar.

— Tu dis ça, mais tu peux m'expliquer pourquoi tu rougis dans ce cas?

Lorey en resta bouche bée par tant d'impertinences. Comment osait-elle dire cela, d'autant plus devant tout le monde ? Elle aperçut son père du coin de l'oeil se dandiner de gêne sur sa chaise.

— Si tu veux pas que je raccourcisse tes vacances parmi nous, tu ferais mieux de garder tes drôles d'idées pour toi. Maintenant, fiche-moi la paix avec ce mec et étouffe-toi avec ta pizza.

Son ton avait été assez sec pour que Sandra n'y répondît rien, mais elle garda son petit sourire un petit moment. Personne n'osa relever ce qu'il venait de se passer et Lorey évita soigneusement de lancer de sujet.

La soirée déjà bien avancée se termina assez rapidement, au plus grand soulagement de Lorey, dans une ambiance malgré tout bon enfant. Lorey aida à débarrasser et son père ramena Sandra à son hôtel. Ça s'était plutôt bien passé, pensa Lorey en remontant dans sa chambre, l'esprit un peu moins accablé.

Accoudée à la rambarde de son balcon, elle se sentait plus légère face à la situation. Il y avait encore beaucoup de zones d'ombres sur le sujet Emmet. Avait-elle seulement envie d'en savoir plus ?