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Des doigts acérés s'enfoncèrent dans sa chair, lui arrachant un cri d'horreur et de douleur. L'air frais courrait sur ses cuisses nues, son intimité dévoilée. Elle hoquetait sous la menace. Son corps sans force allongé sur le bitume gelé et dur se tendait à l'agonie. Le poids de l'homme au-dessus d'elle était comme un signal d'alarme. L'odeur était viciée, comme la mort qui l'attendait. Des rires résonnèrent à ses oreilles, tonitruants et moqueurs.

Elle fut arrachée de son sommeil par des secousses assez violentes. Elle ouvrit la bouche tandis que ses poumons se trouvaient en apnée. Ses yeux se révulsèrent dans les souvenirs puis revinrent faire face à la réalité.

Elle fit alors le point sur le visage de son amie au-dessus d'elle, les traits tirés par l'inquiétude. Sa bouche pleine se tordait dans un pli d'angoisse. La chaleur et la douceur de sa peau sur ses épaules l'a ramenèrent alors au présent.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? Putain, tu hurlais à la mort...

Lorey ferma la bouche et respira à nouveau. Sandra disparut de son champ de vision. Elle prit le temps de remettre ses esprits en place, que sa respiration et les battements de son coeur reviennent à la normale.

La chambre était baignée dans une douce pénombre, le ciel était grisâtre, trop de nuages encombraient la beauté qui aurait pu en naître, mais le soleil ne tarderait pas à le percer de sa lumière et mettre fin à son supplice.

— Désolé.

Ses cheveux humides de sueur retombèrent devant son visage. Elle se frotta le front pour les écarter et s'essuyer. Elle frissonna de froid, tandis que son corps était revenu à lui.

— Ça va mieux ?

— Je survivrai.

Son amie souffla.

— Tu m'as fait super peur, j'arrivais pas à te réveiller, et tu m'as donné des coups. Regarde ma joue.

Lorey se tourna vers elle. En effet, sa joue portait une légère trace rouge, bénigne et qui s'effacerait dans peu de temps.

— Je suis désolé, répéta Lorey en fuyant son regard.

Un instant de silence passa, plein d'embarras.

— Tu fais des cauchemars depuis l'agression ?

Sandra se positionna en tailleur et se frotta les yeux.

— C'est la deuxième fois, oui.

Lorey n'avait pas pensé à ce détail lorsqu'elle avait proposé à son amie de partager son lit. Elle ne le regrettait pas vraiment, la savoir juste à côté était un peu rassurant. Les brumes de son cauchemar s'estompèrent doucement.

— Je voulais pas te réveiller. Tu peux essayer de te rendormir, ça va aller maintenant.

Sandra ne bougea pas.

— Tu veux pas en parler ? À moi ou à quelqu'un d'autre. Ce que tu as vécu c'est un traumatisme et je pense pas que ce soit sage de te laisser comme ça, surtout si tu fais des cauchemars.

Lorey garda les yeux dans le vague. En parler, pour dire quoi ? Qu'elle avait fait sa conne en toute conscience de cause ? Qu'elle s'était mise en danger en sachant ce qui pourrait arriver, juste parce qu'elle avait été envahie par des émotions qu'elle n'avait pas su maîtriser ?

Non, elle avait trop honte pour en parler. Une boule se forma dans sa gorge. Ce n'était pas elle tout ça. Elle n'agissait pas sur un coup de tête habituellement. Toute cette situation n'avait rien de logique.

— Non, ça va aller, t'inquiètes, murmura-t-elle en se rallongeant lourdement. Ça va passer. Essayons de grappiller le peu de nuit que nous pouvons. Le soleil va pas tarder à se lever.

Sandra hocha la tête, la mine songeuse et se rallongea face à elle.

— Tout à l'heure on sort et je t'interdis de refuser. T'as besoin de bouger. De voir autre chose que ces murs. Ne t'enferme pas à l'intérieur, ça te protégera pas de toi même.

Ces mots résonnèrent dans sa tête un long moment alors qu'elle fermait les yeux. Elle ne put la contredire.

Peu de temps plus tard, ce qui lui sembla le temps d'une respiration, elle fut une nouvelle fois secouée dans son sommeil noir. Elle ouvrit les yeux et découvrit Sandra, les joues rosies et déjà apprêtées.

— Aller lève toi, feignasse. Ça fait une heure que j'essaie de te réveiller. Bouge !

Lorey bailla à s'en décrocher la mâchoire et découvrit de la bave encore collante au coin de ses lèvres. Elle s'essuya avec son drap d'un geste nonchalant. Sandra se recula avec une grimace.

— Et va vite te laver les dents.

Sur ces mots, son amie se redressa et s'éclipsa à la vitesse de la lumière hors de sa chambre. Elle était bien pressée dès le matin.

Lorey s'étira de tout son long et se leva d'un coup sec en maugréant. Elle était en vacances bon sang ! Ne pouvait-elle pas profiter un peu ? Elle tourna la tête vers l'extérieur. En effet, le soleil était déjà haut. La matinée était déjà bien entamée. Elle leva les yeux au ciel pour elle même.

Elle se doucha, se brossa les dents comme son amie lui avait si gentiment conseillé et s'habilla a la hâte.

Lorsqu'elle passa un haut sur ses épaules, elle remarqua une trace sur son bras. Elle regarda de plus près et toucha du bout du doigt. C'était légèrement douloureux et un peu rouge. Emmet n'y était pas allé de main morte hier soir.

Elle fit la grimace en repensant à la scène et elle la trouvait maintenant surréaliste. Pourtant, ça s'était bien passé. Emmet, qui lui avait sauvé la vie, avait laissé une trace de son passage sur elle. Elle n'arrivait pas à comprendre ce type. Il était trop étrange et des choses à son sujet l'étaient d'autant plus qu'elle n'arrêtait pas de faire des fixettes dessus.

Il ne devait plus jamais la toucher. Elle enfila quelque chose de léger à manche longue afin de cacher cette trace. Elle ne voulait plus qu'on lui pose des questions. C'était elle qui voulait en poser, mais elle avait trop peur de la confrontation.

Tatouage de Sang - Malédiction. Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant