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— Bon, c'est fini oui ? Je vais très bien. Je suis pas une pauvre fille en détresse ! s'énerva-t-elle en leur adressant un regard sans sous-entendu. On peut parler d'autre chose s'il vous plaît ?

Elle était déjà à bout de nerfs à savoir Emmet dans la même pièce qu'elle et à présent elle pouvait sentir son lourd regard. Elle déglutit difficilement. Et le silence se fit dans la cuisine. Elle venait de jeter un froid.

— Bon, il se fait tard. Et je dois chercher un hôtel où loger. Alors je vais vous laisser.

Son père regarda à travers la fenêtre. La nuit était tombée.

— En sachant ce qu'il s'est passé dernièrement, je vais pas laisser une jeune fille se promener seule dans les rues de la ville. Non, tu vas dormir ici.

— Je sais me battre vous inquiétez pas.

— Je peux lui laisser ma chambre, je dormirai sur le canapé, offrit Jo avec un oeil brillant.

Sans doute que savoir qu'une fille dormirait dans son lit, même sans lui, l'émoustillait. Lorey pouffa malgré elle.

— Nan Jo. Tu peux garder ta chambre crasseuse pour toi. Elle dormira avec moi, c'est mon amie et c'est moi qu'elle est venue voir. Arrête de rêver.

Jo fit une moue décontenancée.

— Je sais me défendre je vous dis !

Lorey posa une main sur le bras de Sandra.

— C'est non. Tu restes ici. Tu es venu de loin. Tu vas pas rester dehors en pleine nuit.

— Alors c'est réglé ! T'inquiètes pas, on n'est pas des frustes on sait se tenir. N'est-ce pas Jo ? s'exclama son père en se tournant vers l'intéressé avec un regard appuyé.

Peut-être insinuait-il de ne pas se lever au petit matin à moitié nu, comme Lorey avait pu le surprendre l'autre nuit, où il l'avait insulté sans rien savoir.

Jo opina sans mot dire et fit un sourire rayonnant à Sandra, qui lui sourit a son tour. Son amie semblait réceptive à son charme.

Pour respirer un air frais, Lorey se dévoua pour jeter les cartons de pizza usagés dans le bac extérieur. Elle s'empressa de se lever, les mains encombrées pour passer la porte d'entrée, mais s'aperçut bien vite que ses mains ne l'aideraient pas à l'ouvrir.

Elle souffla de frustration. Par magie devant elle, la porte s'ouvrit, elle tourna la tête sur le côté et vu le profil d'Emmet, un sourire satisfait aux lèvres. Lorey s'offusqua et passa devant lui en silence.

— De rien, murmura-t-il, amusé.

Elle leva les yeux au ciel tandis qu'elle se dirigeait vers les poubelles et jeta rageusement les cartons à l'intérieur. Lorsqu'elle se retourna pour rentrer, elle fut surprise de constater qu'Emmet lui barrait le passage de manière consciente, trop proche d'elle. Il la contemplait d'une manière étrange, insondable.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Il faisait trop sombre dans le jardin pour y voir assez clair, mis à part un lampadaire qui grésillait un peu plus loin. Toutefois, elle put nettement voir les lèvres fines d'Emmet se pincer dans la pénombre.

L'air chaud qui les frôla fit danser une mèche de cheveux devant ses yeux et la lueur de la lune leur offrit une nouvelle teinte, captivante, presque irréelle.

— J'essaie d'être sympa avec toi. Pourquoi tu réagis comme si tout le monde était ton ennemi?

Elle sortit de sa contemplation. C'était quoi ce retournement de situation ? Au premier abord, il se comporte comme si elle l'avait frappé et puis maintenant il veut faire copain-copain ?

— Mais n'importe quoi. C'est toi qui me rends dans cet état ! s'emporta-t-elle sans réfléchir en secouant la tête.

Elle ne voulait pas dire ça ! Elle n'aurait pas dû dire ça ! Elle s'immobilisa en plongeant ses yeux dans les siens, la respiration coupée. Elle se sentait ridicule d'agir comme ça.

Les expressions d'Emmet passèrent par une multitude de facettes. D'abord étonné, puis ravie pour ensuite passer à anxieux et enfin, impassible. Il ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose, mais rien n'en sortit.

La colère faisait rage dans son estomac. Lorey détourna les yeux et fit un mouvement pour le contourner et reprendre le chemin de la maison. Elle ne souhaitait pas avoir cette discussion avec lui. Elle ne savait plus que faire.

Dans le même mouvement, Emmet lui attrapa le bras et la retint un peu trop fermement. Son contact sur sa peau était brûlant, sa température était définitivement plus élevée que la normale, maintenant elle en était sûre.

Elle eut soudain l'impression d'avoir déjà vécu ce moment. Elle l'interrogea d'un regard noir, les lèvres pincées, les muscles tendus et l'esprit en alerte. Elle ne voulait pas qu'il la touche. Il avait déjà bien assez profité d'elle quelques jours plus tôt.

Toutefois, l'expression d'Emmet changea subitement. Son regard transcendant la glaça sur place. Elle se figea tandis qu'il approchait son visage un peu trop près du sien, si bien, qu'elle pouvait sentir son souffle sur son visage et discerner les muscles qui lui faisaient froncer les sourcils.

Sa prise sur son bras se fit plus vigoureuse, une petite douleur l'irradia, mais elle n'arrivait plus à détacher son regard du sien, soudainement apeurée. Il respirait fort, comme pour contenir sa colère.

— Lorey, peut-être vaut-il mieux pour toi, de rentrer. De rentrer vraiment chez toi. Tu le dois, si tu veux vivre.

Sa voix n'était qu'un chuchotement grondant entre ses dents. Ses yeux noirs à la lueur étrange restèrent scindés aux siens de longues secondes.

Un frisson électrisa à nouveau ses membres. Une peur viscérale la fit trembler et malgré la main brûlante qui enserrait son bras et la température extérieure plutôt douce, elle ressentit un froid qui lui traversa tout le corps.

Il la terrifiait. Ses pensées se bousculèrent dans sa tête, elle ne comprenait pas du tout où il voulait en venir. En cet instant, c'était lui le danger.

Emmet ferma alors les yeux en faisant une grimace de douleur.

— Va-t'en, rentre chez toi, murmura-t-il en grinçant des dents, les paupières toujours closes.

Lorey n'avait qu'une envie, faire ce qu'il avait demandé et le laisser planter là. Elle essaya de dégager son bras, mais Emmet la tenait toujours fermement. De manière plus violente, elle secoua son bras.

— Tu me fais mal!

Et il la lâcha si soudainement que dans le même mouvement, elle fit trois pas en arrière avec surprise, sans le quitter des yeux.

— Tu es complètement dingue...

Tatouage de Sang - Malédiction. Tome 1Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang