Le Coeur de Charlie - Tome 2

Chapitre 1 : Une valse pour des maux

Chapitre 1 

Une valse pour des maux

On dit que le phénix renaît de ses cendres, conquérant ses démons et s'élevant haut avec une force renouvelée. Mais que se passe-t-il si, pour certains d'entre nous, les cendres ne disparaissent jamais vraiment ? Et si les flammes de nos luttes brûlent trop intensément pour être éteintes ? La méta- phore du phénix semble être un fantasme lointain, destiné aux autres, mais pas à tous.

[IL Y A UN AN ET DEMI – OCTOBRE]

Le mois d'octobre tire doucement à sa fin, laissant place à un froid glacial qui s'est emparé de tout. Le soleil a déjà disparu derrière l'horizon, laissant le ciel s'assombrir progressivement. C'est dans cette atmosphère enveloppante de l'automne que le groupe d'amis, empli de curiosité et d'excitation, décide de s'aventurer dans le mystérieux village d'Halloween d'Edgartown.

— Regardez, lance Simon en pointant du doigt un panneau en bois agrémenté de faux sang où est inscrit : « Labyrinthe de maïs : à vos risques et périls ». C'est plus mon genre d'attraction, sourit-il en se dirigeant vers l'entrée.

Le petit groupe le suit, excité à l'idée de pénétrer dans le laby- rinthe. Après avoir payé leur entrée, la bande de jeunes se réunit.

— Bon, je propose que nous nous séparions tous, intervient Milo en observant ses amis.

— Le dernier arrivé paye sa tournée vendredi prochain à L'Équateur et devra chanter du Britney Spears seul sur scène ! s'exclame Nate en courant en direction d'un long couloir du labyrinthe.

Le reste du groupe se regarde, amusé, puis ils se séparent tous en prenant des directions différentes. Hazel court en ricanant, excitée à l'idée d'arriver en premier.

La nuit est tombée, laissant place au clair de lune et aux quelques spots lumineux qui éclairent le vaste labyrinthe. Les rires des enfants provenant des attractions voisines résonnent, créant une atmosphère légère et chaleureuse dans le village.

Hazel arbore un large sourire en voyant toutes les personnes déguisées qui hantent les couloirs bordés de maïs, comme si c'était la chose la plus normale au monde. Il y a des couples avec de jeunes enfants, courant après leurs petits, le visage marqué par la panique. Il y a des collégiens qui essaient de faire bonne figure devant leurs amis, mais qui se demandent secrètement s'ils sortiront un jour de ce dédale. Il y a aussi des personnes un peu plus âgées qui marchent tranquillement en discutant, comme si elles savaient exactement où aller. Et puis il y a des jeunes de leur âge qui rient à gorge déployée, profi- tant peut-être de leur dernier Halloween à Edgartown avant de partir à l'université.

À cette pensée, Hazel soupire et son sourire s'estompe. Rien ne sera plus pareil l'année prochaine. Elle s'envolera pour New York pour entamer des études en journalisme. Tous ces souvenirs, tous ces moments passés avec ses amis, avec lui, ne seront que des vestiges du passé. Elle n'aura plus l'occasion de retrouver ses amis le vendredi soir à L'Équateur. Elle ne pourra plus s'éclipser en secret les soirs d'été pour faire un bain de minuit avec eux. Et elle n'aura plus l'occasion de tenir sa main.

— Bouh ! murmure soudainement une voix masculine à son oreille.

Hazel se retourne, sachant déjà qu'il s'agit de Charlie. Il se tient devant elle et s'esclaffe. Ses cheveux bruns sont ébouriffés, mais cela lui va bien, contrairement à n'importe qui d'autre. Son maquillage de squelette est toujours impeccable, mettant en valeur ses iris verts qu'elle affectionne tant.