23 - Un pacte dangereux

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***

Quelques minutes avant...

- Non, lui et moi on est sur le même bateau.

Le veilleur se tenait en face de Marcel. Ses yeux, du moins ceux qui le regardaient avaient quelque chose de flippant. Il a rencontré, la MORT, une Faucheuse et des Ombres, mais jusqu'ici aucun d'entre eux n'avait eu sur lui cet effet là. Il regrette de n'avoir pas prit au sérieux les dires de Matilde.

Marcel réfléchissait vite. D'habitude, il trouve toujours une solution à ses problèmes. Mais là, maintenant. Il avait peur. Et la peur l'avait contaminé. Si bien qu'il avait du mal à imaginer un plan en béton.

- Il n'y a pas d'autres solutions ?

- J'en ai bien peur, répondit le veilleur.

- D'accord et si..

***

- Matilde, tu ne comprends pas.

- Dégage, dit-elle avec méchanceté.

Sans dire un mot, Marcel s'en alla. Il était perdu. La paranoïa de Matilde vient de gâcher son plan d'une façon qu'il ne s'y attendait pas. En quittant le château, il alla s'asseoir sur l'herbe violette. Il tournait dos au soleil. Il préférait nettement l'épisode du faucheur. Pourquoi avait-il accepté d'aider Solomon ? Ah oui, pour retrouver l'âme de Cindy Saint-Cyr. Et s'il avait refusé ? Il aurait du refuser. Et peut-être que le vieillard l'aurait aidé après tout c'était lui le patron. Quoique la Faucheuse avait affirmé que lui aussi avait un patron.

Marcel pensa à son parcours. Le soir de son accident. Il avait perdu conscience et s'était réveillé le lendemain matin dans le couloir d'un hôpital. Il était plongé dans un coma lui et son jeune frère. Il pensa à Jacob, il doit être réveillé à l'heure qu'il est. Il va lui en vouloir. Il le sait, mais il ne regrette pas son geste. Et si c'était à refaire... ? il hésita et décida de ne pas répondre. Et s'il n'avait pas agi ainsi ? Il se serait réveillé et continuerait la liste. Mais comment ? Comment continuer à vivre tout en sachant qu'on a abandonné son petit frère. Celui sur lequel on était censé veiller.

« je peux livrer John, je viens de le rencontrer, en plus il ne me facilite pas la tâche. »

- Toi !

Marcel se retourna et mit sa main en visière pour se protéger contre la lumière rouge du soleil. La silhouette se tenait exprès entre lui et la lumière écarlate. Lorsqu'il avança vers Marcel, il fut surpris de voir le visage de Paul. Oui, le petit Paul, son ami d'enfance.

- Paul ? s'étonna-t-il.

- Marco, répondit l'autre. Bizarre, tu pratiquais quel Art?

- Comment ça ?

- Tu n'as pas remarqué, ici on est tous des " artistes "

-    Mais non, je viens de rencontrer Hitler et Machiavel !

-    Tout porte à croire que tuer est un Art.

Il sourit en coin. Et l'espace d'un instant, Marcel retrouva l'innocence de son ami d'enfance.

-    Tu es mort ? balbutia-t-il.

-    C'est pas si mal que ça, je suis là en compagnie de ces génies et toi t'es là. Je te l'avais dit on sera potes pour l'éternité.

Marcel secoua la tête.

-    Je ne suis pas mort Paul, je suis là pour récupérer un esprit.

-    Ah oui! Et pourquoi ? T'es quoi une sorte de Taxi spirituel ?

-    Laisse, j'ai échoué, je ne peux plus quitter ce lieu.

Paul plissa les lèvres.

-    C'est pas comme si c'était si grave que ça, hein ?

-    Si, c'est grave, Paul, je suis en coma, je ne suis pas d'ici, je dois m'en aller.

Marcel se leva et fit quelques pas sur l'herbe violette.

-    Reste avec moi.

Lorsqu'il se retourna, Paul était devenu l'enfant de 6 ans qu'il a connu. Il faillit compatir, mais décidé, il répéta comme pour lui-même.

-    Je dois m'en aller.

Dans le château, il retourna voir Matilde. En arrivant à sa hauteur, la jeune mère le dévisagea du regard. Il tendit le cliché vers elle et lui fit savoir que le seul moyen de quitter ce lieu est de réciter la prière à l'arrière de la photo. Hésitante, Matilde attrapa le cliché et visionna la mention.

-   Et toi ? demanda-t-elle, horrifiée.

Marcel ne répondit pas et s'en alla. Elle quitta le château et alla chercher John. Elle mit moins d'une demi-heure pour le retrouver. Elle lui expliqua les dires de Marcel. John un peu désemparé, finit par accepter. Ensemble, ils se dirigèrent vers l'endroit où John s'était réveillé, il y a... le temps ici, c'est le délire, et il pèse bien ses mots.

En arrivant à l'endroit indiqué. Il fit signe à Matilde qui acquiesça. Ensuite il s'entreprit de réciter la prière, non sans bégayer. Lorsqu'enfin, il finit, un portail s'ouvrit devant eux. Ils eurent un regard complice.

***

- Et si quoi ?

Marcel réfléchit longuement avant de formuler :

- Et si c'est moi qui reste ?

- C'est à toi de voir, visiteur.

- Mais avant je dois les parler.

Le veilleur acquiesça de la tête. Loin de lui l'idée que Marcel puisse l'entuber. Après tout il est le veilleur. Qui oserait le devancer. En plus il ne croit pas l'être humain aussi futé pour tenter quoique ce soit. Marcel avait trop peur.

Marcel était retourné dans la chambre de Matilde pour récupérer la photo. Il lut la prière, et essaya de se chronométrer mentalement. Puis il compte sur le bon Dieu pour que ça marche. C'est étrange, il n'a jamais cru en un Dieu. Parfois, les circonstances l'obligent.

***

Ils faisaient face au portail. C'était normal ? Bah oui, la prière, le portail, tout devenait clair dans la tête de John. « Marcel est un génie » pensa-t-il. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentit aussi joyeux, il allait retourner dans son monde. Il allait enfin retrouver sa princesse et sa femme. Une voix venait de les faire sursauter.

- Allez, ne restez pas plantés là !

Lorsqu'ils se retournèrent. Marcel courait dans leur direction. Il courait à perdre haleine.


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