Chapitre 1 : Découverte.

Start from the beginning
                                    

— J'en serais véritablement honoré, Madame Dubois.

La gouvernante du château hocha la tête avant de poursuivre :

— Je sais que vous n'avez connu qu'une petite maison et que ce château peut sembler impressionnant, mais j'ai entendu beaucoup de bien de vous. Après m'être renseigné, je suis persuadée que vous êtes la personne qu'il faut pour cette famille et ses employés.

Henriette observa la confusion gagner les yeux de la jeune femme alors qu'elle hochait légèrement la tête.

— Veuillez excuser ma confusion, mais cela signifie t-il que j'ai le poste ? Il ne s'agit pas d'un entretien ?

— Absolument pas. Vous avez le poste si vous le souhaitez, comme je le disais dans ma lettre.

— Vous n'avez pas besoin de références ou quoi que ce soit d'autre ? Pardonnez mon audace, mais comment pouvez-vous être sûre que je suis la personne qu'il faut ?

La vieille femme ne put s'empêcher de sourire, appréciant véritablement l'attitude de Mademoiselle Leclaircie et se réjouissant d'avoir correctement imaginé la personne qu'elle était.

— Ecoutez..., Madame Dubois se leva de sa chaise, se dirigeant lentement vers la fenêtre. Elle souleva délicatement le rideau, laissant la lumière éclatante envahir le bureau sombre. J'ai entendu parler de vous par Lady Jenkins elle-même.

— Vous connaissez Lady Jenkins ? s'étonna Mademoiselle Leclaircie.

— Si je la connais... Quelle femme, celle-là. Son mari et elle se considèrent comme 'Lord' et 'Lady', mais après près de 55 ans à servir un Duc et une Duchesse, je sais reconnaître des personnes titrées, et ils ne le sont pas.

Henriette ne perçut pas la grimace de la jeune femme, même si évoquer ses employeurs de cette manière devait sûrement la faire grincer des dents. Une vieille habitude de loyauté.

La vieille gouvernante plissa les yeux en apercevant Emile Picard, le chef d'écurie, et Lucien Rolland, l'un des cochers, passer devant sa fenêtre en riant.

— Je la croise de temps en temps au marché – et une Lady n'irait jamais au marché pour commencer – mais ce n'est pas le sujet, s'amusa légèrement Henriette avant de se tourner de nouveau vers la jeune femme. Mais elle a très souvent vanté vos mérites, et je dois bien avouer que Lady Jenkins est enviée pour les bons employés qu'elle a toujours recrutés, elle et Lord Jenkins bien sûr. J'aurais d'ailleurs bien envoyé une lettre aux autres employés du manoir si nous avions de la place pour eux. Mais je me vois mal renvoyer une partie de l'office pour les recruter, même si l'envie me démange.

Henriette observa avec attention le visage de Mademoiselle Leclaircie, qui se teintait de compréhension à mesure qu'elle développait ses propos :

— Je me dois d'avouer que la promptitude avec laquelle vous avez quitté leur service dès la réception de ma lettre, après quinze années dévouées, m'a quelque peu surprise.

— Oh. Disons que Lord et Lady Jenkins doivent regagner l'Amérique aujourd'hui.

— Et ils ne vous emmène pas avec eux ? s'étonna Henriette, les sourcils légèrement arqués.

— Je crains qu'ils n'aient déjà suffisamment d'employés là où ils se rendent.

— Ne seraient ils pas plutôt confrontés à des difficultés financières ? plaisanta Henriette avec une pointe de mépris.

— Je ne le pense pas.

La gouvernante en chef hocha la tête, légèrement impressionnée.

— Votre dévouement est admirable et me réconforte.

En contournant le bureau, Henriette se positionna face à Mademoiselle Leclaircie, qui dû la regarder d'en bas, assise sur sa chaise.

— J'ai seulement deux interrogations à vous soumettre.

À cette annonce, elle remarqua les mains jointes de la jeune femme se serrant l'une contre l'autre.

— Disposez vous de connaissances relatives à la hiérarchie au sein des grandes maisons et aux diverses fonctions qui les composent ? Vous acquerrez bien entendu des connaissances au fil de votre expérience, mais il est essentiel d'avoir des bases.

— Oui, Madame Dubois. Je suis familière avec ces concepts.

— Et avez-vous des connaissances approfondies concernant le château de Chantilly, son histoire, mais également la famille qui l'occupe, ainsi que les normes sociales en vigueur, notamment les titres de noblesse ?

— Oui, Madame. Je suis informée sur ces sujets.

Henriette fronça les sourcils, encore une fois impressionnée.

— Pardonnez ma curiosité, mais avez-vous bénéficié d'une éducation ?

— J'en ai eu la chance, Madame, répondit Mademoiselle Leclaircie avec une nuance de gêne perceptible. En effet, être instruit n'était pas monnaie courante et souvent indicatif d'un passé ou d'une enfance différents. Mais surtout, comment en était elle arrivée à occuper un poste de domestique si elle avait pu être instruite ?

— Fort bien, répliqua simplement Henriette. Ces détails ne la concernaient pas outre mesure, et elle n'y prêtait guère attention. L'essentiel était de s'assurer que la jeune femme était apte à ses nouvelles fonctions, et cette certitude était désormais acquise. Je vous remercie, Mademoiselle Leclaircie.

Henriette tendit sa main vers celle de la jeune femme, qui se leva pour la saisir avec un sourire.

— Vous reviendrez demain avec vos bagages, comme convenu, et je vous présenterai au Duc et à la Duchesse de Chantilly, qui se chargeront eux-mêmes de vous introduire au sein du personnel.

— Avez-vous déjà annoncé votre départ et ma venue à Leurs Grâces ?

— Non.

Un léger rictus se dessina sur le visage de Julia Leclaircie, et Henriette esquissa un sourire. Oui, cela promettait d'être intéressant.

« Mademoiselle Leclaircie, je vous suis reconnaissante d'avoir accepté notre offre

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

« Mademoiselle Leclaircie, je vous suis reconnaissante d'avoir accepté notre offre. »

Gencraft

Révérences et Révoltes : Amour PartagéWhere stories live. Discover now