CHAPITRE 1

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La main que tu ne peux pas mordre alors embrasse là. 


La noirceur des cheveux de Tadlal assombrissait la couleur du lac d'Amettia encore plus qu'elle ne pouvait déjà l'être. Selon grand-mère Moreyba, la couleur du lac était changeante en fonction de ce qui allait advenir dans un futur proche. Tadlal y songea un instant puis souffla pour chasser ses pensées, si elle s'était rendue au lac c'était pour fuir la cérémonie qui se préparait et non pas pour ruminer là-dessus plus encore.

Un bruit dans les feuillage lui décrocha un sourire en coin, sans se retourner elle dit :

- Sort de ta cachette Arezki, je t'ai entendu et les feuilles t'ont vu.

Son petit frère sortit de son buisson, des brindilles coincées dans sa chevelure dorée, il essaya de s'en défaire mais sans succès.

- Les feuilles ne peuvent pas me voir elles n'ont pas d'œils !

- Tu penses ? Dit-elle en se tournant vers lui. Moi au contraire je pense qu'elles peuvent voir absolument tout, même ce que nous ne voyons pas.

- N'importe quoi. Lui répondit son petit frère en levant les yeux au ciel.

Un silence bien trop lourd s'installa entre eux deux, les yeux bleu nuit d'Arezki fixaient ceux de sa grande sœur avec toute la compassion dont il pouvait faire preuve. Tadlal comprit. Elle fit mine de rien en lui adressant un sourire chaleureux, se leva et dans un silence un peu plus léger, elle prit la main de son frère. Ils prirent ensuite le chemin de leur maison. Les feuilles et le vent avaient décidés de les accompagner une dernière fois afin de pouvoir, eux aussi, faire leurs adieux.

Une fois arriver au foyer, ils furent accueillis par une file de 4 pur-sang arabe d'une beauté flamboyante, Tadlal sentit une boule se créer dans son estomac et arrêta sa marche d'un coup sec. Sa chevelure encore humide lui frappa sa cheville nue et d'un coup elle eut l'impression que les arbres et les rochers lui soufflait de rebrousser chemin et de ne jamais revenir. Arezki sentit sa sœur se diluer dans sa main, il serra un peu plus sa poigne ce qui réveilla Tadlal et ainsi, il l'accompagna à l'intérieur de leur maison. En entrant ils découvrirent leurs frères, leurs parents ainsi qu'un homme d'une prestance hallucinante. Il se retourna et elle comprit par les traits du visage que ce n'était pas lui.

- Tadlal ma fille, approche. Demanda Izem, son père.

Tadlal sentit son petit frère dégager sa main de la sienne, a contre cœur elle s'avança près de son père tout en gardant la tête haute. Le moindre signe d'allégeance conduirait à la colère de Teryel, lui avait dit Moreyba.

- Voici Tadlal, mon unique fille. Comme nous l'avions déjà prévu lors de notre première rencontre. Un mariage, contre une paix !

- Oui Izem, c'est ce que nous avions prévu. Rétorqua l'homme face à lui, surement son père pensa Tadlal.

- Où est l'homme qui doit l'épouser ? demanda Izem d'une voix plus dure cette fois-ci.

- Mon fils a pris un peu de retard, sa jument était sur le point de mettre bas. Il a refusé de prendre la route sans s'assurer que le poulain allait naître dans de bonnes conditions. Il ne va pas tarder.

- Bien alors excusez-nous. Ma fille et moi allons commencer à préparer un repas. Dit Tiziri la mère de Tadlal en attrapant le bras de sa fille.

Elle l'a conduisit dans leur cuisine et ferma la porte puis se tourna vers elle. Tadlal avait la tête baissée uniquement devant sa mère habituellement mais pas cette fois. Elle espérait que sa mère mettrait fin à cet arrangement même si cela devait conduire à une guerre sanglante entre son peuple et celui des Arabes mais hélas non, elles savaient toutes les deux que ce n'était pas possible.

BIENTÔT LA PAIXWhere stories live. Discover now