La Deuxième Congrégation était donc un moyen de nous élever socialement et de quitter notre misère quotidienne.

Nikolaï dût reprendre son service après sa courte pose. Il rattacha son tablier, me tendant ensuite d'autres pages de journal.

— Lis cela et tu en sauras plus. Je ne participerai si tu me demandes de rester avec toi. Mais, prends le temps de te faire ton avis.

Il se leva et me laissa seule, devant mes journaux. Je lus cet après-midi là avec méticulosité toutes les pages, qui me passionnèrent instantanément. Je me pris d'intérêt pour ce que la Formation pourrait nous apporter, rêvant moi aussi un jour de découvrir la temps renommée Capitale d'Akasas. Ce jour-là, je vis moi aussi une chance de nous en sortir. J'étais prête à laisser Nikolaï s'en aller pour pouvoir se retrouver quelques années plus tard. Parce que je ne voyais pas d'autre issue.

Je ne pus terminer de tout lire. Je pris alors la décision de glisser dans mon sac à dos l'une des pages du journal.

Mais, ce soir-là, en rentrant au foyer, Madame Olga fouilla mon sac. Elle en sortit cette fameuse page de journal que j'avais voulu garder secrètement avec moi. Rouge pivoine, j'entrouvris la bouche, bégayant nerveusement de pitoyables excuses.

Madame Olga m'empoigna par mon teeshirt et le déchira brutalement, me laissant à moitié nues, mes mains sur ma brassière. Il attrapa un martinet, prête à me battre. C'est alors que Nikolaï hurla pour s'interposer. Il persuada Madame Olga que c'était lui qui l'avait mis dans mon sac, comme il voulait intégrer la Formation. Il lui demanda de prendre ma place et de recevoir les coups qui m'étaient destinés. Nikolaï ne pouvait pas voir quelqu'un porter la main sur moi. Si un jour, on lui demandait de se tuer pour moi, il le ferait. Nikolaï fut le meilleur grand-frère que j'avais pu imaginer.

Ce soir-là, c'est lui qui se fit battre. Il en a gardé jusqu'à sa mort les cicatrices, tellement la fureur de Madame Olga face à cette découverte l'avait rendue folle. Savoir que l'un des enfants qu'elle avait élevé prévoyait d'intégrer un dispositif créer par le Gouvernement qu'elle haïssait tant la plongea dans une immense rage. Nikolaï paya ce jour-là.

Aujourd'hui encore ses hurlements de douleurs demeurent encore dans mon esprit.

Souvenirs...




***




Le mercredi, nous n'avons ni cours magistral, ni entraînement.

Sinan a insisté pour que je l'accompagne à Onéon. Il semble délibérément décidé à me faire visiter la ville tristement célèbre pour être prénommée la ville du pêcher.

Pour y accéder, nous devons nous rendre à Akasas en train pour emprunter un deuxième à destination d'Onéon. Dans le premier train, je feuillette le journal. A Nelbel, les journaux étaient interdits par le maire. Une mesure extrême qui m'a beaucoup marquée. Les Archers de Nelbel sont pour la plupart extrémistes. Ils détestent le Gouverneur, par qui ils se sentent délaissé, et méprisent les trois autres Ordres. Cela fait des années que le maire réclame l'indépendance au Gouverneur, et forcé de constater son refus, cherche à vivre le plus possible en marge des autre Ordres. C'est donc pour cette raison que les Archers de Nelbel n'utilisent pas de magie, puisque ce serait reconnaître une dépendance face aux Sorciers, et qu'ils refusent tout contact avec l'extérieur notamment par la presse.

Sinan me tire de ma lecture.

— Tu connais quoi d'Onéon ? me demande-t-il.

Je lève les yeux de mon journal, le repliant.

La 3ème Congrégation Where stories live. Discover now