-Sid, j'me sens vraiment pas bien là...

Le modèle lui prit la main et entoura ses épaules de son bras. Ses doigts dans ses cheveux semblaient atténuer sa douleur et il se laissa porter. Sa tête tomba sur son épaule et il inspira doucement. Sidjil jouait avec ses mèches, doucement, presque tendrement, et ses paupières tombèrent enfin. Il lui chuchotait des « ça va aller » tout en massant son crâne et Maxime se sentait partir dans un sommeil lourd mais doux. C'était une de ces rares fois où son sommeil était paisible, non pollué par des cauchemars. Un sommeil sans rêves qui le berçait doucement, prenant avec lui toutes ses douleurs.

Il sentait sa main triturée par celle de Sidjil, et il ouvra doucement les yeux. Il n'avait plus mal au crâne et sa vision était plus claire. Le modèle traçait lentement les lignes de sa main avec son index, s'attardant sur chaque croisement et chatouillant la paume de Maxime. Il lâcha un petit rire tout en interrogeant Sidjil.

-Tu fais quoi ?

-Regarde ta ligne de vie, t'en as pas pour longtemps Max...

-Mais ta gueule, marmonna-t-il.

-Par contre la ligne de cœur... elle est super longue.

-Jure ?

Maxime ramena sa main près de son visage afin de l'examiner. Le modèle continuait de se moquer du plus petit mais ne cessait pas ses caresses dans ses cheveux. Maxime était plus qu'à l'aise, et son cœur faisait vibrer sa poitrine. Il oubliait son angoisse et sa peur, et il se sentait en sécurité, là dans ses bras, à l'abri de tout danger. Il se laissait tenter par tous ses gestes à son attention, le rendant dépendant de tout ce qu'il pouvait lui faire. Les sensations qui le prenait étaient addictives et Maxime ne savait pas s'il pourrait résister longtemps. Puis il se rappela de comment il aimait passer du temps avec Léo à l'époque, et comment l'histoire avait fini. C'était trop dur, trop injuste pour lui de prendre le risque de tout perdre. Il s'était reconstruit, du mieux qu'il le pouvait, en prenant connaissance de ses limites. Mais celles-ci étaient maintenant si lourdes qu'il ne pensait jamais retomber amoureux. Trop de risques. Les conséquences seraient trop importantes, trop dures sur lui. Il se laissait déjà assez abattre par l'alcool et la peur, il n'avait pas besoin d'en rajouter une couche.

-J'ai besoin d'air.

Maxime se leva rapidement du canapé afin de rejoindre la fenêtre et de l'ouvrir. Il inspira un grand coup, fixant ses yeux sur le croissant de lune qui se pointait entre deux nuages. Sidjil le rejoint peu après, une cigarette entre ses lèvres, un briquet dans la main. Il l'observa l'allumer, et se surpris à apprécier la couleur de sa peau sous la lumière de la petite flamme. Il s'imaginait déjà en train de mélanger différentes couleurs de sa palette de peinture pour trouver la teinte parfaite. Puis la pigmentation de ses lèvres, sous l'effet du feu, était si vibrante et saturée qu'il aurait presque voulu s'en rapprocher afin de mieux les étudier.

-Tu veux tirer?

-Pourquoi pas.

-J'te vois fixer ma clope alors...

-C'est pas ta clope que je regarde.

Les lèvres du modèle s'étirèrent grandement. Après y avoir jeté un dernier coup d'œil, Maxime lui prit la cigarette des doigts et la porta à sa bouche. La fumée qu'il expulsa par son nez lui rappela sombrement celle qui prenait tout l'espace dans sa tête actuellement. Il posa son crâne contre le rebord de la fenêtre, tout en tirant à nouveau. Il apprécia la brûlure de sa gorge au passage de la fumée, enivré par l'amertume du goût qu'il avait en bouche. Il recracha son petit nuage vers la lune, puis baissa ses yeux vers le modèle. Ce dernier le contemplait avec une tendresse infinie, et Maxime tentait de maintenir son regard dans le sien sans ciller.

Muse (Maxime&Djilsi)Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum