Chapitre 45 - Confessions tardives

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— Commissaire ! repris-je, pourriez-vous me donner l'autorisation de récupérer cette pièce à conviction ? Je crois qu'elle est rangée dans les scellés des affaires classées sous le numéro 8. En fait, j'avais totalement oubliée de la rendre à sa propriétaire.

— Je vais y aller moi-même, répondit Renouf, et nous allons nous rendre tous les deux chez les Malandain. C'est la moindre des choses.

Une fois la clef récupérée aux archives, le commissaire m'emmena à Beaumanoir dans sa voiture.

En arrivant là-bas, nous vîmes la bâtisse dont l'aile nord était partiellement recouverte d'une bâche, afin de protéger des intempéries les morceaux de charpente calcinés et l'intérieur du grenier, ou plutôt ce qu'il en restait, ainsi que les pièces en dessous.

Louise Malandain nous accueillit, accompagnée d'André.

— Nous vous prions de nous excuser, mais la maison sent encore le bois brulé, et nous en avons pour des semaines à nous débarrasser de l'odeur. Alors, nous allons nous installer dans le salon. Nous y serons mieux.

— Dans notre malheur, reprit-elle, nous avons eu de la chance, le manoir aurait pu brûler intégralement, mais ce sont seulement, le grenier de l'aile nord au-dessus du bureau et d'une chambre d'amis qui ont été touchés. Mais le bureau, qui était à côté, a été endommagé par la suie, le dégagement de chaleur et par l'effondrement du plafond. Mais heureusement, nous avons pu sauver les livres. Avec l'aide de Daniel, nous avons pu obtenir du conservateur de la bibliothèque de Rouen leur prise en charge rapide pour leur nettoyage et une éventuelle restauration. Cela sera fait la semaine prochaine. Et c'est en les déménageant avec André pour les mettre à l'abri que j'ai trouvé cette boîte, qui était cachée parmi eux.

Une fois que nous fûmes installés dans le salon, la maîtresse de maison alla voir Honorine dans la cuisine pour lui demander de préparer du thé et du café.

Celle-ci revint, portant le plateau. Elle esquissa un geste pour repartir, mais Louise lui fit signe de rester. Elle s'assit donc dignement sur une chaise.

Le commissaire sortit alors la fameuse clef de son sachet. La boîte était posée sur la table basse, quasiment intacte, et une odeur de bois brûlé en émanait encore. C'était une jolie boîte en bois, délicatement ouvragée, et fermée par une serrure.

Louise Malandain prit la clef que le commissaire lui tendait et ouvrit la boîte. Divers papiers s'y trouvaient, ainsi qu'une enveloppe, sur laquelle étaient inscrits les mots "à ouvrir après mon décès".

Elle frémit en lisant ces mots. Elle avait reconnu l'écriture de son mari.

— Monsieur le commissaire, dit-elle je ne me sens pas le courage de l'ouvrir. Auriez-vous la gentillesse d'en lire le contenu à voix haute ?

Renouf ouvrit l'enveloppe et en sortit une liasse de papier jaunis et roussis sur les bords, à la suite de leur exposition à une chaleur intense. Cependant, le texte était resté parfaitement lisible.

Il chaussa ses lunettes et commença à lire à voix haute.

"Chers tous,

Il s'interrompit dans sa lecture et dit :

— Souhaitez-vous vraiment que je lise à voix haute ? le contenu de cette lettre risque d'être personnel, voire difficile à supporter.

— Oui, répondit-elle dans un souffle, qu'on en finisse, même si cela nous cause de la peine !

Le commissaire se racla la gorge et poursuivit donc sa lecture.

« Chers tous,

Une tumeur maligne m'a été diagnostiquée au pancréas, celle-ci n'étant pas opérable, le médecin ne me donne que deux ou trois ans à vivre. C'est déjà cela !

crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminéeDonde viven las historias. Descúbrelo ahora