14 - Le bal

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  Les mois avaient passé depuis l'arrivée de Georges, et personne n'a entendu parler de lui de nouveau. J'avais juste appris que les dragons peuvent se métamorphoser en humains quand ils le souhaitent.

  J'arrivais mieux à contrôler mes pouvoirs, mais ça devenait aussi de plus en plus dur de les cacher à mon père. Faire de la magie était une sensation si enivrante...

  Au lycée, il ne s'était rien passé de spécial. Je passais tout mon temps avec les cinq sœurs, et Constance et ses amies ne m'avaient pas adressé la parole une seule fois depuis la mi-mars. En revanche, comme Robin était à côté de moi dans presque tous les cours, on discutait quelques fois.

  La date du bal de fin d'année avait été fixée au 1er juillet, juste après les examens du bac des terminales, et l'épreuve de français pour nous. Ce jour-là, il faisait chaud, malgré quelques nuages à l'horizon, et j'étais impatiente. Ça faisait super longtemps que je n'étais pas allée à un bal, et en plus Eleanor serait avec moi. Trop cool.

  J'avais réussi à lui faire mettre une magnifique robe bleu nuit, dos nu, avec des paillettes argentées qui évoquaient un ciel étoilé. Je m'étais trouvé pour moi une belle robe jaune pâle, qui étincelait comme de l'or. 

  Le bal se déroulait dans le gymnase, dont les fenêtres avaient été couvertes pour donner l'impression qu'il faisait noir au-dehors, et des tables avaient été dressées pour faire un buffet. C'était à peu près bien réussi, mais ça ne donnait pas vraiment la même ambiance qu'en Amérique. 

  Dès qu'on est entrées dans la pièce, le bruit des conversations a baissé, et les gens essayaient de nous regarder sans le faire de manière trop visible. Ridicule. Mais bon, on avait l'habitude, et j'ai souri à Eleanor avant de l'entraîner sur la piste de danse. Bien vite, elle s'est laissée entraîner, et on riait aux éclats. 

  Sauf que danser, c'était bien, mais ça épuisait. Surtout quand j'avais eu la bonne idée de mettre des talons pour venir. Et pas si petits, en plus. On est donc allé se chercher à boire, et ça n'a pas manqué : Constance s'est approché de nous, et son visage n'était pas particulièrement amical.

  — Alors comme ça, vous êtes venues ? Et en meilleures amies, en plus. Trop mignon. Laissez-moi deviner, aucun mec ne voulait de vous, c'est ça ? Au moins, les autres ne sont pas là.

  Je poussai un soupir d'exaspération.

  — Lâche-nous, Constance. Mais dis-moi, vous êtes venues avec qui, vous ? Je suppose que le beau Robin ne sait pas se dédoubler...

  Eleanor me tira par le bras.

  — Viens, Summer, elles n'en valent pas la peine, ce ne sont que des pestes.

  Je la suivis sans résistance.

  — Désolée.

  Le pire, c'est que Constance avait raison. Les filles n'étaient pas là par pur désintérêt, et nous avaient laissées seules. Personne ne voulait de nous à part nous-même.

  Oh, et puis tant pis. On pouvait s'amuser à deux. Au même moment, les slows commencèrent et je suppliai Eleanor d'y aller. Elle accepta, et c'était magique de tourbillonner avec elle, nos robes tournoyant autour de nous. Les autres s'écartaient, se méfiant de nous, mais ça nous faisait de la place.  On était juste heureuses, les yeux dans les yeux, jusqu'à ce que la danse se termine.

  Je retournai du côté du buffet pendant qu'elle allait aux toilettes. Je venais de me servir un verre de grenadine quand Robin surgit à côté de moi. Je sursautai et failli faire tomber mon verre.

  — Hey !

  — Robin ! Un de ces jours tu vas me faire faire une crise cardiaque !

  — Pardon, s'excusa-t-il avec un sourire.

Les sorcièresNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ