9 - Ambre

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  Je dus soutenir Eleanor, qui ne tenait plus sur ses jambes.

  — Elle va bien, nous assura un policier. Elle est seulement évanouie, et n'est pas blessée. Ce n'est pas son sang.

  Un soulagement palpable emplit la pièce. Je ne m'étais pas rendue compte que j'étais si stressée. Inez prit sa fille dans ses bras et la monta dans sa chambre. Les policiers restèrent le temps de discuter avec Camila et sa sœur et de prendre un café, puis ils nous laissèrent seules, soulagées et épuisées d'avoir autant attendu. Tout le monde partit se coucher, attendant le lendemain matin pour débattre de l'affaire avec la principale intéressée.


  Le vendredi matin, je me réveillai à neuf heures et demie. J'émergeai doucement, et me rendis compte qu'Eleanor m'observait.

  — Ça fait combien de temps que tu es réveillée ? demandai-je d'une voix rauque, me frottant les yeux à cause du manque de sommeil.

  Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas couchée aussi tard. Depuis la fête de Brittany en septembre, en fait, quand j'étais encore aux US. Argh. Mauvais souvenir.

  — Pas plus d'une heure. Mais tu peux te rendormir si tu veux.

  — Non t'inquiète ça va.

  Je l'observai à mon tour. C'était incroyable. Comment est-ce qu'elle pouvait être aussi belle au sortir du lit ? Elle rougit.

  — Qu'est-ce qui ce passe ?

  — Tu as parlé à voix haute.

  Ce fut mon tour de rougir comme une tomate. Elle éclata de rire.

  — Ça fait quand même plaisir ! Si tu veux savoir, tu es belle aussi !

  Je rougis encore plus et elle s'esclaffa de plus belle. 

  — Ben alors, ça fait plaisir de vous voir rigoler, toutes les deux !

  Camila se tenait sur le pas de la porte. Eleanor devint aussi rouge que moi.

  — Maman ! Tu pourrais toquer !

  — Ambre est réveillée, Alizée et Cassandra aussi. Vous venez prendre le petit-déjeuner avec nous ?

  A ces mots, je pris conscience qu'on était vendredi.

  — Mince ! Le lycée !

  (J'avoue, ce n'étais pas "mince" qui m'était venu en premier, mais je faisais attention devant la mère de ma meilleure amie.)

  — Vous n'irez pas aujourd'hui, pour prendre du repos par rapport à ce qui s'est passé hier. Vous êtes excusées toutes les deux. D'ailleurs, merci d'être venue hier, Summer. C'était très gentil de ta part. 

  — Merci ! Mais vous savez, je n'allais pas abandonner Eleanor dans un moment pareil.

  — C'est précisément pour ça que je te remercie. Tout le monde n'aurait pas fait comme toi. Bon, je vous laisse vous préparer.

  Une fois prêtes, on est descendues. Camila avait préparé des pancakes qui embaumaient toute la cuisine. 

  — Salut les filles ! 

  — Salut Eleanor, salut Summer ! répondirent Alizée et Cassandra.

  Ambre nous adressa un sourire timide.

  — Salut.

  Le petit déjeuner fut silencieux, chacune plongée dans ses pensées.

  Une fois que tout le monde fut levé, on a voulu interroger Ambre sur ce qui s'était passé.

  — Je ne sais plus, souffla-t-elle. Je me souviens juste de sortir du collège et de me diriger vers l'arrêt de bus, puis, je me suis réveillée ce matin dans mon lit.

  — Rien d'autre ? Pas un détail étrange que tu aurais remarqué ?

  — Rien du tout. Je suis désolée...

  — Tout va bien, la rassura Eleanor. Ce n'est pas de ta faute.

  La discussion continua tranquillement

  Mon père vint me chercher vers onze heures. J'étais un peu déçue de devoir quitter Eleanor et ses sœurs, surtout qu'on ne se reverrait pas avant lundi, et j'allais passer l'après-midi seule à la maison, parce que mon père devait retourner travailler.

  On a mangé rapidement, et une fois que je fut seule, je partit m'allonger pour réfléchir à tout ce qui s'était passé. Mercredi, Eleanor avait eu dix-sept ans, et elles m'avaient annoncé qu'elles étaient sorcières. Jeudi, lycée, et en rentrant j'apprends qu'Ambre a été enlevée. Avec tout ça, je n'ai pas beaucoup dormi, et je suppose que c'est compréhensible.

  La magie... Ça devait être incroyable. Je me demandais s'il y avait des romans qui se rapprochaient de ce que c'était vraiment. 

  Je passai une bonne heure à imaginer les possibilités infinies de ce que j'aurais pu faire si j'avais possédé des pouvoirs, moi aussi. Puis je me rappelais les regards des gens au lycée, et que les petites avaient été abandonnées quand elles étaient bébés, et un frisson me secoua. Il n'y avait pas que des bons côtés.

Les sorcièresWhere stories live. Discover now