Le crime d'aimer

Chapitre 21

- Il faux que je te parle, chuchota t-il ensuite.

Je perçus dans sa voix de l'inquiétude mais aussi une infime tristesse qui me fendit le coeur.

Je roulai sur le flanc, pour qu'il puisse voir mon questionnement et ma curiosité.

Alors il me prit dans ses bras et commença son monologue.

***

PDV Emma

Matt prit une inspiration comme pour se lancer dans un grand discours, mais s'interrompit et referma la bouche.

- Je ne sais pas vraiment par où commencer, bredouilla-t-il ensuite.

Je souris rien qu'au fait de le voir comme ça.

- Qu'est ce que tu voulais me dire ? Questionnai-je.

- Je suis désolé pour tout ça.

Je secouai la tête.

- Tu sais, tu n'as pas plus de raisons de t'excuser que moi. C'est la situation qui veut ça.

Matt grogna, se renversa sur le matelas et fixa le plafond.

Au bout d'un long moment, il reprit la parole.

- Tu dois sûrement me détester ou quelque chose dans le genre.

- Pas du tout ! Ripostai-je. Je ne...

- Emma ! Me coupa Matt. J'ai vu le regard que tu faisais à chaque fois que tu voyais mon vrai visage ! Tu ne sais pas à quel point j'ai honte.

- Pourquoi sautes-tu à la conclusion que je te déteste ? lançai-je. Je n'ai jamais penser une chose pareille.

- Arrête !

Le ton que Matt employa me fit sursauter.

- Mais arrêter quoi ? demandais-je, incrédule.

- De te comporter comme si je n'étais pas le méchant frère qui bat et tue des gens.

Je n'aimais pas du tout cette idée, mais il avait raison d'une certaine manière.

- Matt ! protestai-je, vraiment secouée à présent. Ne redis jamais ça !

Il avait fermé les paupières.

- Tu vois, déclara-t-il un instant plus tard. Tu fais comme si cela ne te dérangeais pas alors qu'il y a un mois, tu me suppliais d'arrêter tout ça.

Je m'efforçais de mettre de l'ordre dans mes idées. Je me souvins du jour où effectivement, je lui avais demandé de quitter le gang, après sa bagarre avec Jared.

- J'avais peur Matt. J'avais peur que quelque chose t'arrive.

Matt tourna la tête vers moi et son regard croisa le mien. Je pus lire de la confusion en lui.

- Alors pourquoi est-ce-que tu ne me le redemandes pas, maintenant ? s'enquit-il

Sa question me prit au dépourvu mais je pris le temps de réfléchir avant de répondre.

- J'ai compris que je ne pourrais rien changer. Et puis je sais que même si tu es le leader des Bloods, tu resteras quelqu'un de bien à mes yeux.

Mon frère se frotta le visage en soupirant bruyamment.

- J'ai poignardé John Blair, avoua-t-il soudainement. Je ne suis pas quelqu'un de bien !

Cet aveu ne me procura aucun soulagement, seulement de la tristesse.