Chapitre 13

Depuis le début
                                    

C'était le seul moyen de les rattraper d'autant plus que selon les informations rapportées par Estrid, ils avaient pris la mer.

- As-tu entendu ce que l'esclave a dit ? Lança Cadel en se plaçant à ses côtés alors que le Jarl observait la mer sournoisement calme.

- Non, je n'ai rien entendu, je suis concentré.

- Elle a protégé les enfants Harak.

Le viking sortit de sa sombre torpeur pour se tourner vers son jeune frère.

- Que dis-tu ?

- Les enfants ont rapporté à Estrid qu'elle les a protégé et qu'elle était terrifiée. L'homme qui l'a emmené voulait tuer les enfants, mais elle les a protégé Harak.

Le Jarl ne montra rien de ses pensées qui se mêlaient à une terrible colère. Le regard transpercé d'une noirceur absolue, Harak déporta son regard sur la mer qui en période hivernale se révélait dangereuse pour n'importe quel navigateur, mais pas pour lui.

Les enfants disaient-ils la vérité ou s'étaient-ils trop attaché à la jeune femme au risque de la couvrir ?

Le visage barré par un trait sec et sévère Harak accueillit la houle puissante qui poussa son drakkar à aller plus vite et sut quelque part en lui que son esclave n'était plus très loin.

Freya claqua des dents en essayant de libérer ses poignets enfermés dans une corde rêche. Elle connaissait l'homme qui venait de la capturer et son seul souhait était de mourir avant que son bateau touche la terre.

Oslac, le commandant en chef de Calister lui adressa un sourire concupiscent et elle comprit avec effroi qu'il prendrait bientôt ce qui lui avait été promis.

Une nausée lui monta dans la gorge et pour la première fois depuis sa captivité chez les vikings, Freya lança une prière vers le ciel pour implorer le seigneur que son maître la retrouve.

- Edmund a hâte de te revoir.

Freya sursauta en dégageant son épaule qu'il touchait avec ses doigts.

- Tu devrais être heureuse d'être libre de ces sanguinaires non ? S'enquit Oslac en esquissant un léger sourire. À moins que tu aies délibérément pris la fuite avec eux.

Freya secoua de la tête négativement en sentant des gouttes de pluie tomber sur son visage. Un orage se formait dans les épais nuages déjà noirs et la mer commençait à s'agiter dangereusement.

- J'ai été enlevé par sa faute !

- Il sera ravi de le savoir ma belle Freya, dit-il en posant ses doigts sur épaule pour faire tomber le tissu de sa robe.

Freya s'écarta violemment mais il l'attrapa à la gorge pour la tenir en place.

- Mais en attendant je suis persuadé qu'il ne m'en voudra pas de ne pas avoir pu résister à une telle tentation, ajouta-t-il en caressant ses lèvres avec sa bouche.

La bouche crispée, elle essaya de tourner son visage à l'opposé du sien qui était affreux et putride, mais il tenta de poser sa bouche sur la sienne. Freya se jeta en arrière et tomba du banc en essayant de le repousser avec ses mains attachées.

Un vent glacial poussa le bateau sur le côté donnant ainsi la possibilité à Oslac de la bloquer en-dessous de lui.

- Tu as raison ma jolie, c'est mieux ainsi, ricana-t-il en passant sa main sous sa robe.

Freya ferma les yeux en essayant de le repousser, de lui griffer le visage alors qu'elle pouvait entendre le tissu de sa robe se déchirer.

- Commandant ! Cria une voix d'homme.

- Quoi ! Tu ne vois pas que je suis occupé !

- Nous avons de la visite !

Freya sentit le poids de son agresseur disparaître et ouvrit les yeux. Oslac s'était relevé et observait l'horizon avec un regard inquiet.

Freya suffoquait, et ce fut pire quand il attrapa son bras pour la relever de force. Son cœur battait si fort qu'elle n'entendait plus rien d'autre que lui. Pourtant sur le pont, les hommes de Oslac se pressaient pour se préparer au combat. Freya chercha sur la mer déchaînée la raison d'une telle agitation et ne vit rien...

Rien...avant qu'une haute vague effrayante lui révèle le danger qui guettait les hommes de Calister.

Des vaisseaux caressaient la vague haute prêts à entamer l'effroyable descente. Les drakkars pas dizaine progressaient vers eux dans la tempête qui se levait.

Freya eut un sursaut au cœur en regardant la haute et sombre silhouette massive qu'elle venait de parvenir à déceler grâce au halo de lumière projeté par le soleil qui se frayait un chemin dans les nuages noirs.

Malgré la peur que cette image renvoyait, Freya éprouva un soulagement qui lui arracha une larme silencieuse.

- Il faut partir vers le Sud ! Cria un soldat pour se faire entendre.

- Non ! Gronda Oslac en la tirant vers lui. Nous allons combattre ces monstres.

Il lui prit le visage par les joues.

- Qui te veut ? Réponds Freya !

Elle ne répondit pas, feignant de ne pas connaître la réponse en suppliant intérieurement que son maître vienne la sauver.

Harak ne quittait plus l'ennemi des yeux tout comme la frêle silhouette qu'il maintenait contre lui. Une puissante jalousie le gagna, innarêtable et brûlante. Ce sentiment de possessivité le galvanisa à un point tel qu'il voulait torturer cet homme jusqu'à ce que sa soif de vengeance soit rassasiée.

Son drakkar s'approcha du bateau et il distingua mieux son esclave.

La colère émergea de son torse et un son proche d'un grognement s'échappa de sa gorge.

L'avait-elle trahie ?

Il attendait de la reprendre pour le savoir, seulement un événement rapide se produisit faisant voler en éclats ses doutes.

La jeune femme se mit à se débattre et Harak la vit courir jusqu'à la proue.

Ensuite elle disparut dans la mer glacée après s'être jetée volontairement à l'eau.

La peur le submergea qu'elle ne puisse pas survivre à une telle folie.

- Par les dieux ! S'exclama Cadel horrifié par son acte. Penses-tu toujours qu'elle voulait te trahir ?

L'esclave du vikingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant