LEMONADE { CYNO x TIGHNARI } MODERN AU

2 lemonade

Il s'appelle Cyno.

Il aime la tchatchine et collectionne les cartes à jouer.
Il aime aussi la mer et la limonade bien fraîche.
Ses blagues sont nulles. Mais ce n'est pas si grave, car il est de bonne compagnie.

Tighnari l'aime bien.

Il l'a vu au marché du samedi matin, ce jour où le soleil couvrait le port d'une chaude lueur, malgré quelques pluies légères. La silhouette argentée s'est amoindrie dans la foule jusqu'à disparaître dans la mer humaine, il n'a pas pu l'atteindre et il ne l'a sans doute pas remarqué.
Il l'a vu sur le quai le jour suivant, avec un garçon très grand, le nez enfoui dans un livre de poche un peu tordu. Mais son anxiété lui fait rebrousser chemin tout en blâmant sa couardise, les épaules voûtées.
Les jours qui suivent, Tighnari ne le voit pas, mais il pense à lui dans ces moments d'égarement où il se délecte en silence des toiles que tisse son esprit rêveur. Puis vient ce jour où grince la porte du fleuriste, et sonne le carillon, annonçant au gré d'une mélodie cristalline l'arrivée d'un client, un peu après l'heure du déjeuner.
« Un instant s'il vous plaît! » annonce le garçon fennec, dans l'arrière-boutique.
C'est ce même jour où il se presse, regagne le comptoir d'un pas vif, et se fige pris de court par l'arrivée inattendue du garçon aux cheveux d'argent. Il lui sourit, comme dans ses rêves, enrobe son nom avec tant de douceur et d'enthousiasme qu'il aurait cru l'entendre renaître entre ses lèvres.
« Retrouve-moi au port Nari, je t'attendrai. » glisse-t-il entre quelques farces. Il réceptionne une commande au nom d'un certain Cyrus. Puis d'un léger signe de main, il lui offre un salut amical et chaleureux lorsqu'il quitte l'échoppe aux mille et une fleurs, laissant derrière lui un Tighnari au cœur léger.

{...}

"N'aie pas peur."

Ces quelques mots transcendent son esprit comme un puissant mantra lorsqu'un rideau nébuleux s'abat sur ses pupilles hazel. Tighnari sent l'appel des vagues impétueuses. Le frémissement de l'écume sur le roc, l'air marin aux senteurs iodées. À deux devant l'immense azur, petits et insignifiants face aux grandeurs de ce monde. Il veut dépasser toute appréhension, briser les chaînes que forment ses peurs. Il veut oser.

"Je n'ai pas peur."

Cyno lui prend la main, lui insufflant par ce contact léger tout le courage qu'il ne possède pas. Car si l'un vient à manquer de cran, muselé par la crainte et le doute, l'autre fait tout disparaître comme le jour chasse l'obscurité. L'épais rideau que forment ses fines paupières se lève sans appréhension sur la valse sensuelle du Grand Bleu. Et sans plus attendre, ils se jettent à l'eau, savourant l'ivresse exaltée d'un instant complice, où la mélodie des vagues semble acclamer leur audace.

Le ballet de l'onde enchantera ses souvenirs. Tout comme le parfum d'une brise maritime, l'étreinte saline qui effleure tendrement la peau, les saveurs gourmandes d'une limonade un peu trop sucrée, vestige d'une chaude journée estivale. Ses souvenirs reposeront dans les tréfonds de son âme rêveuse, comme de précieux coquillages.

Tighnari se souviendra également des cheveux coton qu'emporte l'alizé. D'une peau parée des nuances envoûtantes du soleil, d'une silhouette éthérée sculptée par les derniers rayons du jour.