-    Non, merci, ça va, répondit-il.

Evelyne se dépêcha de quitter la pièce. Elle sentait que l'atmosphère avait changé et que la tension avait monté. Pourquoi avait-elle agi de la sorte ? Quelle conne ?

« Qu'elle pute je fais ? Pff ! »

Elle n'a jamais su réprimer cette facette d'elle. Trop directe, et souvent sans réserve. Elle vivait à fond. Et avait toujours tendance à foncer tête la première, du moment que ça l'arrange. Mais cette fois, c'était différent, elle avait échoué. En ce moment même, elle se demandait si elle aurait une deuxième chance. Ou devrait-elle tout simplement lâcher prise. Son amour pour Jacob remontait à pas mal de temps. Au début, elle aimait ce côté petit nerd, passionné de sciences techniques. Puis avec le temps, elle a su développer un vrai sentiment à son égard. Pas un coup de foudre, pas le sentiment qu'on pourrait noyer après un verre, mais le genre de sentiment à vous faire rêver, le genre de sentiment qui vous fait ressentir des papillons dans le ventre, le genre sentiment qui vous prend au dépourvu et vous fait baisser votre garde. Et souvent le genre de sentiment, qui, à la fin peut laisser des cicatrices affreuses dans l'âme. Néanmoins elle était prête à l'affronter, prête à tout assumer, peut importe les conséquences, sauf que, avant, sans savoir pourquoi, elle avait pris du recul. Mais aujourd'hui, pour la énième fois, ses lèvres avaient fait appel à elle, et elle avait cédé bêtement.

Définitivement, l'amour ne meurt jamais.

Evelyne allait quitter la pièce lorsque la voix de Jacob lui fit arrêter.

-    Finalement je vais opter pour une bouteille d'eau.

La jeune fille acquiesça d'un signe de la tête avant de quitter la pièce. Devant l'établissement, elle se procura la bouteille d'eau d'entre les mains d'un marchand ambulant. Evelyne était fatiguée. Ça fait trois jours que Marcel était plongé dans le coma, trois jours qu'elle était là, à tout donner, son énergie, son temps, son amour. Ça l'attristait de le voir encore allongé sur ce lit. Rien n'était encore dit. Les médecins semblait s'inquiéter de son état. Pourtant au début, il avait beaucoup plus de chance de s'en sortir, contrairement à Jacob. Mais soudainement un retournement de situation inattendu.

Dans la chambre, elle déposa la bouteille d'eau sur une table à côté du lit avant de s'éclipser. Dehors, elle informa Patricia de son absence. Patricia était pâle, fatiguée, au bord de l'épuisement. Si Evelyne s'était allongée une ou deux fois durant ces trois jours, Patricia elle n'avait pas eu cette chance. Elle attendait une réponse de la part des médecins. Une réponse qui pourrait être positive ou négative en tout cas, elle saurait quoi faire. La fête ou le deuil.

Evelyne descendait les escaliers. Elle sentait que ses pas étaient lourds, une sensation étrange au ventre, quelque chose lui tenait par les tripes. Un sentiment d'impuissance mélangé à du regret. Un mal-être qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant. Arrivée en bas de l'escalier, elle s'arrêta net et ferma les yeux. La vie est courte et incertaine. On a qu'aujourd'hui, l'instant présent, tout le reste c'est de l'espoir. Elle fit demi-tour. Son pouls s'accéléra, son cœur cognait fort dans sa poitrine. Il n'y avait pas de place au regret. Elle traversa le côté visiteur à grande enjambée. Maintenant, elle était sûre d'une chose. Son amour pour Jacob était sincère. Sincère au point de faire mal, sincère au point de rendre malade, sincère au point de vous détruire de l'intérieur.

Lorsqu'elle arriva devant la porte, Jacob la remarqua, un sourire radieux fendit leurs lèvres. À présent, tout était clair, il n'y avait pas de retour possible. Sans poser de questions, elle s'élança vers Jacob qui la prit dans ses bras. Ils s'enlacèrent, fusionnèrent, comme s'ils formaient une seule chair, comme pour empêcher l'un tout comme l'autre de s'extirper. Chaleur contre chaleur, lèvres contre lèvres, cœur contre cœur, ils s'embrasèrent longuement...

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