Chapitre 4 Evasion suicide

94 15 2
                                    

Victor

- Ce n'est pas ce que je t'ai demandé, Ernest. Le contrat était simple. Tu devais livrer le colis à 23 heures pétantes à Almonzo. Pourquoi ne l'a-t-il pas réceptionné ?

- Il n'était pas là, Victor ! Je te le jure ! Il n'était pas là !

- Ce n'est pas ce que m'a dit Almonzo. Dis-je en soupirant.

Il était pathétique, en train de pleurer comme un petit garçon. Je détestais ça, mais en même temps, je jubilais. Ernest n'était pas mal en point, pas tant que ça. Son corps de petit chien apeuré se tordait dans tous les sens alors que Tiago s'en servait comme punching-ball. J'adorais les voir souffrir, me supplier de les laisser en vie pendant que je sirotais mon Scotch assis dans mon fauteuil.

J'aimais la souffrance, j'aimais les cris, les pleurs. Je suis né comme ça. Mon père m'a élevé comme ça en frappant constamment sur ma mère et torturant nos clients à longueur de temps. J'aimais mon boulot. Mais il y a autre chose que j'aimais. Ma femme, Élisabeth.

Cette femme était mon bien le plus précieux, un vrai bijou. La plus belle femme au monde et elle m'appartenait. La briser était mon plus beau cadeau. Elle avait ce petit côté rebelle qui m'avait séduit, mais je ne pouvais pas me permettre de la laisser prendre le dessus sur moi. Aujourd'hui, elle était à mes genoux. Obéissante, faite à l'image que je me faisais de la femme parfaite.

J'avais hâte de rentrer, je voulais la posséder ce soir. Parfois, elle pleurait. Elle pense que je ne la vois pas, mais je le sais. Ces petits gémissements agaçants dans mes oreilles et quand j'y vais plus fort... Si vous saviez à quel point, ça me fait bander. Impatient, je me lève et m'adresse à mon deuxième gorille et chauffeur, Marco.

- On y va, Tiago, fini le travail.

Une heure plus tard, je suis rentré. Mon jet se pose sur le toit de ma villa. Je trépigne d'impatience, je suis de bonne humeur ce soir. La robe que porte Élisabeth m'appelle ainsi que ses lasagnes. Marco se tire et je descends pour retrouver une maison plongée dans le noir.

- Élisabeth ?

Aucune réponse.

- Élisabeth, ma chérie. Je suis rentré !

Je descends à la cuisine pour la retrouver vide. La salle à manger vide aussi. La rage commence à monter. Elle va prendre cher cette petite salope.

- Quand je rentre, je veux que mon repas soit prêt et servit Élisabeth ! Tu sais ce qu'il se passe quand rien n'est prêt ma beauté ? Tu le sais hein ?

Je monte à l'étage et fouille toutes les pièces. Chambre, salle de bain, toilette. Elle n'y est pas. Ne reste plus que notre chambre au bout de la maison au bord de la falaise. J'ai la rage, j'ai envie de la frapper tellement fort qu'elle ne pourrait plus se lever durant un temps indéterminé. Je ne frappais jamais son visage, je ne voulais pas la défigurer, elle était tellement belle.

La porte de notre chambre était grande ouverte. J'accours et entre en furie, persuadé qu'elle fasse sa grosse flemmarde dans le lit à cause de la rouste que je lui ai donné hier.

La baie vitrée était grande ouverte. Les rideaux volaient à cause du vent. Les vagues s'écrasaient contre la roche et s'introduisaient dans la chambre à cause de la tempête qui se déchaînait. Je cours vers la baie vitrée et regarde en bas. Elle n'a pas pu sauter, c'est impossible. Elle a peur de l'eau !

Je cours à mon bureau, verrouillé. Il y avait des caméras de surveillances un peu partout à l'extérieur. J'ouvre et m'installe à mon bureau. Mes mains tremblaient de rages. Si jamais elle a sauté... Mon joyau, ma femme. Je remonte la vidéo de plusieurs heures quand je tombe enfin sur ce que je voulais. Élisabeth ouvrir la baie vitré, dans sa belle robe vert sapin à petite bretelle. Ses cheveux blond volant dans les airs.

Elle regarde en bas et semble hésiter. Elle pleure, j'en suis sûre. Puis deux minutes après, elle se jette dans le vide.

- Putain ! Je hurle en écrasant mon poing sur le clavier.

Je renverse tout ce qui se trouve sur mon bureau. Elle a osé, elle s'est suicidée cette petite pute. Comme l'autre vieille peau. Je la croyais plus résistante. Je croyais qu'elle m'aimait putain !

J'avais de la haine, mais aussi de la tristesse. J'aimais cette femme, je l'aimais et elle s'est donné la mort. Elle n'avait donc aucun cœur ? J'ai tout fait pour elle, je lui ai tout donné ! Un toit, une tache simple ! Et elle m'a lâchement abandonné !

Elisabeth

48 heures plus tôt

- Vous allez bien écouter ce que je vais vous dire Élisabeth, c'est très important. Votre mari a mis des caméras partout à l'extérieur, dans le salon et la cuisine.

- Oh mon Dieu, mon téléphone ! Je m'exclame en regardant vers le meuble d'entrée.

- Ne vous inquiétez pas, cet endroit est hors champ.

- Il va sûrement voir notre conversation !

- Hors champ Élisabeth. Les caméras sont dirigées vers la salle à manger et dans la cuisine. Victor vous surveillait, car ce sont les seuls endroits où vous passez le plus clair de votre temps. Il vous a dressé pour vous comporter et vous diriger comme il le voulait.

Je le savais et je l'ai toujours su. Cet homme avait fait de moi sa marionnette, son jouet favori. Mais il était temps que ça cesse. Je n'en pouvais plus, je devais m'enfuir le plus loin possible de lui.

- Vous connaissez quelqu'un, une personne qui pourrait vous aider ? Mais attention, quelqu'un que Victor ne connaît pas et dont il n'a jamais entendu parler. C'est très important.

- Je ne veux mettre personne en danger. Dis-je.

- Et pourtant, il va le falloir madame. Vous devez contacter quelqu'un. Une personne que vous avez croisée un jour de votre vie, mais en qui vous pourrez avoir confiance. C'est très important ! Cette personne vous aidera à trouver un logement où vous serez en sécurité. Je ferais jouer mes relations pour que vous ayez une nouvelle identité.

Je n'avais plus mes parents, j'étais enfant unique quant à mes amis, Victor les connaissait tous. Mes professeurs, ma tante qui vivait en Bretagne aussi. Il connaissait tout de ma vie. Tout sauf une personne. Émilie Moreau. Elle étudiait avec moi à l'université, nous avions fait un exposé ensemble une seule fois et elle m'avait dépanné de quelques livres pour mon déjeuner.

Je me souviens d'elle comme une personne souriante et généreuse. Avec un fiancé en école de police.

- Émilie Moreau. Elle était à l'université avec moi en première année. Victor ne connait pas son existence.

- Je la retrouverais. Maintenant, nous allons planifier votre évasion et ça commence par votre suicide. M'annonce Miguel.

- Il ne croira pas une seconde à mon suicide.

- Pas s'il se produit sous ses yeux. Vous allez sauter dans le vide Élisabeth.

Délivre moi du MalUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum