3 ||| Jenny

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J'ouvre lentement les yeux. Il faut du temps à ma vue pour devenir nette. Quelques rayons de soleil se glissent à travers les rideaux. Je me redresse sur mon lit et m'assois au milieu des draps. Mon regard se fixe dans le vide. 30 secondes me suffisent pour me rendre compte de ce qui s'est passé hier soir. Je me passe en revu les évènements dans l'ordre. Le stress de l'attente des résultats, la fierté d'avoir été appelée en deuxième position dans le classement, la sensation d'avoir tenu ce diplôme et d'avoir donner un sens au clou dans le mur. Et pourtant, même si c'est une grande chose dans ma vie, ce n'est pas la chose qui m'a le plus marqué. L'inconnu. Qui n'est plus si inconnu que ça finalement. Cet homme, Tyler, qui m'a écrit hier. Je sais que c'est mal de faire ça mais ce garçon a l'air d'avoir vraiment besoin d'aide. J'ai l'impression de me sentir utile et, croyez-le ou non, ça m'aide aussi. Même si ça ne fait que quelques heures, je sens déjà un changement à l'intérieur de moi. Ça aurait pu être négatif mais là, c'est positif.

Je me lève et me dirige vers la fenêtre. Je tire les rideaux, laissant un flot de lumière entrer dans la pièce, puis j'ouvre la fenêtre Il n'est que 8h30 et les rues sont déjà bien actives. La mienne en tout cas. J'appuie mes coudes sur le rebord et contemple le seul paysage qui s'offre à moi. Les embouteillages ne sont pas à leur apogée mais déjà, les voitures, taxis - les fameux taxis jaunes américains - et bus se pressent sur la route. Je pose le menton entre mes bras et reste quelques minutes comme ça, mon regard parcourant la rue, s'arrêtant parfois pour se fixer sur un point dans le vide, contemplant la productivité de cette rue, en pensant que cette journée ne le sera pas pour moi. Je n'ai pas cours. Mes vacances ont commencé. Il est bientôt 9h et j'aimerai continuer ma nuit encore 2 petites heures mais il n'y a plus aucune trace de sommeil en moi. Je me traîne jusqu'à la cuisine, ouvre un placard, prends une tasse à l'intérieur et la pose bruyamment sur le plan de travail. J'y appuis les deux mains et regarder le mug de céramique, l'observe sous tous ses angles, comme si je cherchais quelque chose. J'examine chaque centimètre carré, chaque petit détail, chaque parcelle de peinture légèrement craquelée. Je redessine du regard la lettre J, joliment tracée avec de l'encre dorée. Mais je ne trouve rien. En même temps je ne sais pas vraiment ce que je cherche. Je cherche quelque chose à l'intérieur de moi, peut-être. Mais quoi ? Une émotion ? Un souvenir ? Une idée ? Je me redresse, ouvre le réfrigérateur et prends la bouteille de lait dans la porte. Pendant que le lait chauffe, je verse 2 cuillères de chocolat en poudre dans ma tasse. Une fois le lait chaud, je l'ajoute au chocolat, prends le mug brûlant et retourne dans la pièce d'à côté, où je pose mon mince petit-déjeuner sur le bureau. Je me laisse tomber sur la chaise et regarde lamentablement la table blanche, jonchée de carnets, de fiches de révision et de stylo. Je soupire, bois une gorgée de chocolat chaud et me lève. Je jette un regard circulaire autours de moi.
Les livres sont entassés sans logique apparente dans ma bibliothèque et j'arrive à distinguer le désordre évident qui règne dans ma chambre, de l'autre côté de cette large ouverture dans le mur, faisant de ma chambre et de ce que je pourrais appeler mon bureau deux pièces distinctes mais ouvertes l'une sur l'autre. Cet appartement était celui d'un ami à mes parents, qui l'a donné à mon grand frère quand il était à l'université et j'en ai hérité quand il s'est acheté son propre logement, plus près du commissariat, là où il travaille. Je l'ai pris déjà meublé, je n'ai pas eu besoin de racheter grand chose. Je m'y sens chez moi mais je n'arrive pas toujours à le garder parfaitement organisé.
Je me décide : je range. Je m'attaque d'abord au bureau : je trie mes fiches de révisons et mes fiches de notes pour les ranger dans différents classeurs de couleurs, répartis mes stylos et mes feutres dans des pots en verre, aligne mes carnets sur l'étagère murale au dessus du bureau, poussé contre le mur. Je sépare mes livres de cours et mes classeurs de mes lectures personnelles et les range de façons stratégiques, selon moi, mais surtout esthétique. Je débarrasse le petit canapé de toutes mes vestes et manteaux et accroche ceux-ci au porte-manteaux, à côté de l'ouverture qui mène à la cuisine. À croire que cet appartement n'a pas de porte. Je jette un coup d'œil à la cuisine au passage. Temps que je suis là, autant la faire maintenant. J'ouvre le frigo et suis surprise de l'ordre qu'il y règne. Les œufs, les yaourts, les bouteilles et tout le reste sont à peut près à leurs places, j'ai juste à bouger certains aliments pour que ce soit parfaits. J'espère qu'il en sera de même avec les placards. En effet, les assiettes, les verres, les bols, les tasses son ordonnés, ainsi que chaque autre élément de cuisine. Je suis ravie : ça m'enlève du rangement. Je retourne dans mon bureau, vérifie que tout est en ordre et m'attaque maintenant à la salle de bain. Je m'en rajoute mais à la vue de mes produits rangés n'importe comment sur les étagères et ma serviette mal étendue sur le séchoir, je me dis que j'ai bien fait de prendre cette première matinée de vacances pour ranger, quite à recommencer le mois prochain, autant partir sur de bonnes bases.

Stay Alive ||| Tome 1Where stories live. Discover now