-Marcus Wood vous passe le bonjour. 

-Qui êtes-vous ? Demande une voix rauque et railler.

Je retire ma cagoule d'un geste, le souffle coupé par le tissu qui entrave mon visage.

-On m'appelle la Silencieuse.

Des hommes s'écartent pour laisser passer un homme qui doit au moins  faire deux ou trois têtes de plus que moi. Le visage de Caleb semble  très jeune pour être l'aîné de la famille Médina. Plus il s'approche  plus je remarque les défauts de son visage, comme son nez tordu,  sûrement trop souvent cassé. Mais ce qui me frappe, c'est sa main gauche  manquante. Son moignon est très net mais sale et pas droit. J'en déduit facilement que ce n'est pas une cause médicale qui lui a causé la perte de sa main. C'était sans aucun doute lors d'un combat. Peut-être une hache pour que la lame ait pu couper l'os en même temps.

Les deux hommes ont beaucoup de similitudes, leurs yeux sont tous les deux bleus marines, leurs cheveux d'un blond qui à fini par tourné au blanc avec l'âge et les meurtres. Or, Caleb a beau être le plus vieux, il est le mieux conservé des deux. Plus grand que Rob, l'aîné des Médina n'invente pas la peur qu'il crée en moi. Je ne suis pas terrifiée de ces menaces, je tremble à l'idée qu'il soit entièrement capable de les mettre à exécution.

-Je dois m'incliner ou quelque chose dans le genre ? 
   
-Je ne suis pas là pour plaisanter.

Caleb n'écoute rien de ce que je dis et met un genou à terre en baisant la tête. Sans la relever, il commence à parler :

-Sache que mes hommes me sont loyaux même quand j'ai un genou à terre.
   
-Et moi, ils me sont loyaux parce que je n'ai jamais mis le genou à terre.

Il me sourit.

Caleb est même prêt à rire, mais je le vois se contenir. Il  s'est sûrement dit que la situation ne s'y prêtait pas. Néanmoins à cet instant, je vois dans ses yeux que je  commence à lui plaire d'une toute autre manière.

-Futé, en plus de ça.

-Et j'ai bien d'autre qualité. Dis-je en jetant à ses pieds le couteau. Je vous laisserais les découvrir.

Il prend une grande inspiration, me jauge, passe sa main dans sa barbe puis déclare, en restant à quelques mètres de moi pour rester protéger par les siens.

-Je me demande sincèrement par lequel de tes orifices mon cher petit frère à commencer.

Je suis prise de court quelques secondes, avant de lui répondre machinalement.

Face à lui, j'ai peur. Toute personne saine d'esprit se pisserait  dessus à la vue de son assurance et de la puissance qu'il dégage. Je ne  sais pas par quel miracle ma voix ne vacille pas.

-Vous serez étonné de savoir qu'il ne m'a pas touché.
   
-Pas étonné par lui, mais par vous, cela ne fait aucun doute.

Un silence vient. Ces silences sont tellement longs qu'ils finissent  par faire passer le temps, et quelques mots échangés prennent plusieurs  longues minutes. Le vents se met à souffler puis Caleb expire tout l'air de ses poumons à son  tour, avant de commencer sa tirade.

-Sachez une chose la Silencieuse, entre moi et mon frère il y  a un monde qui nous sépare. Lui préfère violer ou traumatiser les  personnes pour les dominer. Moi, je domine le monde grâce à mon savoir.  Rien de ce que vous avez fait n'était dû au hasard.

Il marque une pause, puis continu :

-Votre arrivée à Morecambe. La mort de Willie Peterson. Lexis Lynch. L'exécution de mon cher et tendre Marcus Wood. Rien n'est dû au hasard.

La Silencieuse |Tome 2|Where stories live. Discover now