Mara bi ( la suite ).

Depuis le début
                                    

Tata Alima : dans ce cas il ne fallait pas venir trop tôt. Tout le monde a ses problèmes ici. Et rendez-vous c’est rendez-vous et c’est moi qui passe avant. J’ai payé le double pour le décrocher .

Des vois commencent à s’élever. Elle réplique de plus belle. J’essaie de la calmer. Ce n’est ni le moment ni l’endroit j’ai assez de problèmes comme ça.

Délivrance. Le client qui était en consultation sort suivi du mara qui avait entendu les vacarmes.

Mara : lou khew fii ? ( que se passe t’il ici ) Dou beureubou ay ( ce n’est pas un lieu de règlement de comptes ).
Faites preuve de patience et laissez la dame et sa fille passer avant.

Un client : lii dou yoon ( çe n’est pas juste. Gnoko fi djitou ( nous étions là avant elles ). Depuis fadiar niongifi mara li dou yoon deh nous aussi on a nos enfants.

Mara : je me ferai pardonner. Je vous offrirai une potion de votre choix. Mais en petit format deh je précise. Ça ne prendra pas beaucoup de temps. Patience ngir yalla damlen ko gnane ( je vous prie ).

Ils se calment direct. Un vrai pro du marketing ce mara.

Nous entrons dans la case. Une fois à l’intérieur j’étais agréablement surprise, pas grand chose mais tout est bien rangé et propre. Une légère odeur d’encens se dégageait d’un coin de la case.

Des piles de papiers etaient soigneusement rangées sur des étagères, vielles mais propres. La lumière était tamisée et une grande natte recouvrait le sol. Il réordonnait son espace de travail et moi je regardais autour de moi. A ma droite trois valises superposées contenant je ne sais quoi et des exemplaires du Coran et autres livres à côté sur une petite table. Des bouteilles de potions “ saafara” et des bobines de fils de plusieurs couleurs sont alignées sur un coin.

On est assises sur la natte face à lui. Il était sur une natte de prière vêtu d'un grand boubou bleu pas neuf et d'un thiaya blanc. Il doit avoir la soixantaine. Le crâne rasé et une mini barbe poivrée. Son teint est assez clair, il m'a l'air d'avoir des origines peuls. Il est grand mais pas très corpulent.
Une peau de chèvre ou de mouton est posée à côté de lui.

Après les salamalecs il verse du sable sur un morceau de tissu blanc. Il dessine en faisant des incantations inaudibles. Il trace des lignes, des courbes. Il me demande mon nom complet qu’il écrit en arabe, boit une gorgée d’eau puis la crache sur le sable, ne manquant pas de m’éclabousser au passage.

Mara : Fatima. Il me fit sursauter

- oui père.

Mara : tu traverses des moments difficiles. ( surement tata t’a expliqué je fis dans ma tête)

- très difficiles père . Deugeuleu. (C’est vrai )

Mara : khatal nenla . Yakkal nenla. Ils ont été voir ton avenir chez quelqu’un il y a bien longtemps. Heureusement que tu as refusé leur demande de mariage sinon ils t’auraient complètement détruit. Ils sont malveillants. Subhanalah
Je lève la tête surprise. Tata aussi.

Tata Alima : quel mariage ? Quand ?

Mara : ah elle sait de quoi je parle. N’est-ce pas Fatoumata ?

- c’est assez récent tata. Disons qu’avec les événements qui se sont succédés je n’ai pas eu le temps de vous en parler. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous en sommes là aujourd’hui.

Elle se tient le menton l’air inquiète. Pa Diagne renchérit.

Mara : tu as bien fait ma fille. Ils s’attendaient à ce que tu acceptes. Ils s’en étaient donné les moyens seulement ça a échoué car tu ne manges que rarement chez toi. Ce mariage aurait scellé ton destin. La cérémonie de “laabane” ( chants, danse et louanges en l’honneur d’une fille vierge au lendemain de son mariage (nuit de noces) ) qu’ils préparaient t’aurait était fatale.

Fatima : La Femme Du BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant