— Kaya ?

La provenance de vocalises depuis la salle de bains attire mon attention. N'ayant pas la journée entière à disposition, je m'achemine vers la pièce afin de m'atteler au plus tôt à la tâche.

Face au tableau qui se dresse devant moi, mes pieds s'immobilisent. En sous-vêtements noirs sans fioritures, Kaya se dandine sur la chanson qui tourne à plein régime. La lascivité avec laquelle elle se déhanche bloque ma respiration au centre de mon thorax. Ses cheveux mouillés dégoulinent en cascade sur sa poitrine et son dos. L'humidité leur donne une nuance plus blonde que rose. Quelques tatouages se dévoilent, certains n'avaient encore jamais effleuré mes rétines.

Au moment où le rythme s'intensifie sur une tonalité rock, elle secoue sa nuque à l'instar d'une métalleuse. Au couplet suivant, Kaya fléchit les jambes comme si elle allait entreprendre une série de squats puis remonte avec lenteur. Conjointement, ses mains longent ses hanches charnues, parcourent ses flancs et finissent leur trajectoire sur ses seins rebondis. La cambrure de sa colonne vertébrale souligne l'arrondi de son postérieur. Le sang me comprime la tête. Et il ne s'agit pas de la seule zone de mon anatomie que sa chorégraphie gorge. Bordel, elle est magnifique !

— « I just wanna play with you... too » !

Les paroles paraphrasées renforcent sa sensualité ravageuse. Kaya n'a plus rien à voir avec la femme que je côtoie tous les jours. Non pas qu'elle manque de confiance en ses atouts charnels. Elle maîtrise l'art de la répartie, ainsi que la valorisation de ses charmes à merveille.

Néanmoins, se trémousser dans un bar bondé ou participer à des blind tests à s'en écorcher la voix ne s'intègrent pas à ses coutumes. En société, la discrétion la caractérise. Malgré la solidité de nos rapports, elle ne nous a jamais révélé cette facette de sa personnalité.

— Ahhhhhhh !

Son cri strident, associé à la porte qui me claque au nez, a le mérite de me ramener à la réalité. Merde, merde et... triple merde !

Elle m'a pris en flagrant délit de matage. Totalement hypnotisé, le con que je suis n'a pas réussi à se détourner à temps. L'attitude sexy de mon amie...

Amie.
Kaya. est. mon. amie.

Mes pas lourds martèlent le sol au point de le limer de mes semelles râpeuses. Je patiente jusqu'à ce que Kaya s'extirpe de sa cachette. Fuir ferait de moi un lâche. Nous devons mettre les choses au clair pour ne pas nuire à notre entente.

Perdu quant à la marche à suivre, je dégaine mon téléphone en quête d'un soutien moral parmi mes contacts.

  ✉️ Kolson : SOS. Je viens de voir Kaya quasiment à poil !

Je fixe l'écran dépourvu de notifications tout en prêtant l'oreille aux alentours, à l'affût du moindre bruit.

Devrais-je aller lui toucher deux mots ? La rassurer sur mes intentions ? Quels sentiments lui inspire la violation de son intimité ?

✉️ Owen : Bah dis donc... Y en a un qui se refuse rien... surtout à 7h du mat' !

Me confier à Owen était la pire idée qui soit. Mais sur qui d'autre m'appuyer ? Simon aurait pris le parti de sa partenaire de psycho. Clyde ne percevrait même pas le problème, ça ne m'étonnerait pas qu'il ait déjà eu un aperçu de l'anatomie d'Allison. Et ce, sans arrière-pensée. Leur relation a toujours été particulière. Quant à Alli, la solidarité féminine la lie à un pacte secret avec Kaya ; les petites lignes de bas de page du contrat contenant mon assassinat exempt d'un délai imparti en cas de péché.

Pinky PromiseWhere stories live. Discover now