❄️Pour ne pas te laisser seule [Noël 2023] 2/5 ❄️

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« Mora... J'ai tellement de souvenirs avec Mora, pendant les fêtes... Je ne peux pas ne pas y penser, tu comprends ? Je n'y arrive pas. Pas à ce moment-là. Elle me manque tellement... les fêtes me rendent triste... je me dis que... »

Elle secoua la tête de droite à gauche, plaquant son front contre mon torse, et elle se tut.

« Je t'écoute, l'encourageai-je en caressant son visage de mes phalanges tremblantes. »

Elle inspira.

« Je me dis que... qu'elle les passe peut-être toute seule... ou avec des gens qu'elle n'aime pas... et qu'on lui manque, et qu'elle aussi, elle est triste comme moi. Je me dis aussi que... que peut-être... »

Elle secoua à nouveau la tête, comme pour chasser une idée désagréable.

« Je ne veux pas considérer cette possibilité, mais peut-être qu'on ne pourra plus jamais passer de fêtes ensemble... Peut-être que... je ne la retrouverai jamais... enfin... c'est dans le pire des cas, mais... pff... je ne peux pas m'empêcher d'y penser, ces jours-là. Ça me dévaste. »

Je me sentais tout drôle, à la voir si triste et ténébreuse. Ce n'était pas Neven. Elle était toujours optimiste, même pour sa sœur... alors, la voir si désespérée me faisait terriblement mal au cœur.

Je plaquai doucement mes mains sur sa taille et je la soulevai. Comme un réflexe, elle noua ses jambes autour de mes hanches et passa ses bras autour de ma nuque.

« Je ne pensais pas que tu traversais ce genre de phases... je veux être là pour toi, à présent. On va les passer ensemble. Tu n'as pas besoin d'être seule dans ton coin à ce moment-là... Je suis là pour toi. Toujours. »

À travers son œil brillant et mélancolique, un petit sourire triste glissa sur ses lèvres qui frémissaient.

« Malo... merci... »

Elle plaqua son visage contre le mien, front contre ma joue, et resta un moment sans bouger dans mes bras. Des couinements me parvinrent. Son dos commençait à trembler.

« Laisse-toi aller, lui murmurai-je. Je ne te jugerai jamais, et tu le sais, n'est-ce pas ? »

Elle hocha la tête en étouffant ses larmes.

« Il n'y a que nous deux. Personne. Tu peux te laisser aller. Il n'y a que nous deux, répétai-je. »

Un sanglot déchira la nuit. Elle se cramponna d'autant plus à moi, pleurant dans mes bras alors que je tentais de la bercer en caressant son dos. C'était rare quand elle se laissait aller. Déjà, jamais devant l'équipage. Pas une once de faiblesse. Et même avec moi, elle avait une certaine retenue... alors je me doutais qu'elle avait besoin de se lâcher.

« Je suis là pour toi... »

J'aimerais lui dire que je l'aimais, mais je savais qu'elle me repousserait avant que je ne puisse terminer ma phrase, comme toujours. Puis, ce n'était pas le bon moment pour cela. Je voulais m'occuper d'elle d'abord. Une autre fois, mes sentiments.

« Pardon, chuchota-t-elle en reniflant.

— Ne t'excuse pas. Je suis là pour toi. Quoiqu'il arrive. D'accord ?

— D'accord... »

Elle frotta son front contre ma joue un moment, comme si elle recherchait de la tendresse et des câlins. Je posai un baiser sur son front, et l'esquisse d'un sourire apparut enfin sur ses lèvres.

Je relâchai l'une de ses cuisses pour caresser son visage, à la recherche des larmes qui avaient dansé le long de ses joues. Son nez et ses joues avaient diamétralement rougi.

« Est-ce que ça va mieux ?

— Bien sûr, puisque tu me réconfortes, sourit-elle. Merci. »

Elle renifla encore, et en fouillant dans ma poche, je parvins à lui sortir un chiffon dont elle se servit pour sécher son visage.

« Tu veux qu'on aille voir la mer ?

— Pourquoi pas. »

Elle se dégagea pour redescendre sur le sol. Je replaçai mes mains dans mes poches, et elle inséra la sienne à l'intérieur, me prenant les doigts au passage. Je les attrapai, les caressant avec tendresse, les entrelaçant avec douceur pour la garder près de moi.

« Ou tu veux qu'on prenne quelque chose de chaud dans un salon de thé, peut-être ? Qu'est-ce que tu veux faire ? Je t'écoute. »

Elle fronça les sourcils :

« Un salon de thé ? Je crois que je n'y suis jamais allée.

— Ah bon ?

— Je vivais dans un minuscule village, petite... et quand Mora a disparu, on a déménagé à Toplina. Petit village aussi. Quand on amarrait avec mon père, je ne prenais pas le temps de m'arrêter dans ce genre de boutiques, tu sais ? Il fallait aider à ravitailler, s'acheter des trucs pour le trajet... pas le temps de papillonner.

— Alors c'est l'occasion... enfin, si ça te tente. Il y aura sûrement des chocolats chauds, si tu préfères. »

Son regard s'illumina :

« Tu crois que c'est encore ouvert ? Il est tout de même vingt-et-une heures. Les gens passent la soirée en famille, en général.

— Disons que c'est une bonne occasion pour avoir des clients, parfois, justement. On n'a qu'à jeter un œil, j'en ai vu une à l'allée. »

Elle glissa sa joue contre mon bras, resserrant encore et encore sa main sur la mienne. Elle me jeta un regard empli de douceur et de tendresse, et des frissons parcoururent mon dos, suivis de brûlures douces et intenses dans mon ventre. L'envie de l'embrasser me traversa l'esprit. Non, plus que traverser. Cette envie s'était amarrée, avait lâché l'ancre, et je ne pouvais plus m'empêcher de m'imaginer me pencher vers elle, poser mes lèvres sur les siennes, qui semblaient si douces, si fortes, si... Neven. Oh, qu'est-ce que j'avais envie de l'embrasser.

Ses joues s'empourprèrent, et avec un sourire timide, elle détourna le regard. Je n'avais pas l'habitude de la voir si gênée. L'avais-je fixée trop intensément ?

Histoires & Anecdotes de Neven l'ÉcarlateWhere stories live. Discover now