- II -

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Le papa d'Iva lui fit rencontrer Nikolaï quand elle n'avait encore que 5 ans. À cet âge, elle retint le nom de cet homme car il était comme celui de son frère, mais avec un accent différent sur le i.

Depuis toute petite, Iva n'avait vécu presque qu'avec des garçons. Son père lui avait appris à connaître la forêt autour de leur maison et à jouer au échecs. Elle faisait souvent des parties contre son paternel ou son petit frère, de deux ans son cadet.

Iva n'avais jamais vraiment été proche de sa maman. Varvara Tourgueniev était une femme réservée et peu émotive, et elle avait probablement transmis ça à son unique fille. Pourtant, même si cela se faisait rare, Iva avait droit à un bisou sur le front après le "bonne nuit" ou à une caresse dans les cheveux.

Le lendemain de l'incendie, des hommes du villages allèrent inspecter les décombres, M. Hippius en tête. Ils ne trouvèrent que trois cadavres à moitié brûlés, de la vaisselle curieusement encore intacte et des photos.
Nikolaï Hippius jugea que cela ferait plaisir à Iva de lui rapporter ça, il prit donc une des photos de famille et la mit dans sa poche.

En rentrant chez lui le soir même, M. Hippius était allée voire Iva qui chuchotait à l'oreille de son chien tout ce qu'elle ne voulait pas dire aux humains et lui avait donné la photo. Elle l'avait regardé un moment puis l'avait posé à côté d'elle avant de retourner parler à son chien. M. Hippius jugea donc qu'il fallait lui laisser du temps.

Un matin, Iva alla demander à son nouveau papa s'il avait un jeu d'échec, et ce dernier lui répondit que non.

Un autre matin, une semaine après qu'Iva ait officiellement commencé l'école avec Zinaïda, elle avait demandé à l'institutrice si elle avait un jeu d'échec, et cette dernière lui répondit que oui. Pendant les récréations, Iva avait donc le droit de rester en classe pour jouer toute seule.

Iva était considérée comme une enfant bizarre, et les enfants normaux n'approchent pas les enfants bizarres, encore moins ceux qui ne font que parler à leur chien.

Jamais Zinaïda de cracha dans le dos de sa petite sœur adoptive, en partie car elle savait que celle-ci n'en aurait strictement rien à faire. Enfin, c'est ce qu'elle croyait.

Un soir, pendant le repas, Mme. Hippius ne cessait de regarder de regarder cette petite gamine dont la garde leur avait été confiée. Elle ne lui faisait pas confiance. Et il serait fort difficile de lui trouver quelqu'un, par surcroît. Avec ses cheveux noirs et semblables à de la paille et ses yeux difformes inexpressifs, personne ne voudrait d'elle !

Mais quand Iva leva son regard vers Mme. Hippius, ses yeux bleus aussi froids que de la glace transpercèrent ceux de la mère de famille. Un frisson lui parcourut l'échine et elle retourna à son assiette. Cette enfant faisait peur à tout le monde.



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