Chapitre 23 - Agonie

30 7 16
                                    

Moody sentit un vide se créer dans le creux de sa poitrine alors qu'elle se releva dans le lit de son amant. A tâtons, elle effleura les draps encore chauds et tenta de déterminer depuis combien de temps le vampire l'avait quitté. Les couvertures n'étaient pas assez froides pour que cela dépasse une heure, alors la lunienne se tira précipitamment du lit pour s'habiller à la hâte, délaissant l'écharpe à sa place pour quitter la chambre de Nevra. Ses pas martelaient le sol au rythme de sa course effrénée. Il ne pouvait pas déjà être parti. Il n'avait pas le droit de partir sans au moins lui dire au revoir. Se dire au revoir. La veille, ça ne comptait pas. Son souffle lui brûla la gorge. Elle courait à en perdre haleine. Le froid automnal et la brume lui giflèrent les joues. A peine fut-elle aux portes de la cité qu'elles se fermaient lentement sur la silhouette du groupe de soldats en direction de Balenvia.

« Nevra... » dit-elle à court de souffle, une main sur sa poitrine.

Son cœur affolé manqua un battement quand le vampire se retourna pour lui adresser un sourire triste et un dernier signe de la main tandis que les portes le faisaient disparaître. Elle hoqueta doucement, resserrant sa poigne autour de sa nuisette. Le bruit sourd de la fermeture de l'enceinte de la cité fut le même que celui de son cœur qui chuta dans sa poitrine. Un nouveau vide la fit vaciller.

« Non... murmura-t-elle. Reviens. »

Une paume chaude se déposa sur son épaule, la tirant hors de sa torpeur. Moody sursauta et l'odeur boisée de Valkyon l'enveloppa. Elle reprit conscience de l'endroit où elle se trouvait et de la météo ambiante. Un frisson la parcourut de la tête aux pieds, l'obligeant à croiser ses bras autour de son corps pour maintenir le peu de chaleur qui lui restait. Pathétique. Voilà comment elle se sentait à cet instant, en petite nuisette et escarpins aux pieds. Elle aurait pu mourir de honte mais elle s'en fichait. Cette rupture soudaine la faisait vaciller. La lunienne ne réalisa pas l'ampleur de sa douleur.

« Tu devrais retourner au chaud et continuer ta nuit, tu vas attraper froid. » dit la voix du chef de l'Obsidienne.

La lunienne hocha imperceptiblement la tête et il pressa doucement son épaule avant de l'inviter à le suivre jusqu'à la salle des portes après avoir rabattu une cape en velours autour d'elle. Les autres gardiens ne s'étaient pas levés pour saluer la troupe partie. Seule elle et Valkyon l'avaient fait. Moody marqua un arrêt et jeta un regard au guerrier. Avait-elle l'air misérable et pathétique ainsi ?

« Si jamais tu n'arrives pas à te rendormir, viens assister aux entraînements de ma garde dans deux heures, quand la brume se sera dissipée. » proposa-t-il.

La lunienne eut un sourire pincé et prit congé en silence. Quand elle fut de retour dans la chambre de Nevra, son corps se laissa tomber lourdement sur le matelas et sa tête s'enfouit dans l'écharpe qui lui avait laissé. Moody ravala sa peine en s'enroulant dans le bout de tissu et s'assit au milieu des draps, les jambes repliées contre sa poitrine. Le temps lui semblait déjà trop long sans lui alors que le vampire venait à peine de la quitter. Elle n'arriverait pas à continuer sa nuit sans sa présence. Son regard fixa les draps défaits, vides et froids. La lunienne ferma les yeux en pinçant les lèvres quand son cœur se serra dans sa poitrine. Comment allait-elle faire sans la présence de Nevra ? Pourquoi avait-elle été aussi bête la veille ? Pourquoi continuait-elle de se voiler la face ? Moody avait besoin de lui. Il était devenu essentiel à son quotidien. Un équilibre parfait. Et il suffisait qu'ils soient séparés pour qu'elle s'en rende compte. Pathétique. 

 

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.
𝕷𝖆 𝕱𝖆𝖈𝖊 𝕮𝖆𝖈𝖍𝖊́𝖊 𝖉𝖊 𝖑𝖆 𝕷𝖚𝖓𝖊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant