2. Rencontre

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Il fait sombre. Tout autour de moi, la pénombre.

Il fait chaud, mais pas d'une chaleur agréable. Ce type de chaleur moite, humide, étouffante qui vous empêche de respirer correctement.

Mes mains tâtonnent le sol. De la pierre. Plutôt de la roche.

L'angoisse me prend, je déteste être enfermée. Et c'est encore pire si je suis seule dans le noir.

Je tourne la tête. Un groupe de petits papillons bleus virevoltent autour de moi. Je les regarde un instant puis me lève pour les suivre.

Les quelques petits êtres battant énergiquement des ailes volètent dans une direction précise que je suis des yeux, comme hypnotisée par la présence de ces insectes aux ailes colorées.

Le réseau de galeries formait un véritable labyrinthe rocheux où ne filtrait pas un seul rayon de soleil. De l'humidité suintait du plafond, laissant tomber des gouttes d'eau au sol en un doux plic-ploc, seul bruit audible à part celui de mes pas.

Après quelques minutes de marche et plusieurs détours, un point lumineux apparut au bout d'un boyau de ce labyrinthe sans fin. Je suivis le groupe de papillons qui volait à présent dans cette direction d'un rythme plus rapide.

Plus je m'approchais de la sortie, plus la clarté s'intensifiait. Le contraste obscurité-lumière m'éblouissait, m'empêchant de distinguer l'endroit où j'arrivai. Je continuai néanmoins à avancer.

La grotte débouchait sur une prairie à l'herbe si verte qu'on aurait dit que cette couleur était due à une bonne dose de peinture. Ça et là étaient dispersés quelques myosotis d'un beau bleu courbés par la force d'un courant d'air rafraîchissant. Le calme y régnait, seulement troublé par le piaillement de quelques oiseaux que je pouvais distinguer dans les branches des arbres qui bordaient la prairie circulaire.

Au centre de la clairière, assise au milieu des fleurs et de l'herbe, se tenait une fillette aux longs cheveux blancs. Elle semblait absorbée dans ses pensées et tissait une couronne de fleurs qu'elle piquait de temps à autres de myosotis. Habillée d'une robe bleu pâle, l'enfant dégageait une aura charismatique et puissante, d'où émanait cependant un calme apaisant qui me rassurait. Elle n'avait néanmoins pas l'air d'avoir plus de dix ans.

Le groupe de papillons alla aussitôt la rejoindre, comme aimanté par cette présence, et se mit à virevolter au-dessus d'elle. Quand elle leva la tête pour les admirer, je vis ses iris d'un bleu ciel sans défaut. Je n'osai pas m'approcher.

Elle laissait échapper un éclat de rire cristallin quand un des insectes se posa sur son nez et tourna son regard vers moi.


- Que fais-tu donc Charlie ? Viens t'asseoir, je t'en prie.


Je n'osai pas m'approcher d'elle, méfiante de la soudaine proximité de l'inconnue.


- Allez, je ne vais pas te manger enfin ! continua-t-elle avec un grand sourire, comme si la situation était particulièrement comique.


Jugeant qu'elle n'avait pas l'air bien dangereuse, je finis par coopérer et m'avancer mais vis un détail que je n'avais pas remarqué : elle portait une sorte de saphir incrusté au milieu du front et taillé en forme de goutte. Le joyau était exactement de la même couleur que ses yeux.


- Je... Bonjour... Comment connais-tu mon prénom ?

- Mais enfin, comment voudrais-tu que j'oublie le prénom d'une personne unique comme toi ?

Le Bal des OmbresWhere stories live. Discover now