- Traversez le voile et les escaliers se révéleront à vous.

Je jetai un coup à celui qui se disait mon frère. Ses cheveux rougeoyaient a l'instar des miens. Ses yeux étincelèrent alors qu'il se décala un peu plus. Je fis alors un pas en direction de l'immense masse sombre. Je la traversai sans qu'aucune sensation ne vienne me troubler. Et mes yeux s'ouvrirent alors sur l'endroit le plus grand que je n'avais jamais vu. Bouche bée, je regardai la fosse qui s'ouvrait sous mes pieds, remplis d'étagères de livres à perte de vue. Un océan multicolore et infini s'étendait.

- La bibliothèque de nos ancêtres, me fit Valeryan a se plaçant à côté de moi. Des recueils uniques et inestimables se trouvent ici. Amassés au fil du temps.

- C'est merveilleux, soufflai je impressionnée en promenant mon regard partout où je le pouvais.

- Elle occupe la totalité de la montagne sur laquelle est construite cette demeure.

- Est elle vivante ?

- Non, s'esclaffa le roi. Mais en revanche, elle possède une entité qui la rend... singulière. Parfois, on peut lui demander un livre qui n'apparaîtra jamais, d'autre fois, il apparaîtra mais bien plus tard et parfois jamais.

- Elle n'a donc juste pas de corps, insistai je. Mais elle nous entend.

- Peut être. J'aime à le croire, en réalité, me confia le kelarien en s'avançant vers le balcon qui surplombait ce magnifique endroit. Venez, descendons.

Même l'escalier était grandiose alors même qu'il n'était qu'en fer taillé et ciselé. Il s'enroulait sur lui même et descendait inlassablement le long des rayonnages. Je regardai autour de moi et ne vis pas de fenêtre ni de flambeau. Pourtant, il y régnait une douce lumière agréable qui rappelait les rayons du soleil matinal. Me sentant remplie d'une sérénité sans pareille, je me sentais même prête à parler tranquillement avec mon frère.

Ce dernier s'arrêta à un étage largement inférieur à la porte d'entrée mais en me penchant je vis combien l'escalier tombait encore bien bas dans les profondeurs de la terre. Valeryan s'engagea dans les rayons d'un pas sur. Il me conduit jusqu'à un endroit où une petite table se trouvait. Dessus trônait un petit livre vert dont le titre n'était plus discernable. Le roi s'en saisit.

- Je crois que celui là est pour vous, chère sœur.

- Pour moi ?

Je m'avançai. Les mains presque fébriles je m'emparai du petit ouvrage. Je le fit tourner, observant comment il était fragile et ancien.

- Je n'avais pas vu ce livre depuis bien longtemps, commenta Valeryan.

Puis il se tourna vers la table et renversant sa tête vers l'immense vide au dessus de nous, il s'écria :

- Tu n'as rien pour moi ?

Bouchée bée, je restai immobile et a l'affût du moindre bruit qui prouverait que d'une cette bibliothèque était vraiment magique et par la même occasion que Valeryan n'était pas fou a lié. Ce dernier mis les mains sur ses hanches et tourna sur lui même. Il secoua la tête d'un air excédé et échangea un regard avec moi.

- Parfois je me dis vraiment qu'elle est bien plus vivante que simplement magique. Et qu'elle ne cherche qu'à nous ennuyer.

- Ah..., fis je en souriant malgré moi.

Chaque acte des personnes habitant cette maison étaient empreint d'une normalité qui était rafraîchissante. J'avais beau me trouver en présence d'un roi, de derniers survivants d'un peuple et même du Grand Commandant des armées, mais une banalité finissait toujours par ressortir.

Le Royaume perduWhere stories live. Discover now