21- Encore marcher

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Tournant sur moi même, je m'étirais. J'avais agréablement bien dormit et n'avais été troublé d'aucun cauchemar ou du moins je ne me rappelai d'aucun. La fraîcheur du sol n'était guère agréable mais les vapeurs de sommeil embrumaient encore mon cerveau et...

- Debout, debout, chantonna une voix.

- Aaaah, hurlais je en bondissant.

Une vague d'eau venait de déferler sur moi. Crachotant je me relevai tant bien que mal et commençai a invectiver toute les choses qui me passaient par la tête. Mes cheveux trempés formaient un voile devant mes yeux. Je me redressai et ma tête percuta la couverture encore tendue au dessus. Des bras me saisirent les hanches et me tirèrent hors de l'abri. Mes paupières papillonnant afin d'évacuer les gouttes d'eau qui tombaient dessus et troublaient ma vision je finis par discerner Abrax penché sur moi, me surplombant d'une tête. Un large sourire s'épanouissait sur son visage, contraste frappant avec son attitude de la veille au soir. L'enfant décomplexé et rieur semblait être de retour.

Je plaquai une main sur son torse pour le repousser et envoyai de toute mes forces la seconde à l'encontre de son magnifique visage. Elle le frappa dans un grand bruit et il émit un son étouffé. Ses mains me relâchèrent et se portèrent à sa joue.

- Vous êtes... la pire personne de ce continent, proférai je en rougissant de colère.

- Oh allez, avouez que vous ne sentiez par la rose et qu'un bain s'imposait !

Serrant les dents, j'enrageais de voir que ma baffe n'avait pas effacé son sourire idiot de ses lèvres. Au contraire se massant la joue il dit:

- Votre crochet est impressionnant, il en faut pour réussir à me frapper.

Je retirai les mèches qui me collaient aux tempes, sur le nez et la bouche. La fraîcheur de l'air était d'autant plus virulent maintenant que je dégoulinais d'eau glacée. Je croisai les bras.

- Je vous bat au combat quand vous voulez, me vantai je en soutenant son regard.

La lueur d'excitation dans ses yeux me fit presque regretter mes paroles. Râlant contre les hommes idiots et les espions de bas étage, et ignorant ses airs indignés à ces appellations, je commençai à fouiller dans le sac devant moi afin de dénicher la seconde chemise. Je la saisit et d'un pas agressif allait derrière un mur de végétation pour me changer.

Les remarques pleuvaient autour de moi, sur des choses telles que mon langage très impoli ou mes humeurs dès mon réveil.

Je sortis de derrière mon abri. La chemise était à la taille d'Abrax, ainsi elle m'arrivait à mi cuisses et tombait sur ma clavicules assez bas. Mais elle était confortable et m'habillait convenablement.

- Vous m'avez poussé d'une falaise, et je n'en est pas fait une telle histoire, dit il en pliant la couverture.

- Oh vous voulez parler de ma vengeance après que vous m'ayez fait tombé d'un arbre sur plus de trente mètres ?

Il secoua la tête l'air faussement exaspéré.

- Allez du nerf, si nous marchons assez vite nous pourrions être au village le plus proche d'ici le coucher du soleil.

Je levai les yeux et une fois encore je ne parvint pas à  deviner l'avancée de la journée. J'ignorais comment l'ancien espion pouvait bien s'y prendre. L'air guilleret il se mit en marche. Son humeur aurait presque put percer l'ambiance morne et désolée de la forêt. Mais le cœur déjà plus léger de savoir que ce soir nous pourrions ne pas dormir dans cet endroit, je lui emboîtai le pas. Il régnait une moiteur dans l'air qui fit boucler follement mes cheveux encore mouillés. Je devais ressembler à une vraie sauvage. Mes pas suivaient ceux d'Abrax qui foulait rapidement le sol. Il semblait plus empressé que la veille. Jamais il ne doutait du chemin. Jamais il ne s'arrêtait pour trouver son orientation. Si j'avais dut fuir seule, je ne pense pas que j'aurai réussit à traverser la forêt. Il était tout simplement impossible de marcher en ligne droite. Les arbres imposants, les taillis broussailleux et les trous qui c'étaient formés dans le sol nous forçaient à évoluer en faisant des zigzags. Sans Abrax pour m'ouvrir le chemin j'aurai eut tôt fait de tourner en rond. Et de me rejeter dans les bras des royaux maléfiques. Il aurait put avoir une boussole et une horloge interne que cela ne m'aurait pas étonné.

Le Royaume perduWhere stories live. Discover now