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C'est encore une journée longue et pesante qui se finissait

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C'est encore une journée longue et pesante qui se finissait. Une journée pourtant des plus normales, avec des cours plus que banales, des devoirs comme s'il en pleuvait, des discussions quotidiennes entre amis, les clubs et maintenant, il était temps de rentrer chez soi, la fatigue tiraillant le visage et la motivation inexistante pour le lendemain.

Et bien que l'annonce du retour à la maison réjouissaient tous les élèves, comme à son habitude, Hiori entamait les couloirs mornes du lycée d'un pas las, le regard perdu dans l'espace, avec pour seule compagnie la musique qui se diffusait dans son casque. Solitaire dans ce monde silencieux et vides, comme si une catastrophe pouvait arriver à tout moment pour perturber ce silence de mort. Solitaire éternel quand les masques tombaient, il avançait en traînant les pattes.

Mais bizarrement, cette scène lui était étrangement familière.

Tellement familière que comme un automatisme, ses mirettes bleus se levèrent vers la salle d'art dont ses pas lui avaient automatiquement emmené. Comme la dernière fois, la porte entrouverte laissait voir la lumière artificielle de la salle. Comme la dernière fois, elle se trouvait encore au sein de l'établissement à une heure aussi tardive. Enfin, le jeune homme n'était pas sûr que c'était elle. Cependant, qui pouvait rester jusqu'à tard au sein de lycée dans la salle d'art en oubliant de fermer la porte et la lumière allumée ? Cela sonnait comme une évidence pour ce garçon qui ne connaissait cette jeune fille que depuis quelques pauvres jours.

Pris de curiosité — ou comme un automatisme, il ne savait pas trop —, il fit un pas devant la porte et passa sa tête dans l'entrebâillement. Comme il l'avait prédit, elle était là.

Mais contrairement à la dernière fois, elle n'était pas allongée telle une Venus sur le sol, le bras devant ses yeux et paisible comme si même les remous de la réalité ne l'atteignaient pas. Cette fois, elle était bien droite sur ses pieds, devant son immense toile. Toujours avec son long t-shirt blanc parsemé de mille couleurs, ses jambes nus mais colorés, son bras levé, son coude et son poignet plié, ses doigts tenant fermement son pinceau entre les doigts. Ses yeux bleus fixaient sa toile, les sourcils froncés témoignant d'une concentration totale. Elle semblait complètement dans un autre monde, comme si plus rien ne pouvait l'atteindre. Complètement concentrée sur sa toile, il s'agissait aussi l'une de phases que les gens passionnés avaient une fois devant leur art, une phrase que jamais il n'avait connu.

Il resta silencieux quelques instants, observant la jeune fille faire des mouvements de poignées d'une ampleur qu'il n'avait jamais connu jusque là. Sourcils froncés, elle trempait les poils de son pinceau sur sa palette aux milles couleurs avant d'à nouveau l'étaler sur la toile. Elle prenait son menton, lui aussi couvert de peinture, entre son index et son pouce d'un air songeur, se demandant sûrement si les couleur passaient bien, si elle devait les rendre plus clairs ou plus foncés, si elle ne devait pas rajouté du blanc ou du noir. Une petite mou se faisait voir avant qu'elle ne soit éclairé par une idée, par un sourire et qu'elle replongea son instrument de dessin sur sa palette. Une concentration totale complété par une passion ardente, jamais Hiori n'avait jamais vu ça de sa vie. Et ce spectacle était absolument époustouflant, il aurait pu admirer cette démonstration de passion pendant des heures.

Mais probablement sentie observé, Mio quitta le regard de sa peinture et se tourna vers Hiori, arborant son habituel grand sourire :

Ah, salut Yo-yo ! Qu'est-ce que tu fais là ?

Oh je...je passais juste par là...Tu passes toutes tes fins de journées ici ?

Ouais ! Je veux finir cette toile !

Tes parents ne t'attendent pas ?

Mes parents ? Ah c'est vrai, tu n'es pas au courant...je suis orpheline !

Devant cet aveu plus qu'inattendu, Hiori resta muet. À vrai dire, il n'avait imaginé un truc pareil sur elle. Il n'eut qu'un mot qui lui sortit de la bouche :

Oh, je suis désolé...

Tu n'as pas à t'excuser ! S'exclama-t-elle toute sourire, ça ne m'atteint pas trop maintenant !

Pour simple réponse, le jeune homme haussa les sourcils, curieux de savoir pourquoi.

J'ai perdu mes parents quand j'avais dix ans, poursuit-elle en regardant sa toile d'un air nostalgique, c'était dur, c'est sûr, mais je ne regrette rien. J'étais très proche d'eux et ils m'ont donné leur passion pour la peinture donc, je n'ai rien perdu. Ils auraient voulu que je garde le sourire et la bonne humeur comme eux alors, je reste debout aujourd'hui encore. Et puis, même si matériellement, ils ne sont plus là, ils sont toujours là, n'est-ce pas ?

Aucun mot ne sortit de sa bouche. Jamais il n'aurait deviné les choses ainsi. Elle qui était toujours souriante, pétillante et joyeuse, qui aurait cru que son histoire était aussi triste ? Mais, ce dont se rendait compte le jeune homme, c'est que l'écart qui les séparait ne se faisait que plus grand au fur et à mesure qu'il en découvrait plus sur elle. Tellement de choses les différenciaient, ils étaient comme à des années lumière. Ses parents n'étaient plus là mais ils lui avaient donné tellement de choses. Et lui, qu'est-ce qui lui avaient donné ses parents ? Qu'est-ce qu'ils lui avaient apprit ? Rien du tout, si ce n'est de la cupidité et cette envie perverse d'atteindre le plus haut podium. En réalité, c'était à peine s'il avait des parents. Alors que Mio, elle, elle n'avait certes plus ses parents mais ils vivaient encore en elle et cela avait fait la personne qu'elle était aujourd'hui.

Il l'enviait un peu en vrai, peut-être que s'il était à sa place, peut-être que son monde serait coloré, comme elle.

Dis Yo-yo, demanda-t-elle soudainement, c'est quoi ta couleur à toi ?

Ma couleur ? Répéta-t-il en sursautant, je sais pas. C'est quoi la tienne ?

La mienne ? Eeuuuuuh je sais pas... Sûrement le bleu ! Euh non, le jaune ! L'orange ? Le rouge ? Oh je sais, le vert ! Non, ça ne peut pas être ça...

Un léger rire traversa la gorge de Hiori alors que Mio semblait en pleine réflexion. Puis, une épaisse goutte de peinture tomba de son pinceau avant de s'écraser lourdement contre le draps étendu sur le sol.

De quelle couleur était-elle ?

Jaune.

	Jaune

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𝙋𝙖𝙡𝙚𝙩𝙩𝙚 | ᴴⁱᵒʳⁱ ʸᵒ ˣ ᴼᶜOù les histoires vivent. Découvrez maintenant