Chapitre 87 / Amadouer la bête

Magsimula sa umpisa
                                    

Darius admira sa force de caractère.

Une fois la voiture à l'extérieur du parking, Lupita inspira fort, témoignage qu'elle avait pris sur elle tout au long du court trajet qui les avait menés à l'air libre. De nouveau en capacité de réfléchir correctement malgré la fatigue, elle décida de prendre les devants sur la conversation à venir qu'elle pensait désagréable.

— De quoi vouliez-vous parler, M. Ryker ?

Darius nota la sécheresse du ton. Il jeta un œil au profil de la jeune femme et remarqua sa détermination à ne pas le regarder. La conversation allait être houleuse. Même fatiguée, Lupita ne se laisserait pas embobiner.

— Mlle Jones, je vais avoir besoin de vous pour une nouvelle mission.

— Vous avez besoin que je surveille quelqu'un d'autre dans la boite ? s'exclama aussitôt la jeune femme à mille lieux d'imaginer ce qu'il lui demandait vraiment.

— Pas en tant qu'informaticienne.

—Pas en tant qu'inform... Oh ! Non ! Alors là ! Pas question de jouer encore à ce jeu-là ! Je vous l'ai dit !

— Le contrat est toujours valide, et j'ai besoin de vous.

— Ça va être quoi cette fois ? Un restaurant ? Une garden-party ? Pas un mariage, j'espère ! Je déteste les mariages !

— Il y aura bien un mariage, mais dans quelques semaines seulement. J'ai reçu une invitation de la part d'un client. Mais ce week-end, il s'agit de bien pire, j'en ai peur.

— Pire qu'un mariage ? Vous voulez rire ?!

— Une réunion de famille à New-York.

C'était tellement inattendu, tellement surréaliste que Lupita resta sans voix pendant quelques secondes. Ensuite, ce fut un flot ininterrompu de paroles.

— C'est un cauchemar ! Vous ne pouvez pas me demander ça ! C'est en dehors de clauses du contrat, j'en suis sûre ! Je devais seulement me montrer avec vous une ou deux fois pour éviter qu'on vous ennuie ! Là, j'ai l'impression de devenir votre petite-amie à plein temps ! Vous savez depuis combien de temps je n'ai pas fait de vraie cession de jeu avec mes potes ?! Et on en parle des conventions que j'ai loupées ! Vous êtes partout, tout le temps ! C'est insupportable ! Mais pourquoi j'ai accepté ?! Et ne me dites pas « pour l'argent » ! Je sais que c'est pour l'argent ! Mais bordel ! Est-ce que toutes ces emmerdes valent ce que vous me donnez !?

— À vous de me le dire ? Vous voulez plus ?

— Mais non ! Oui ! Non ! Ce que je veux, c'est ne pas aller avec vous à New-York affronter votre famille au grand complet ! C'est bon, j'ai vu Deimos ! Ça n'a pas été brillant, je vous le rappelle !

— Deimos, n'est pas ma famille, Mlle Jones. D'ailleurs, à bien y réfléchir, il ne l'est plus et après ce week-end, n'aura plus le droit d'intervenir parmi les Ryker d'une quelconque manière.

— La société ne lui appartient pas ?

— Il en a des parts, mais pas suffisamment pour nous nuire. Mon père a fait en sorte que moi et mes frères et sœurs nous détenions une majorité.

— Aucun d'entre eux ne sera de son côté ? Jamais ?

— Ça m'étonnerait. Je sais que vous êtes fille unique et que votre famille n'est pas vraiment soudée, mais ça n'est pas le cas de la mienne. Mon père y a veillé.

— Je ne peux pas aller à New-York, je suis convalescente.

— Argument en parfaite contradiction avec ce que vous avez décidé de faire aujourd'hui.

— J'aime mon travail, vous devriez en être content, non !?

— Je le suis. Mais j'ai aussi besoin de vous à New-York. Sachez aussi que l'idée n'est pas de moi, mais de mon frère aîné qui est courant du contrat. Il nous aidera à faire en sorte que la mascarade tienne le coup.

Lupita s'enfonça plus profondément dans son siège. Elle fulminait.

— Pourquoi vous me faites ça ? finit-elle par lancer avec colère.

— Parce que je n'ai pas le choix, répondit-il alors qu'il pensait bien sûr le contraire.

Il avait le choix. Il l'avait toujours eu, mais il ne savait pas comment faire comprendre à la jeune femme qu'il avait de réels sentiments pour elle. Si jamais il avait eu la velléité de le lui avouer maintenant, il était à peu près sûr qu'elle n'y aurait pas cru une seconde, pensant qu'il la trompait pour l'amadouer et la faire accepter. Il valait mieux continuer à feindre. Ce fichu contrat était bien un piège dont il ne pouvait pas, pour le moment, se passer, malheureusement.

— Puta ! Il va me falloir d'autres fringues, dit alors Lupita en se renfrognant.

— La carte est toujours valable. Il n'y a aucun problème.

— Si ! Ma conscience ! J'ai l'impression d'être une pute de luxe !

— Une pute de luxe couche avec son client en compensation. Ce qui n'est pas votre cas, répliqua Darius amusé de la tournure que prenait la conversation.

En cet instant précis, Lupita Jones faisait vraiment son âge. Elle n'était qu'une gamine dépassée par les évènements.

— Quand même.

— Je comprends, même si vous avez l'impression du contraire. Vous n'avez qu'à vous dire qu'il s'agit de costumes de scène. Vous êtes une comédienne, et une comédienne a besoin d'accessoires.

Lupita soupira et finit par dire.

— Attendez-vous à une note salée. Ça va rendre Emmanuelle folle, cette histoire.

Darius sourit à l'évocation de la meilleure amie. Il avait gagné. Elle viendrait. Et elle n'avait pas reparlé du baiser. Tout allait pour le mieux, non ? Vraiment ?

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