Chapitre 72 / Cernés par l'amour

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— Tu as oublié l'autre exercice de ce matin, ajouta Aïko avec un sourire en coin.

— L'autre exercice ? interrogea Jung qui n'avait pas compris les conciliabules des trois amies au sujet de « Dieu ».

— Pas suffisant, se contenta de répondre Lupita.

— Mais de quoi vous... Ohhhh ! finit Jung en comprenant enfin, face aux regards lourds de sous-entendus des deux jeunes femmes. Vous voulez dire que votre Emmanuelle s'est tapé « Dieu » ?

— Himself.

— En personne.

— « Zeus »aurait été plus judicieux dans ce cas, pour votre voisin. Parce que« Dieu », à ma connaissance, n'a jamais réellement fait « zizipanpan » avec personne.

— À démontrer... sourit Aïko qui sentait que le blasphème le dérangeait un tantinet.

— Mlle Chapelier ! s'exclama-t-il avec un air faussement outré.

— Moui ? fit-elle avec une moue adorable en se pendant à son cou. Je suis prête à me faire pardonner, finit-elle en l'embrassant encore.

Il était très clair désormais que Jung et elle ne formaient plus un faux couple, mais un vrai. Que le jeune homme le veuille ou non, d'ailleurs. Dès le départ, Aïko n'avait pas voulu jouer la comédie, mais elle avait accepté pour aider Lupita. Si Jung avait été différent, elle n'aurait sans doute pas donné suite. Mais Jung était Jung .Beau gosse, - on ne pouvait lui enlever ça -, mais pas seulement. Amusant et sérieux. Efficace et passionné par son travail. Montrant un réel talent à arranger les choses ou à s'intéresser aux autres. Aïko avait saisi l'opportunité. Elle n'était pas encore amoureuse, - pour le moment, elle s'amusait -, mais elle ne se l'interdisait pas. La vie était trop courte pour se gâcher le peu de temps imparti en tergiversations sur l'amour.

Lupita s'était éloignée seule pour laisser de l'espace au couple. Au regard lancé par Jung, elle sentait que la discussion allait prendre une tournure plus sérieuse rapidement. Aïko allait devoir éclaircir son jeu. Elle ne pouvait pas faire semblant et ne pas faire semblant. Lupita ne s'inquiéta pas. Connaissant son amie, le résultat serait forcément à son avantage. Contrairement à Emmanuelle, Aïko finissait rarement en larme après une rupture.

Réellement seule pour la première fois de la journée, Lupita réfléchit elle-aussi à sa situation. Elle se demanda à quel moment sa fausse relation sous contrat avec Darius Ryker avait glissé vers une proximité suffisante pour tenter un baiser. La situation était relativement inhabituelle, certes, mais tout avait été à peu près clair jusqu'à présent. Du moins de son point de vue.

Or, Lupita avait senti le désir de Darius et s'était étonnée du sien propre .Elle n'avait pas consciemment de sentiments ou d'appétence pour lui, - même si elle reconnaissait, sans se voiler la face, qu'il était vraiment très, très séduisant. Et par là, elle voulait dire canon.-. Jusqu'à présent, la question ne se posait même pas, d'ailleurs. Il était son patron avant tout. Il l'avait contraint à un marché qui lui compliquait la vie et la mettait en porte-à-faux vis-à-vis de ses collègues. Lupita n'était pas comme Emmanuelle qui imaginait une situation romantique à chaque occasion, ni comme Aïko qui saisissait les opportunités de s'envoyer en l'air sans difficulté.

Lupita, elle, était aveugle et sourde. Elle ne se rendait compte des choses qu'une fois qu'elles étaient arrivées. Sa rupture avec Jeremy en était une preuve flagrante. Mais pas seulement en amour. Dans la vie en général. Elle n'anticipait pas les malheurs à venir ? Si ! Mais pas ceux qui pouvaient réellement lui tomber dessus. Elle était naïve et pleine d'illusions, trop confiante en l'humanité en général et souvent déçue, mais jamais suffisamment pour ne pas continuer à espérer le meilleur pour tout le monde. C'était un défaut ou une qualité en fonction du moment.

Dans la situation présente, elle réalisa qu'elle allait devoir revoir Darius en faisant comme si rien ne s'était passé. Comme si elle n'avait rien ressenti. Comme si rien n'avait été scellé par ce baiser.

Elle soupira en arrivant sur la plage. Emmanuelle sautillait sur place en s'esclaffant devant Darius qui restait dans l'eau à attendre. Lupita trouva la situation étrange. Qu'attendait-il ? Et puis elle réalisa. Jung avait les vêtements de Darius. Est-ce que ça incluait son caleçon ?

Elle se retourna pour voir si Jung arrivait, mais rien à l'horizon. Lupita eut du mal à retenir un rire, jusqu'à ce que son patron lui fasse signe d'approcher. Là, le sourire se mua en ligne de dépit. Il avait déjà oublié ? Peur panique de l'eau ! Terreur et esprit tétanisé !

Heureusement Emmanuelle s'était aperçue de sa présence et courait vers elle.

— Où est Jung ?

— Sur le chemin.

— J'y vais, sinon le beau gosse va se transformer en statue de glace et de sel.

Lupita faillit lui dire que c'était impossible puisque l'un faisait fondre l'autre, mais préféra la laisser partir. Elle avait compris l'idée, et il y avait urgence. Dès qu'Emmanuelle eut disparu, Lupita s'approcha un peu du rivage. Suffisamment proche pour voir qu'effectivement Darius Ryker avait nager nu, - pas d'élastique visible à la taille et un abdomen fort bien dessiné. Hum -, mais pas trop quand même pour éviter de se sentir en danger et transie de peur.

— Où est Jung ? lança-t-il vers elle, aucunement gêné par la situation.

Il avait eu du mal à la toucher, mais ne voyait aucun problème à se montrer à moitié nu devant elle. Quel homme paradoxal.

— Il arrive, répondit-elle en se tournant avec espoir vers le haut de la plage d'où Emmanuelle surgit avec un tas de vêtement en main et la clé de la voiture. mais pas de Jung, ni de Aïko.

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