Roméo, de son côté, avait souri presque timidement à la brunette avant de dire :

— En fait, je me demandais si tu allais bien. Tu étais absente à l'université aujourd'hui.

— Tu m'espionnes ? Avait rétorqué l'étudiante, sur la défensive.

— Non, non. Un de tes professeurs a su qu'on se connaissait et m'en a donc parlé.

On ne se connaît pas. Avait-elle pensé, énervée.

— Je vais bien.

— Tant mieux.

— Ne soit pas si dur avec lui.

Elwina s'était subitement retournée vers Poséidon, en entendant la voix de ce dernier. Là, tout à coup, elle était prise d'une furieuse envie de le frapper, mais se retint. De quoi se mêlait-il donc ? Elle était sèche avec tout le monde, et c'était ainsi, que ça lui plaise ou non. Le brun vit bien que la jeune femme le fusillait du regard. Il s'était contenté de ricaner, avant de reposer toute son attention sur son cellulaire. La jeune femme n'avait pas pu se retenir de lui lancer en retour :

— Si tu es venu dans l'unique but de me parler, tu sais où se trouve la porte.

— Tu n'es pas obligée d'être aussi désagréable.

— Et toi, tu n'es pas obligé de me suivre partout comme un psychopathe.

— Eh ! C'était l'idée de Roméo de passer te voir. C'est lui, le psychopathe.

Poséidon avait ri tout seul après avoir prononcé ces derniers mots, sous le regard marmoréen de l'intéressé.

— Ecoute, je n'avais pas pour objectif de te déranger... Avait alors dit Roméo, visiblement prêt à faire demi-tour. Mais loin d'être du même avis, son acolyte avait continué :

— Mais maintenant qu'on est ici, pourquoi s'en priver ?

— Je travaille.

Je n'ai pas le temps pour vos conneries.

Et pour appuyer ses dires, l'étudiante s'était postée derrière le comptoir.

— Allons bon, tu ne veux vraiment pas me voir ? Même pour papoter ? Rien à dire ? Rien à demander ?

Visiblement, Poséidon n'était pas prêt à abandonner. Il s'était même levé de son canapé pour s'accouder insolemment face à la jeune femme.

Cette dernière, en pensée, le maudissait de tous les noms. Elle le détestait, en cet instant précis, et pourtant... et pourtant, il y avait cette fameuse voix chantante. Cette voix, qu'il avait, qui lui donnait l'impression que l'instant était parfait. Elle jeta un coup d'œil nerveux à Roméo. Devait-elle s'inquiéter de la présence du tatoué dans la bibliothèque ? Fuir Poséidon à longueur de journée lui donnait bien assez de fil à retordre comme ça, elle n'avait vraiment pas besoin qu'une énième ombre la suive partout. Heureusement, au fond d'elle-même, quelque chose lui disait que ça ne serait pas le cas.

Que lui, il serait différent.

Rien à demander ?

Le pseudo-dieu grec était hypnotisant, et il était difficile de lutter contre l'envie de dire non. Faisait-il exprès d'utiliser ce ton, dans sa voix, ou lui était-il inné ?

Et puis, maintenant qu'il y venait, bien sûr que si elle avait des questions à poser. Poséidon s'y connaissait en folklore, elle le savait depuis quelque temps maintenant. Et si Lou ou Berhed étaient incapables de lui fournir les livres qu'elle désirait, elle allait se procurer les informations voulues toute seule.

La malédiction des chats noirsWhere stories live. Discover now