— C'est Berhed qui gère les archives. J'irai lui demander, dès demain, des informations sur la famille Catasson.

Le blond soupira de frustration. A son avis, la mise en commun des informations envers Elwina aurait dû être faite depuis bien longtemps. Les rivalités entre les habitants du village étaient pensantes en tout point, et impactaient beaucoup trop la communication à son goût.

— Si j'étais à ta place, je demanderais à Simon de...

— Mais tu n'es pas à ma place.

Armel avait parlé sèchement, dans un but autoritaire : Ascelin n'était que son bras droit, pour l'instant, et il ne devait pas l'oublier. Convoquer Simon était une erreur qu'il ne commettrait pas : cet homme était le dirigeant de Kerdoueziou. Le roi. Le maire, comme on dit. Celui qui détenait toutes les clefs du pouvoir. Il appartenait au quartier Elfennel, à l'Est du village. C'était un homme discret et charmant, mais droit. Et débordé. Il ne supportait pas qu'on le convoque pour rien, et ne manquait pas de punir ses concitoyens au moindre faux pas.

— Tu as la puissance pour gouverner, Ascelin, mais tu n'as pas encore l'esprit d'un gouvernant.

Je suis un dictateur en herbe, je sais.

Le blond avait juré dans sa barbe, tout en se levant du fauteuil où il était assis, pour aller s'accouder à la fenêtre.

— A quelle heure iras-tu voir Berhed, demain ?

— Sais-tu quand Elwina n'y sera pas ?

— Elle n'est là-bas que le soir.

— Bien, dix heures dans ce cas. Comme cette histoire te tient à cœur, tu m'accompagneras.

Le jeune homme avait acquiescé, satisfait.

Enfin, non, il ne serait satisfait que lorsqu'il comprendra pourquoi Elwina l'obsédait tant. Et pourquoi elle obsédait Poséidon. Et Roméo.

Et pourquoi ça le dérangeait tant, qu'il ne soit pas le seul à s'obséder pour elle.

Pendant ce temps, dans le centre du village, Elwina était toujours à la bibliothèque. Elle venait de terminer la cuisson d'une trentaine de cookies, et semblait plutôt satisfaite du résultat. Bon, elle n'arrivait à faire que ceux au chocolat, mais c'était un bon début. La jeune femme avait déposé son trésor sur le comptoir, et l'odeur alléchante fit venir tous les lecteurs et travailleurs. Les trois-quarts des gâteaux disparurent en dix minutes à peine.

Elle s'assit sur l'un des canapés du rez-de-chaussée, pour souffler un peu, mais au même moment la petite cloche de la porte d'entrée retentit. La jeune femme s'était relevée à contre-cœur, mais s'immobilisa subitement en découvrant les deux personnes qui venaient de franchir le seuil.

Poséidon et Roméo.

Les deux hommes s'étaient tournés vers elle, en souriant. Roméo était vêtu d'un tee-shirt de sport à manches longues, qui moulait le moindre millimètre de son corps à la perfection, et d'un short paradoxalement trop grand. Ses mollets, laissés à découvert, laissaient apparaître de nouveaux tatouages. Elwina se demanda si tout son corps en était recouvert, ou simplement ses membres.

Poséidon, lui, avait un pantalon en lin rayé, assortit à un pull blanc cassé.

— Vous cherchez quelque chose ? Leur avait-elle demandé d'un air suffisant, déjà lasse de leur présence.

— Quelque chose, non. Quelqu'un, oui. Avait ironisé le brun, ce qui ne fit pas du tout rire son interlocutrice. Poséidon avait levé les yeux au ciel, et s'était affalé sur un canapé sans un mot de plus, les yeux rivés sur l'écran de son téléphone.

La malédiction des chats noirsМесто, где живут истории. Откройте их для себя