Chapitre 51 / Les conspirateurs

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— Formidable ! Non seulement il va falloir que je joue la comédie face à votre famille, mais en plus, il va falloir que je mente à tout le monde et que je m'en prenne plein la tête. Rappelez-moi ? C'était dans le contrat, tout ça ?

— Pas exactement, mais c'était déjà le plan.

— Oui, mais normalement, pour la première, j'aurais dû être une autre personne, et pour les autres, ça aurait été un mensonge par omission. Rien de grave en soi, et surtout, sans trop de répercutions pour moi. Là, c'est différent, et autrement plus grave ! Je vais passer pour...

— Non. Vous n'aurez pas cette image auprès des personnes qui vous côtoient, parce que vous n'êtes pas ce genre de femme.

— Pas ce genre de femme ?

— Une arriviste. Personne ne pourrait croire que vous couchez avec moi pour accéder à une position plus favorable. Ceux qui vous connaissent, savent qu'il n'y a qu'une chose dans votre vie qui soit digne d'intérêt à vos yeux : l'informatique.

— Ce qui veut dire aussi, que personne ne croira à notre couple.

— Il va falloir être très convaincant.

— C'est facile à dire.

— Sachez que ça ne sera pas plus évident pour moi. Je vais devoir répondre à toutes sortes de questions sur vous, sur mes sentiments, et assumer la mésalliance que certains verront dans cette relation.

— Alors pourquoi ne pas abandonner ? Pourquoi s'acharner ? Mieux vaut arrêter là. Vous vous trouverez une vraie petite amie d'ici peu de temps. Un célibataire en vue dans la capitale ne reste pas seul très longtemps, je pense.

— Je n'ai pas le temps de m'en trouver une vraie. Pas pour le moment en tout cas. Mon travail prime avant tout. Je pensais que vous seriez justement la personne la plus à même de comprendre ça.

Elle comprenait en effet. Darius Ryker était un bourreau de travail comme elle. Au moins, ils auraient ça en commun. Pour le reste, en revanche...

— Dès que ce sera possible, nous mettrons fin au contrat. Je vous le promets. Mais pour le moment, j'ai besoin de vous. J'ai besoin que vous jouiez votre rôle à la perfection.

— Hum... Pas de pression surtout. Est-ce que le contrat pourrait être modifié, alors ? Avec un avenant sur le fait que la mission n'est plus la même, et que la rémunération a augmenté.

Face au pragmatisme de la jeune femme, Darius sourit enfin. Elle ne perdait pas le nord. Et il la comprenait. Pas sûr que lui, aurait accepté tout ce qu'il exigeait dans la même situation. Ou si. Et comme elle, il aurait demandé plus d'argent en compensation des préjudices à venir.

— Le contrat sera modifié, et la rémunération augmentée. Je la double, dit-il tranquillement en continuant de sourire.

Et ce sourire, aussi inattendu que solaire, perturba Lupita qui le fixa, avec en tête, ce qu'un certain nombre de femmes devaient penser en le voyant. C'est-à-dire qu'il était tout à fait charmant quand il ne faisait pas sa tête de tueur psychopathe, le bougre ! Elle se reprit. Elle aussi, elle était tout à fait charmante quand elle le voulait ! Peut-être que ça pouvait fonctionner, finalement ? Peut-être que le monde autour d'eux serait dupe, que personne ne mettrait en doute leur couple aussi peu assorti soit-il.

— Et plus de baiser intempestif et mal venu !

— Plus de baiser intempestif et mal venu.

— Je serai en bas de chez moi en robe de cocktail dans deux jours, se contenta-t-elle de dire en partant cette fois.

Darius resta assis un instant avant de se lever. Il était épuisé par sa soirée de beuverie, mais il savait reconnaître une victoire quand il en vivait une. Et ce qui venait de se passer en était une. Il avait réussi à convaincre Lupita Jones. Et bientôt, il serait débarrassé de Deimos Yannopoulos.

Quand il dirait à Magnus tout ce qu'il avait appris aujourd'hui, son frère n'en reviendrait pas. Il allait être furieux. Deimos jouait avec le feu en pensant que les frères Ryker n'étaient pas à la hauteur de leur père. Il les pensait faibles et malléables. Il allait bientôt déchanter. Et contrairement à Alexander, Magnus, Darius et Jung ne seraient pas aussi indulgents que ne l'avait été leur père tout au long de sa vie.

Alexander avait toujours fait en sorte de ménager les susceptibilités. Il voulait que sa femme soit heureuse. Il voulait montrer qu'il était digne par le respect qu'il mettait en toute chose. Ses enfants n'auraient pas autant de scrupules. Deimos était peut-être leur grand-père, il était aussi le digne fils de son propre père, à l'origine de la société qui avait enrichi la famille, mais il venait de perdre son droit au respect en s'attaquant d'une manière aussi déloyale à ses propres héritiers.

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