Chapitre 36 / La nouvelle Lupita

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Emmanuelle fut immédiatement emballée par ce qu'elle voyait. La vendeuse aussi. Tu m'étonnes !

— Est-ce que vous auriez un châle ou autre chose pour accompagner la robe ? demanda aussitôt Lupita en fixant la vendeuse.

— Oui, bien sûr. Je vais vous chercher ça, répondit-elle en tournant les talons.

— Emmanuelle ! Elle est trop chère ! Tu as vu le prix, bordel ! murmura Lupita dès que la vendeuse se fut éloignée.

— On s'en fout ! C'est pas toi qui paye ! répliqua cette dernière.

— Je ne peux pas acheter cette robe ! Enfin ! Aïko ! Aide-moi !

— Je suis au regret de te dire qu'Emma a raison ! Il te faut deux robes, et on n'a encore rien acheté, alors que ça fait deux heures qu'on arpente les boutiques ! Alors, tu vas me prendre cette robe, Lupe ! Tiens d'ailleurs, je prends une photo avec ton appareil et je l'envoie à ton boss !

— Je t'interdis de ... commença Lupita en se précipitant sur son amie qui tenait le téléphone trop haut pour qu'elle puisse l'atteindre.

La vendeuse revint avec un châle aussi arachnéen que cher et les trouva en pleine lutte pour le smartphone.

— On va la prendre et le châle aussi, dit simplement Emmanuelle en ne prêtant aucune attention à ses amies, comme si elles n'avaient été que des enfants turbulentes qu'il fallait ignorer.

Le bruit caractéristique de la messagerie entrante arrêta les deux lutteuses. Aïko, tout sourire, rendit l'appareil à sa propriétaire qui ne put que constater que la photo était arrivée jusqu'à son patron et qu'il l'avait commentée d'un « Ça pourra aller ».

— «Ça pourra aller » ! Je rêve ! Quel goujat ! s'exclama Emmanuelle qui avait lu le message par-dessus l'épaule de Lupita. Tu vas être splendide dans cette robe.

— Une de trouvée ! Yess ! lança Aïko avec les bras au ciel.

Une autre heure s'écoula en essayages divers et photos envoyées et commentées. Au bout du compte, Lupita se demandait si Ryker n'avait pas fomenté tout ceci pour la torturer pendant qu'il se marrait derrière son écran. En plus de la robe, elle avait fini par acheter deux paires de kitten heel et des sandales lacées sur le mollet avec un talon discret. Pour un repas plus informel, Emma lui avait dégoté une jupe évasée avec une chemisette et un pull col en V. Le tout dans les tons camel et blanc. Du sobre que Lupita avait apprécié pour leur discrétion, même si le prix l'avait encore fait bondir.

À présent, Lupita n'en pouvait plus, et pourtant, il lui manquait une robe pour les évènements un peu hors du commun. D'après Emmanuelle, il lui fallait une robe épatante qui mettrait en valeur son teint et son corps bien proportionné. D'après Aïko qui n'était pas loin de la rupture d'anévrisme, il lui fallait une robe. Point. Lupita voulait simplement un juste milieu.

Alors qu'elle arpentait une nouvelle avenue bordée de boutique de robes de mariées, Lupita s'arrêta net, captivée par une vitrine.

— Hé ! Avance ! Ce genre de robes, c'est pas pour tout de suite ! Et surtout le jour où tu auras à en choisir une, oublie-moi ! s'exclama Aïko qui était la seule à avoir remarquer la distraction de Lupita.

— Tu regrettes maintenant ! Hein ?

— Putain ! Oui ! Tu aurais dû me prévenir qu'elle était infatigable !

— Il fallait que tu en fasses l'expérience pour comprendre et ne pas oublier !

— Ça ! Je ne suis pas près d'oublier ! Je vais crever... pourquoi tu t'es arrêtée là ?

— Regarde au fond, dit Lupita en montrant un coin de la boutique du doigt.

Aïko se pencha en mettant ses mains en visière pour mieux voir. Et elle vit.

— Putain, t'as l'oeil !

Oui, Aïko avait tendance à répéter pour un oui ou pour un non le mot en « P » dès qu'elle était fatiguée ou énervée.

— Qu'est-ce que vous regardez ? demanda Emmanuelle qui était revenue sur ses pas.

— Viens, Emma ! On entre !

— Mais c'est une boutique de robes de mariées !

— Ouais ! Je sais.

Les trois jeunes femmes entrèrent dans la petite boutique vide. Aucune vendeuse ne semblait être présente et rien n'indiquait qu'il y ait eu la moindre personne vivante dans un rayon de 10 mètres.

— Peut-être que c'est fermé, en fait. Tu as regardé sur la porte ? demanda Emmanuelle, plus impatiente qu'intriguée. Elle avait prévu de visiter au moins cinq autres boutiques avant la fin de la journée.

Mais Lupita ne l'écoutait pas. Elle s'était dirigée directement vers LA ROBE qui l'avait poussée à entrer. Aïko l'avait suivie sans rechigner. Elle la trouvait fabuleuse aussi, et pas seulement parce qu'elle était d'un noir profond. Quand Emmanuelle se retourna, elle les vit en train d'envoyer une photo.

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