2. Les lavandes ne ressentent rien.

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Souvent, on a cru que j'étais sans coeur. C'est faux. J'ai toujours été très gentille avec tout le monde.

Même mon frère, Pelage de Noisette, pense que je suis méchante. Un jour, il m'a dit que j'étais une coquille vide. Que je ne ressens ni la joie, ni la tristesse, ni la colère, ni la sérenité.

Heureusement, Moustache de Laurier a toujours cru que j'étais normale. Je ressens des émotions ! Si on pleure, c'est qu'on est triste, si on rit, on est heureux.

Donc si je fais semblant de pleurer et de rire...

( NDA : Je sais que les chats ne rient et pleurent pas, je suis désolée de cette erreur )

Je ressens des émotions ! Pourquoi personne ne me crois ?

Quand j'ai vu le corps de Moustache de Laurier, je n'ai rien ressenti. J'aurais été triste si nos liens étaient plus forts. On était sûrement pas assez proches pour que je pleure.

Mais j'étais quand même triste. C'était ma meilleure amie, et elle me défendait face aux autres.

***

La lune ronde et pâle donnait des reflets argentés sur la neige blanche. Le chef du clan prononça distinctement :

« -L'une de nos guerrière à péri. » Il fit une pause, comme pour chercher ses mots ou retenir ses larmes. « Moustache de Laurier était une brave guerrière. Elle à rendu l'âme avec honneur dans un combat contre un renard. »

Les autres chats des clans poussèrent des cris de terreur et de tristesse. Moi, j'étais bouleversée. Comment ça se faisait, que les autres clans soient tristes pour sa mort ? Elle était un avantage pour notre clan en combat. C'est stupide de faire semblant d'être triste pour quelqu'un qu'on ne connaissait même pas.

Poil de Noisette tremblait de tout son long. Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Je ne l'aime pas. J'ai levé les yeux au ciel, et j'ai vu la figure pâle et ronde de la lune. C'est vrai que tout les proches de Moustache de Laurier l'appelait « Petite Lune ».

Ça lui allait bien. Ça allait avec ses yeux émeraudes, avec son pelage toujours brillants et doux, ça allait avec les teintes noires et blanches de ses poils épais.

Elle adorait la neige, elle adorait se rouler dedans, sauter de haut et ne pas se briser la nuque grâce à l'épaisse couche blanche.

Elle était tellement vivante...

Tellement....

Soudain, avec tous ses souvenirs de fausse joie... j'ai versé pour la première fois une vraie larme de tristesse.


Et je me suis sentie enfin libérée.

On se remetWhere stories live. Discover now