L'INCONSCIENT

c h a p i t r e 11

- Tu...
- T'en a mis du temps Alya. C'est pas bon. Dit-elle normalement.
- C'était toi ?
- Tout ce qu'il t'arrive ? Ah non c'est pas moi. Mais fallait bien que tu doutes de moi un jour ou l'autre. On se connaît pas, je ne t'ai même pas dis mon blase... T'es même en retard.

Je ferme les yeux un bon moment avant de nouveau la regarder. Je tiens les barreaux de ma cellule et prend la parole.

- Tu te fous de ma gueule ?
- Regarde où tu es. Tu dois douter de tout pour survivre ici. Ne faire confiance à personne, ne rien dire de trop à personne. Pas même à toi-même. Les murs ont des oreilles. Chuchote t'elle pour sa dernière phrase.
- Pourquoi me foutre le doute sur toi si tu n'as rien fais de mal ?
- Je ne t'ai rien fais de mal hier, je ne t'ai rien fais de mal aujourd'hui, mais qui sait ce que je te ferais demain ?

J'arrête tout simplement la discussion sans rien dire de plus et vais m'allonger sur mon lit. J'étais déjà assez parano ces temps-ci. Je ferme les yeux et essaie de quitter ce monde.

2 février 2020
12:04

Qu'est-ce que je dois faire ?

- Mange.
- Je t'ai pas parlé.
- Je sais. Mange. Ça fait une heure tu fixes la purée. Me dit l'Inconnue.
- Arrête de t'asseoir avec moi. On est pas pote.
- J'ai pas dis le contraire.
- Pourquoi tu me colles alors ? Tu m'as dit de ne croire personne ici alors dégage.

Elle pose sa cuillère sur son plateau et me regarde dans les yeux tout en mâchant.

- Je t'ai aussi dis de fermer ta gueule car les murs ont des oreilles.
- Je m'en fou.
- Tu sais te battre ?
- J'ai une vision plus humaniste en art.
- Continues comme ça alors tu crèveras bientôt.

Ça m'agace.

- Pourquoi ?
- Si tu sais pas te défendre tu comptes faire quoi exactement. C'est quoi qui va te permettre de prendre ta vengeance ? Non. Plutôt commencer par sortir d'ici, vivante. Dit-elle.
- J'ai pas besoin de me battre pour sortir d'ici.
- T'en a besoin pour rester vivante. Tu réalises pas à quel point en ce moment même des gens sont en train de préparer ta chute Alya.

Je regarde les gens autour de nous qui sont en train de manger comme des porcs. Des hommes, des femmes, tous effrayants. Je reste une gamine à côté de ces gens.

- T'es pas la seule ici à savoir que t'es innocente.
- J'ai jamais dis que j'étais innocente.
- C'est bien ça le problème. Ici, personne n'aime les innocents.
- Pourquoi tu me dis tout ça ? Je demande.
- Parce que tu vas mourir.

Elle se remet à manger pendant que je la regarde les sourcils froncés.

- J'ai pas l'intention de vivre.
- Tu veux mourir sans trouver les gars qui ont tué ton gentil papa ? T'as bien raison. T'en est incapable de toute façon.

Je baisse la tête et regarde mes mains, qui autre fois tenaient des pinceaux, des crayons, aujourd'hui détruits par la cruauté de ce monde.

C'est vrai. Qu'est-ce que je vais faire si je me trouvais en face des tueurs qui ont niqué ma vie ? Si ce n'est que de mourir aussi comme ils ont fait avec mon père.

- Tu sais te battre ? Je demande soudain.
- Ça dépend. Pourquoi ?
- Apprends moi.
- T'as pas besoin de savoir te battre pour entrer en enfer, tu peux mourir en paix. Me répond t-elle.
- J'en ai besoin pour envoyer en enfer les vrais coupable du meurtre de mon père.