Chapitre XXXIX - Être-ange

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— Tu me l'as dit, oui. Tu as bien de la chance.

— Qu'est-ce que tu veux, Eden ? dit Elias en nouant enfin son chignon.

— Rien.

— Pourquoi es-tu venu ?

— Je... »

Il hésita. Sous sa langue, les mots se défilaient, comme empêtrés dans la colle de ses mensonges et de son arrogance.

« Je voulais savoir comment tu allais. Bon match. »

Il n'ajouta rien. La porte se referma sur son dos. Son odeur de menthe s'éloigna et le jeune homme songea qu'il l'appréciait, finalement, cette odeur. Le souvenir de cette journée sous la pluie, baignée du parfum fuyant, ne suffisait plus à l'en dégoûter. Il ne pouvait s'empêcher d'imaginer l'être à la chevelure corbeau et aux yeux de nuit, sa peau claire et les grains de beauté qui s'y découpaient. Décidément, il s'en délectait. Tant de l'image que de l'effluve.

Le nez satisfait, il se rendit sur le terrain et, moins d'une heure plus tard, le dernier match de la saison débutait. Victor, quant à lui, manquait à l'appel.

Lessivés, les joueurs s'effondrèrent sur le sol. La première mi-temps s'achevait : leurs adversaires les avaient menés sans aucune difficulté. Jay tapotait frénétiquement du pied contre les marches de l'escalier sur lequel il s'était assis.

« Toujours pas de nouvelles de Walter ? »

Réponse négative. Il se redressa. Alors qu'il ouvrait la bouche, Noa déclama une série d'encouragements. Puis elle les invectiva sur le même ton, les incendiant des reproches qui brûlaient les lèvres du capitaine de l'équipe. Nuls, pas foutus de jouer correctement, vous allez perdre si vous continuez comme ça.

« Ressaisissez-vous, les gars ! ajouta-t-elle, les poings sur les hanches. Vous devez gagner, j'ai parié avec Eden ! J'aurais l'air de quoi s'il avait raison ?

— Il a parié qu'on perdrait ? »

La voix de Jay vibra, consternée. Son amie hocha la tête.

« Bande de feignasses, c'est une question de fierté, ce crétin ne peut pas avoir raison. »

Il s'était levé pour les surplomber.

« Ça fait mal, le manque de confiance de ton copain, pas vrai ? dit Liam en ricanant.

— Ce n'est pas mon copain, Tensen, dit son ami en lui jetant un regard sombre. Et ça ne me fait pas mal. »

A ces mots, imperceptible, un sourire effleura les lèvres d'Elias, immobile, à l'écart.

Quelques minutes plus tard, la seconde mi-temps débuta. Et s'acheva après vingt-cinq minute, avec un petit rire narquois d'Eden devant le désespoir incomparable qui lui parvint par vagues. Jusqu'alors allongé dans un carré d'herbe sèche, le nez pointé vers le Ciel morose zébré de nuages, il s'étira. Il secoua ses vêtements pour se débarrasser des brins jaunâtres, ajusta ses vêtements et retourna à l'intérieur pour confirmer ce qu'il savait déjà. L'équipe de Jay avait perdu.

Il tendit sa main gantée vers Noa qui l'écarta d'un tour de poignet. Les plis du front de la jeune femme s'accentuaient avec son froncement de sourcils.

« Allons, Noa, un pari est un pari, dit l'ange, incapable de retenir un élan de condescendance. Ne t'avais-je pas dit que tu échouerais face à moi ?

— Tu aurais pu avoir confiance, au moins.

— Pourquoi ? Un miracle n'est jamais éternel, ma belle. Et c'est diablement fatiguant à maintenir. »

Eden - Le Temps ne s'arrêtera pasKde žijí příběhy. Začni objevovat