CHAPITRE 4 : Troc

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Le lendemain, j’essayais malgré la fatigue de garder les paupières ouvertes. Il n’était que huit heures du matin et pourtant je mourrais d’envie d’aller me coucher.

Hier soir avec Kandinsky, mon ami, – je pouvais le dire maintenant – nous avions passé la nuit à visiter l’orphelinat. Enfin, il m’avait fait visiter toutes les pièces.

La bibliothèque, la salle de jeu où il y avait un billard, l’école, qui était dans l’aile droite de l’immense bâtisse et plein d’autres pièces dont j’ai surement oublié le chemin.

Le professeur Adams, un vieil homme âgé avec des lunettes rondes, nous fit ranger par deux devant la porte de sa salle de classe. Sa posture, toute droite, me faisait penser à un militaire. Peut-être avait-il été dans l’armée avant de venir ici ?

Il attendu qu’il y est le silence. J’observais du coin de l’œil mon camarade avec qui j’étais rangée. Un garçon aux cheveux ébènes et aux prunelles vertes. Sa peau mate me disait qu’il n’était pas ici.

Un étranger ? Comme moi ?

J’avais beau avoir grandi ici, je n’étais pas de Russie. De ce que ma mère m’avait raconté, nous avions vécu en Espagne jusqu’à mes un an avant que mon père est la folle idée de déménager à des kilomètres. Dans un nouveau pays.

La Russie.

J’habitais Levashovo avant de venir dans cet orphelinat. C’était le plus près de chez moi, seulement à quelques kilomètres de Saint Pétersbourg.

Le professeur nous fit entrer dans la classe et je la reconnue puisque j’y était allée avec Kandinsky hier soir. J’avais été étonnée qu’il puisse et sache ouvrir toutes les portes. De ce que j’avais compris, il était très doué pour crocheter des serrures.

Lorsque je passais devant Monsieur Adams, il me retenu par le bras. Les autres élèves entrèrent tandis que je restais à côté de lui, les sourcils froncés.

Pourquoi est-ce que je ne peux pas entrer ? Il sait que je suis venue hier soir ? Il va me punir. Ce n’était pas mon idée, pour ma défense. Mais je ne vais quand même pas rejeter la faute sur lui ? Mon seul et unique ami.

Ce fut seulement quand tous les élèves furent rentrés que Monsieur Adams nous fit entrer. Il se posta devant toute la classe, droit comme un piquet. Je semblais minuscule à côté de lui.

Pour me sentir moins intimidé, je scrutais les visages inconnus de mes camarades. Je n’en connaissais aucun, jusqu’à ce que mon regard croise des yeux bleus.

Il était le seul qui avait la même taille que les autres en restant assit. Sa grandeur était exaspérante. Il était grand et j’étais petite.

Il me sourit malgré ses yeux rouges de fatigue et les cernes qui commençaient à apparaitre sous ses yeux. Je lui rendis son sourire, n’écoutant absolument pas un mot de ce que disait mon professeur.

—    Mira, tu peux aller t’assoir là-bas.

Monsieur Adams pointa du doigt une place vide. Elle était juste devant Kandinsky, à côté du garçon avec qui j’étais rangée quelques minutes plutôt. Juste à côté de mon ami était assise Maya. Je ne l’avais pas vu avant et je lui adressais un sourire auquel elle répondit aussitôt.

Je me dirigeais à ma nouvelle place, souriante à l’idée d’être entouré de personne que je connais. J’avais peur de me retrouver seule une fois de plus.

Je m’installais, sortant de mon sac les affaires qu’Agathe m’avait donné ce matin tout en m’expliquant dans quelle classe j’allais être.

—    Je ne pensais pas qu’on allait être dans la même classe, me chuchota Kandinsky.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant