Chapitre 3 - Celui qui chuchotait à l'oreille des livres

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Il plut jusqu'à la toute fin des vacances, une pluie maussade, bruyante, qui ne laissait aucun répit à la nature. Le jardin se retrouva bien vite inondé, ce qui désespéra Delora : son petit potager ne fut plus qu'un tas de gadoue aux feuilles fanées et aux légumes pourrissants.

Je passais mes journées à terminer les devoirs donnés par mes professeurs, Chester sur mes genoux, dans le confort de la bibliothèque, me réjouissant du bruit des gouttes d'eau frappant les carreaux.

J'en profitai également pour faire plus amples connaissances avec Libatius, et mes premières impressions se révélèrent exactes : c'était un incorrigible bavard qui avait, semblait-il, réponse à tout.

« Deux pieds, la culture du géranium dentu se fait en octobre, pas en septembre ! Pfff, crois-tu vraiment que Barnabas était présent lors de l'insurrection des gobelins ? Tu prononces mal ce sortilège, c'est leviôôôsa, pas leviosaaa... »

Même Chester finit par déserter la bibliothèque, agacé par le verbiage incessant du livre.

« Quel matou susceptible ! Dis-moi, où as-tu donc pêché un chat pareil ? »

— C'est un cadeau de ma mère, éludai-je en apposant le point final aux vingt centimètres de parchemin sur les propriétés de la pierre de lune demandées par le professeur Slughorn.

« Cadeau bizarre, si tu veux mon avis. »

— Je n'ai pas souvenir te l'avoir demandé...

Je me bouchai les oreilles pour ne plus à avoir entendre les commentaires incessants de Libatius et relus mon devoir en remuant silencieusement les lèvres. Delora fit irruption dans la bibliothèque au moment où je raturais une virgule qui s'était traîtreusement, glissée dans ma copie.

— As-tu fini ? me demanda-t-elle en déposant sur la table un tas de linge en vrac sentant bon la lessive.

— Oui ! m'exclamai-je, soulagé.

Elle tendit sa main pour lire à son tour mon devoir, tout en fouillant dans les poches de sa longue jupe pour en tirer une paire de lunettes rondes qu'elle posa sur le bout de son nez et prit place sur l'un des larges fauteuils. Je vis ses yeux bondir d'une phrase à l'autre tandis qu'elle prenait connaissance de mon travail, et je profitai du silence pour plier mon linge. Lorsque Delora eut fini sa lecture, elle hocha la tête de satisfaction et me rendit mon parchemin.

— Auras tu besoin d'aide pour ta valise ?

— Non, je vais me débrouiller, déclinai-je.

— Très bien, jeune homme. Lorsque tu auras terminé, rejoins-moi à la cuisine.

J'adorais le dernier soir au manoir : Delora préparait toujours une fête avant mon départ pour Poudlard. Après avoir réussi l'exploit à boucler ma grosse malle, je regagnai en toute hâte la cuisine et passai la fin de l'après-midi à préparer gâteaux et biscuits pour le dîner, bien au chaud près de la cheminée dans laquelle flambait une grosse bûche, la pluie drue tapant sur les fenêtres.

Pour l'occasion, mon oncle accepta de délaisser son précieux Hypérion et mania sa baguette magique pour parer la salle à manger des couleurs de Poufsouffle. Philémon osa faire une petite incursion chez Honeydukes en catimini pour rapporter une quantité effroyable de friandises aux couleurs bariolées, ce qui fit hurler Delora.

Durant le dîner, chacun y alla de sa petite anecdote scolaire, surtout mon oncle qui se laissait toujours aller lorsqu'il abusait de la liqueur des gnomes (qui aurait pu penser qu'il était un élève aussi turbulent ?).

Philémon avait, quant à lui, suivi sa scolarité au Sanctuaire de Circé, sur l'une des nombreuses petites îles secrètes qui bordaient la Grèce : l'école formait les jeune sorciers et sorcières à se spécialiser au pratique de la métamorphose.

Le Marcheur de LivresWhere stories live. Discover now