Mehdi, Vol. 1 (Partie longue et intense, prépare-toi !)

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Sur la route de l'Allée qui mène à la station de service, j'observe les immeubles de 4 étages parallèle à moi et les lumières différentes de chaque fenêtre de chaque étage. Du rose, du jaune, du orange... C'est beau, l'immeuble est beau éclairé par cette lampadaire bleue.

Moi qui suis souvent dehors et passe souvent dans cette allée, c'est la première fois que je remarque que la couleur de ce lampadaire est différente des autres de la cité. Il devrait propager cette lumière bleue sur tout le quartier, ça le rendrait un peu plus beau et lui donnerait moins des allures de banlieue morte je trouve.

L'allée est courte et donc j'arrive rapidement au feu qui devient rouge. Du fait au fait que ce dernier dure une éternité, tout le quartier le grille mais bon, pour ensuite arriver sur un carrefour afin d'y laisser la vie non merci. Surtout que je suis sans casque là.

Le feu passe au vert et les routes étant vides je me permets quelques roues arrières. Rien de plus bandant que cette sensation d'adrénaline, de liberté nocturne avec les écouteurs à fond. J'en oublie même que certains véhicules peuvent potentiellement être derrière moi.

Arrivé à la station essence, je mets 13 euros d'essence ça suffira à faire taire Brahim qui me voit comme un rat en affirmant je mets jamais de coco ou du moins pas assez de sous dedans. En parlant de ce dernier, je reçois un message de lui qui me dit qu'ils sont pas vers le Collège mais vers Frankfurt avec un plan à me proposer.

SMS, 23h21 : Fais boulette et viens Frankfurt, g un plan là

Je les connais leur plan de fin de soirée comme ça.Ils vont vouloir aller voir des meufs qui n'habitent pas à Goélands et qui viennent d'un autre quartier à coup sûr. En soi je suis pas contre, je suis archi bouillant. Mais demain je vais devoir me lever tôt d'autant plus que Fresnes c'est vraiment pas à côté. Bref, on verra pour leur idée. Je referme le bouchon de réservoir, paye, lève la béquille et roule de nouveau seul, la rue étant mienne cette nuit. Du moins, les seules personnes m'accompagnant sont les lumières de la ville, celle de la route, celles des habitations longeants la rue et le son de Jul que j'ai actuellement dans mes oreilles.

J'arrive plus vite que prévu à Frankfurt et les rejoins dans l'immeuble juste derrière l'épicerie. Même pas besoin de leur envoyer un message vu qu'à peine après avoir garé le scoot, je les entends crier comme jamais. Putain, tu m'étonnes qu'après des voisins jouent contre nous et appellent la police quand ils nous voient faire les cons.

On les fait chier, ils nous font chier, ce sont les règles du jeu. Arrivé, je reconnais Brahim de dos à son corps élancé, chétif et avec toujours la même paire d'Asics qu'il n'a jamais voulu changer. Pourtant il en a des sous de côté mais bon, faut croire qu'il a tendance à chérire ce qu'il a ou qu'il n'est plus si matérialiste que ça. On se ressemble beaucoup avec Brahim même si ce batard a décidé d'avoir les cheveux long maintenant et que faut l'assumer, cet enculé est peu plus grand que moi alors que 3 ans auparavant je le regardais avec une loupe.

Par ailleurs plus jeunes, nos teints basanés, nos yeux noirs et nos nez grecs similaires ont fait que les gens nous prenaient tous deux pour des frères jumeaux.

Nos mères, qui étaient amies depuis belle lurette et avaienr grandi à Goé' au début des années 80-85 - ayant eu aussi l'honneur de faire partie des premières familles de la cité - s'amusaient à nous faire passer pour des frères jumeaux quand l'une d'entre elles venaient nous récupérer. Mais, elles s'amusaient aussi à nous faire passer pour leur fils à posant à chaque fois confusion aux yeux du serveillant : « Je viens chercher mes deux fils – Oui oui les jumeaux Brahim et Mehdi, c'est ça ! »

ghettoyouth - graine dans la villeWhere stories live. Discover now