𝕷𝖆 𝕱𝖆𝖈𝖊 𝕮𝖆𝖈𝖍𝖊́𝖊 𝖉𝖊 𝖑𝖆 𝕷𝖚𝖓𝖊

Chapitre 16 - Illusion

N'y pense même pas. » menaça gentiment le blond.

Elle tira la langue entre ses doigts et l'agita avant de déguerpir dans le couloir en voyant l'air abasourdi de son ami plus pudique. Munin vola derrière sa maîtresse et se posa sur son épaule. Moody gloussa légèrement en se remémorant l'air effaré de l'Étincelant plus tôt dans la chambre. Il avait tourné dans un autre couloir pour préparer leur monture. L'estomac de la jeune femme gargouilla doucement lorsqu'elle bifurqua dans un nouveau corridor pour se diriger vers la cantine. Sa mine s'assombrit légèrement lorsqu'elle vit Nevra accompagnée d'une femme au teint blafard. Moody fronça les sourcils en marquant un léger arrêt. Quel étrange sensation de sentir son cœur se serrer douloureusement dans sa poitrine. Elle pinça les lèvres en fixant le couple. La lunienne ne savait plus trop quoi faire à cet instant, gênée de se rappeler de leur proximité d'hier soir. Elle soupira légèrement en détournant le regard, étrangement blessée par son comportement.

La petite femme reprit sa marche, peignant un air désinvolte sur son visage alors qu'elle passait à proximité de son capitaine. Elle jeta un bref regard sur le cou de la geisha et fut soulagée de ne constater aucune marque. Au moins il n'a pas eu le culot de la mordre, pensa-t-elle, soulagée. Je reste sa privilégiée. A cette simple pensée, un sourire étira sa bouche pulpeuse alors qu'elle prenait place aux côtés d'Ezarel pour prendre son petit-déjeuner. Cependant, lorsque Nevra s'installa en face d'elle, elle lui jeta un regard dédaigneux et emplit de vanité avant de l'ignorer. Même si elle connaissait sa place et son importance à ses yeux, la lunienne n'en restait pas moins jalouse et possessive quand on s'approprierait l'homme qui lui plaisait. Le vampire haussa un sourcil et camoufla son sourire malicieux en buvant une tasse de café. Il avait réussi à la piquer. Ce qu'elle avait envie de lui faire une scène et de marquer son territoire lorsqu'elle entrevit la marque rouge sur la clavicule du brun. Un faible grognement lui échappa et elle se pencha sur Ezarel pour attraper un petit pain, se figeant en sentant le contact de la main de Lance sur la sienne. Elle releva son regard vers les iris glaciaux et se dégagea aussitôt lorsque leur conversation lui revint en mémoire. Moody déglutit légèrement et attrapa sa part sans en demander son reste. Leiftan prit place à ses côtés et elle supplia à voix basse à son oreille.

« Dis moi que t'as encore un truc pour la gueule de bois, j'ai mal à la tête. »

L'Étincelant la jaugea avant de frotter une main à son dos d'un sourire rassurant,

« Mange convenablement, ça ira mieux. » lui dit-il d'une voix douce.

Non. Rien n'irait mieux maintenant qu'elle savait que Lance semblait lui trouver quelque chose et qu'elle voulait se venger passionnément de Nevra pour son comportement. Elle ferma les yeux un instant puis les rouvrit pour contempler les mets à sa disposition. Pendant tout le long du repas, Moody évita soigneusement de croiser le regard de Lance et Nevra, préférant porter son attention sur Leiftan et Ezarel à ses côtés. Pour piquer le vampire dans son égo, elle se contenta de flirter délibérément avec l'elfe, une moue mielleuse peinte sur son visage. Et même s'il restait hermétique à ses avances, elle ne pouvait s'empêcher de se délecter de la flamme jalouse dans l'œil du vampire lorsqu'elle se leva de table pour débarrasser sa vaisselle.

« A quoi tu joues ? »

Le Capitaine de l'Ombre s'était déplacé avec discrétion jusqu'à elle mais elle n'en fut aucunement surprise. Un sourire mauvais ourla sa bouche pulpeuse tandis qu'elle plongeait ses mains dans l'eau de cerisier pour les nettoyer.

« Et toi ? A quoi joues-tu ? » rétorqua-t-elle.

Moody lui jeta un regard condescendant avant de tourner les talons pour venir prendre le bras de Leiftan afin de se diriger hors du Temple des Fenghuangs. Leur départ était imminent. En descendant les marches, la lunienne observa une dernière fois la beauté du paysage et savoura les derniers moments de paix qu'elle ressentait ici. Elle se sentait comme chez elle. Son regard balaya chaque structure pour les garder en mémoire, puis le baissa vers Huang-Hua et Miiko en pleine discussion en bas des marches. Un soupir échappa à la lunienne, accablée par une nostalgie soudaine. Elle ne voulait pas quitter ces lieux. La jeune femme ne s'était jamais sentie aussi bien quelque part, aussi acceptée et comprise. Ses lèvres se pincèrent, ce n'était pas le moment d'être mélancolique, elle regretterait plus tard d'être partie d'ici. Elle s'approcha de la Fenghuang et se courba avec respect pour la saluer, les mains dans le dos. Peut-être que si elle ne se sentait plus à sa place à Eel, pourrait-elle demander un exil ici ?