Prologue (pdv Zelda)

91 9 82
                                    

Les yeux encore embrumés, je parcours les alentours du regard: une roulote recouverte d'une toile verte.  L'obscurité m'empêche de bien discerner ce qui m'entoure; je distingue un plancher usé,  j'entends les sabots des chevaux marteler la pierre, et j'aperçois une petite fenêtre, seule source de lumière. Je m'agite en tous sens: inutile. J'ai les pieds et les poings liés. Mais qui?...

Astor. Le traître.

Qu'est-ce qu'il me veut? Il a parlé de la Triforce de la Sagesse. J'ignorais moi-même que je la possédais, seulement au courant de maîtriser le pouvoir du sceau, hérité de la déesse. Mais, comment compte-t-il procéder pour me la retirer? Où suis-je?

A force de m'arc-bouter, je parviens à atteindre la fenêtre. Elle est petite, mais j'y vois suffisamment. Des plaines d'herbe écarlate, des rivières et des lacs asséchés... Un ciel de crépuscule... Hyrule semble avoir bien changé. Est-ce Astor, qui a mis à mal mon royaume de la sorte?

" Hylia, si tu veux me faire signe, c'est le moment" songé-je. Mais la lumière ne s'échappe pas de ma main.

Les cahots me secouent en tous sens. Soudain, la calèche s'arrête. Deux soldats, au visage brutal, m'attrapent et me tirent de là.

- Hé, l'otage, c'est par là, ricanent les deux brutes.

L'otage? Mais oui, c'est évident! Astor m'a prise en otage pour demander la triforce à mon père! Au moins, je suis certaine qu'il ne cèdera pas! Mais, une question se pose: ces soldats ne sont-ils pas ceux de mon royaume?

Ils me tirent,  me passent les menottes et me délient les pieds. Nous empruntons une route pavée. Sur les bords, se tiennent des gardes, qui me surveillent d'un œil malveillant. Un chevalier au visage encapuchonné s'avance: on le devine à l'emblème brodé sur sa tunique violette; une triforce... inversée.

Je suis à Lorule.

Le chevalier relève sa capuche: il est brun, aux yeux verts, comme ceux de Revali. Je lui donnerais mon âge, tout au plus. Mais, le plus frappant...

C'est l'exact sosie de Link. 

Les gardes et le chevalier s'inclinent brusquement. Je comprends pourquoi; derrière moi, se tient Astor. La lueur malveillante qui empreint ses yeux brille avec plus d'intensité que jamais.

- Bienvenue à vous, Seigneur Astor, l'accueille le chevalier avec un air solennel. Sa Majesté vous attend avec impatience au palais.

L'autre l'ignore, et demande à la canonnade:

- Où est Yuga, mon vieil ami?

Le chevalier secoue la tête.

- Il vous guette, aux côtés de Sa Majesté.

- Conduisez-moi à lui, ordonne sèchement mon ravisseur.

Il obéit, nous menant... à une citadelle, surplombée par un château, en tout point semblable au mien. La ville semble morne, sans animation. Les habitants restent cloîtrés chez eux, et ceux que nous pouvons apercevoir ont le visage fermé. Ils se taisent, la tête basse. Les rares marchands ne font pas l'étalage de leur marchandise, déjà trop pauvre et insuffisante.


C'est donc cela, Lorule? Un royaume sombre et dévasté?

On me conduit au château. Lui aussi, semble à l'abandon. Il reste relativement bien entretenu, mais...  l'atmosphère reste pesante et lugubre. Les fortifications ne sont pas éclairées, les couloirs sinueux semblent poussiéreux. Les murs sont décorés de nombreux tableaux, des portraits d'un réalisme saisissant, dont les visages expriment une détresse palpable. La salle du trône, elle, n'est éclairée que par un lustre, qui pend dangereusement au plafond. Des tentures violettes pendent partout dans la pièce. Le blason est gravé: une triforce, dont l'angle pointe vers le bas. Un tapis est déroulé, jusqu'au trône. Les gardes et le chevalier s'inclinent. Je les imite: mieux vaut être prudente. Seul, Astor fait face à...

Un homme gerudo aux longs cheveux roux, et au diadème orné d'un joyau frontal. L'homme arbore un sourire (pas des plus charmants). Il porte des vêtements visiblement coûteux, et cette richesse détonne au milieu de ce royaume si pauvre. Et une fille. Pas plus âgée que le chevalier où moi. De longs et épais cheveux bruns, un peu plus bouclés que les miens. Des iris écarlates, mais différents de ceux de Médolie; la gravité du regard de cette fille diffère de celui de mon amie. Un teint mat, à peu près ma taille. Une posture royale, sur un trône en marbre. Mais... quelque chose cloche avec cette fille...

- C'est donc elle, fait le Gerudo avec une moue de dégoût. La fille de l' Endroit. Déesses, que cette lumière sur son visage est laide... Et ce bleu limpide dans ses yeux... hideux!

Le chevalier acquiesce.

- C'est même leur princesse, d'après les dires du seigneur  Astor.

Ce dernier confirme:

- La détentrice du pouvoir sacré, Yuga... Je l'ai enfin ramenée.

La fille s'exprime alors avec une voix douce et grave, empreinte de mélancolie:

- L'avoir en notre possession permettra le renouveau de Lorule... Je vous remercie du fond du coeur, sire Astor.  Je vous ai fait préparer vos appartements, vous pouvez disposer. Quant à toi, Lavio, ajoute-t-elle à l'adresse du chevalier, rends-toi au village de Cocorico. Une nouvelle attaque de Gibdos menace, d'après les dires d'un émissaire envoyé au château. J'ai besoin du meilleur chevalier de nos rangs là-bas.

Astor et le dénommé Lavio s'inclinent une dernière fois, et quittent la salle. Ce qui ne laisse que Yuga, moi, et... la fille.

- Votre Majesté, s'empresse de demander Yuga, pouvons-nous extraire directement la Triforce de son corps?

L'autre secoue la tête.

- Yuga, tu sais fort bien que nous ne devons pas brûler les étapes. Pour l'instant, la princesse Zelda et sont triangle d'or bénéficient de la protection des déesses, bien que l'atmosphère de l'Envers altère son pouvoir. Nous devons attendre la Lune de Sang, où mêmes les barrières divines faiblissent et où nous pourrons nous emparer de la relique sans risque.

- Mais, nous n'avons qu'à la tuer, et...

Je blêmis. Mourir? Maintenant...

Je me suis retrouvée plusieurs fois face à la mort, à l'Ecole des Sages. Mais, tout bien réfléchi, j'aurais donné n'importe quoi pour que cela soit arrivé durant la Bataille de la Plaine d'Hyrule, aux côtés de Link... Pas ici.

La fille secoue la tête.

- Malgré toute la haine que j'éprouve pour Hyrule... Je n'en ferai rien. Je  n'aspire qu'à sauver mon royaume, et je ne verserai le sang que si c'est nécessaire.

Un poids se libère de ma poitrine. Je ne vais pas mourir. Mais... il y a quelque chose qui cloche avec cette fille. Et je comprends qu'il s'agit de mon sosie parfait, quant elle se présente:

- Quant à toi, princesse de l'Endroit, n'oublie pas, je suis Hilda de Lorule...


Eeeeet on se retrouve avec cette réplique mythique d' albw :D 

c'est parti pour un nouveau tome, les gens!



Hyrule Warriors- Dans les Limbes de l'Envers (tome 2)Where stories live. Discover now