- Et pourquoi cela ?

- Une grive ne peut être tuée que par le feu. Le sectionnement de ses appendices la met hors d'état de nuire mais seulement pour un temps. Ensuite... les appendices repoussent et là où il y en avait un, deux naissent.

Je reculai dégoûtée par la vision qui s'offrait à moi. Puis je me dégageai de la poigne du voleur.

- Allons y dans ce cas, dis je avec rudesse.

Il s'esclaffa et je fis appel à toute ma patience pour ne pas le frapper à nouveau. J'ignorais pourquoi il m'avait laissé seule durant autant de temps alors qu'il était juste derrière. Il rengaina l'épée et la glissa dans le sac. Je me demandais quoi d'autre pouvait il renfermait. Jamais je ne me serai douté qu'il contenait une épée. Comment avait il put la dissimuler? J'avais pourtant fouiller dans ce sac pour sortir ma chemise ce matin même.

Le silence plana jusqu'à ce que d'un sifflement il m'indique un endroit en faisant un petit signe de tête. L'arbre était énorme et montait si haut qu'il disparaissait dans le manteau de la cime des autres conifères.

- Grimpez, me dit il en amorçant un élégant geste de la main pour me céder le passage.

Remerciant la Déesse d'être en pantalon et peut être un peu Abrax d'avoir prévu ledit pantalon, je commençai l'ascension. Les prises s'enchaînaient sous mes doigts. Chacune des parties de mon corps trouvant avec aisances chaque partie du tronc à exploiter. Je m'élevai rapidement au dessus du sol. Je me sentais presque revenir dans ma forêt natale où j'avais passé le plus clair de ma vie. Tout le reste s'estompait quelque peu face à cette sensation de souvenir douce et agréable. Un raclement puis un frottement à côté de moi me fit revenir à moi. Je grinçais des dents en découvrant Abrax qui se hissait à mes côtés sans le moindre effort apparent. Je fis abstraction de lui et continuait de grimper. Nous nous arrêtâmes finalement sur une branche tellement large qu'elle aurait put être une plateforme à près de vingt mètres du sol.

Je m'assis et regardai droit devant moi.

- Vous allez encore bouder longtemps?

Mon regard se tourna vers l'auteur de ces mots. J'avais toujours été impulsive. J'avais passé mon adolescence à me battre à la moindre occasion sur les marchés, dans les rues des villages. Les voleurs qui tentaient de me dérober le fruit de ma chasse, des hommes malsain qui voulaient me voler bien plus que mes biens matériels... Jamais je n'avais hésité à faire entendre ma voix ou à faire sentir mes poings. Mais derrière ma colère qui m'obstruait la vision je savais toujours que c'était une échappatoire à mon désespoir. Une façon de me sentir vivante. De ne pas m'éteindre. Or, face à Abrax ma fureur jaillissait pour un oui ou pour un non. Je ne me sentais pas libérée ou apaisée. Simplement agacée.

- Je cherchais l'épée, dit il comme si cela valait une explication en bonne et due forme.

- Vous êtes aller faire un aller retour jusqu'au Palais Noir pour la chercher? Avez fait une petite course ou une petite sieste entre temps? Il vous a fallut plus de cinq minutes pour intervenir espèce d'idiot!, terminai je en élevant la voix.

Il gardai son sourire suffisant et croisa les bras.

- Je vous l'ai dit, je cherchais l'épée.

Furieuse je croisai les bras en retour.

- Pendant tout ce temps, persiflais je. Je crois que vous...

Puis je me rendis compte d'une chose. Je l'avais entendu fouiller dans le sac et jurer. Mais ensuite j'avais parée les attaques de la grive. Et durant toute les attaques suivantes, je n'avais plus entendu, malgré mon occupation ailleurs, les jurons d'Abrax. Il avait... regardé. Cela ne pouvait être que ça. Sinon il serait intervenu bien avant.

Le Royaume perduWhere stories live. Discover now