Mon étrange bad boy - Tome 1

Chapitre 3

Louna

Mes pieds foulent le carrelage froid et mouillé qui longe le couloir. Plus j'avance, plus je m'enfonce dans une obscurité angoissante, muette, effrayante... Un brouillard gris et opaque émane de sous les portes et m'empêche de voir correctement où je pose les pieds. J'entends, derrière moi, le tintement rapide et assassin de deux lames de couteaux qui se cognent ensemble.

Puis, je trébuche.

Mes doigts glissent dans un liquide chaud, épais... Je tente de me relever, mais une main féroce m'attrape la cheville et me tire vers l'arrière. C'est à ce moment-là que mes paumes rouge écarlate, ensanglantées et tremblantes, sortent de l'ombre. Du sang s'étend partout autour de moi, et une voix stridente m'appelle.

— Louna ! Louna... Tu dois partir ! Il est ici !

J'essaie de l'entendre à nouveau, de m'accrocher à elle, mais je tombe dans un trou sans fond, et la dernière image que je retiens est le sourire meurtrier d'un homme qui brandit une arme dans ma direction.

Je me réveille en sursaut, le corps frêle, en sueur... Après un long moment à ne plus savoir comment respirer, je prends connaissance de l'environnement qui m'englobe. La tête reposée contre l'oreiller, je souffle violemment.

Encore ce cauchemar.

Je secoue la tête. Je ne dois pas le laisser m'atteindre, encore une fois. Je suis plus forte que ça. Mon imagination me joue des tours, comme toujours !

Mes yeux se posent sur mon réveille-matin, qui indique neuf heures trente. C'est avec une lâcheté légendaire que je sors du lit, en retard. J'ai déjà eu droit au sermon démoniaque de ma mère, hier soir, pour avoir quitté mon cours... Je suis heureuse qu'elle soit partie plus tôt, ce matin. Sinon, elle m'aurait déjà crié dessus.

Après avoir enfilé rapidement un pantalon noir, je place mes cheveux dans un chignon et prends une grande bouchée de croissant que j'emporte avec moi.

*

C'est sans cogner que j'entre dans mon cours de chimie, où je claque la porte. Tous les regards se figent sur moi, et avec eux, celui de l'enseignante. Elle me dévisage, furieuse.

— Mademoiselle Bower, vos manières !

En soupirant, je lève les yeux au ciel, fais demi-tour, m'arrête devant la porte, et frappe. Puis, dans un calme fabuleux, je contourne son bureau pour aller m'assoir à ma place, à travers les rires des autres élèves.

— Taisez-vous ! s'écrie-t-elle, sérieuse. Expliquez-moi la raison de votre retard, mademoiselle.

Je pose bruyamment mes livres sur mon pupitre, blasée.

— Non, pas vraiment.

— Pardon ? siffle-t-elle, sidérée.

Je hausse les épaules.

— Ça a sonné avant que j'arrive, c'est tout.

Elle soupire, et je vois dans son regard qu'elle vit un débat intérieur : elle pèse le pour et le contre afin de savoir si ça vaut la peine de perdre son temps avec moi.

Elle semble juger que non, puisqu'elle reprend son cours sans un mot pour moi.

Dérangée, je tourne la tête vers la droite, pour croiser le regard de Jared, que j'ai remarqué dès que je suis entrée. Il me regardait déjà, son sourire hypocrite sur les lèvres.

Je vais vraiment devoir l'endurer en chimie aussi, maintenant ?

En serrant la mâchoire, je me reconcentre sur mon agenda.