𝟹𝟸 - 𝙻𝚎𝚜 𝚟𝚛𝚊𝚒𝚜 𝚑𝚘𝚖𝚖𝚎𝚜 (𝟹)

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𝐓𝐢𝐭𝐚̀𝐧.

Le décalage horaire nous a pris par surprise hier soir, à croire que la vraie fatigue attendait que cette journée compliquée soit terminée pour nous frapper tous en même temps. On a mis de l'ordre dans la baraque dans un silence étrange, puis chacun a rejoint son oreiller.

Allongé sur le lit une place, ma respiration est calée sur les ronflements de Luka, qui roupille peinard au milieu du seul grand lit de la chambre. Vu comment Papi bouge la nuit, impossible de dormir avec lui au risque de me faire réveiller par un poing dans la tronche ou un coup de genou mal placé. Je comprends pourquoi Louisa a investi dans un super king size malgré les protestations du grognon : c'était ça ou faire chambre à part.

Remarquez, la taille ne change rien à ses ronflements...

Et parce que je voulais lui épargner une gamelle nocturne, je lui ai laissé le grand lit.

En tant normal, j'aurais peut-être eu à cœur de le sortir des bras de Morphée en lui balançant le premier truc qui me passerait sous la main, voire en lui vidant le reste de ma bouteille d'eau gazeuse sur le front. Ou j'aurais appelé Kanda pour qu'il me file une de ses recettes chamaniques. L'Ancêtre doit bien avoir un truc pour ça dans ses espèces de grimoires qui renferment bien des solutions. Mais pas ce matin.

Ce matin, alors que mes pieds dépassent du sommier, mes jambes veulent se lever mais ma tête me demande un temps de réflexion pour revoir la situation. La lumière hivernale filtre peu à peu à travers les volets qu'on a simplement entrebaillés pendant que je pense, envisage, explore des idées plus ou moins plausibles pour aborder Rose aujourd'hui. On repart demain pour le Colorado. J'aurais préféré qu'on soit seuls pour tout nous dire sans nous brider, quitte à crier pour nous purger définitivement des derniers ressentiments planqués au fond d'un tiroir, mais je vais devoir composer avec la présence des autres. Je ne me fais pas trop de souci cela-dit, je sais qu'ils nous laisseront l'espace nécessaire si je le leur demande.

Finalement, au bout de ce qui me semble être une bonne heure, ma vessie décide que je dois me lever. Penser ou pisser, je ne me pose plus la question.

Il n'est pas encore huit heures, la maison endormie est encore plongée dans la pénombre, j'en profite pour me glisser sous la douche. L'eau tiède me fait du bien et termine de me réveiller tout à fait ; même un peu trop... Parce que je suis à poil et en train de penser à mon épineuse, mon sexe y voit la parfaite occasion pour quémander un peu d'attention de ma part. Très vite, je suis dur comme de la pierre, sans intention de me soulager. Alors je tourne le mitigeur vers la droite, plaque mes paumes sur la faïence blanche, ferme les yeux, serre les dents et accueille un jet d'eau froide qui n'a pas l'effet escompté. Des flashs s'invitent dans cette cabine où on ne tiendrait pas à deux adultes. Je me revois avec Rose dans des positions qui ne m'aident pas du tout. À genoux, sa bouche parfaite autour de ma queue au diapason ; ses mains sur mes cuisses ; ses ongles dans ma peau ; son regard aguicheur d'en bas pour me montrer qu'elle aime ça. Sa langue sur ma verge, les bruits de succion, mon corps en transe. La sensation d'une vive brûlure dans mes reins, elle, est bien réelle. Excité et frustré comme c'est pas permis, j'ouvre les paupières puis m'ébroue en grognant.

Plus qu'à retourner me pieuter, les ronflements de Luka auront raison du renflement douloureux dans mon boxer...

Séché, j'en suis à enfiler mon t-shirt quand des cliquetis de couverts que l'on range se font entendre. C'est léger, mais suffisant pour m'interpeller. Quelqu'un est levé et déjà en train de vider le lave-vaisselle au rez-de-chaussée. Je comprends que ce quelqu'un est en réalité Rose quand je reconnais son parfum dans le couloir au moment même où mon palpitant se prend pour une formule 1.

SAUVAGESWhere stories live. Discover now