Chapitre 8

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"Aux voleurs, au feu, au meurtre !" Cria une voix surgissant des fourrés.

Si la jeune femme recula ce ne fut pas par surprise mais plutôt par l'odeur... percutante, que dégageait l'inconnu.

Elle qui pensait être tombée au plus bas avec les Nains..

Le nouvel arrivant portait une coiffe similaire à celle de Bofur, la rousse aux mèches noires devinait des cheveux bruns et emmêlés sous celle-ci.
De doux yeux noisettes étaient cachés par d'épais sourcils broussailleux et une fiente d'oiseau s'étalait près de son oreille droite.
Ses vêtements -plus des loques que des vêtements d'ailleurs- étaient marrons, sales et déchirés par endroit.

L'odeur de nature sauvage -très, très sauvage pour le coup, du genre "haleine d'Orc"- ne masquait pas totalement l'énergie magique qu'émettait le corp du conducteur de traineaux de lapins.

Alyzéa sourit faiblement. Encore un Mage.

Il tenait un bâton dans sa main, signe de son statut.

"Surement Radagast le Brun car...  et bien car il est brun." Se dit la demoiselle aux yeux de chat. "Pour le coup les Mages ne se sont pas embêtés à se trouver des noms..."

Elle soupira discrètement en regardant le sol, pensive.
" Un Magicien qui part pour une aventure parce qu'il a fumé tout  son stock d'herbes à pipe et qu'il s'ennui je veux bien, deux c'est louche, je sens qu'il se prépare quelque chose de grave dans les entrailles d'Arda.." Elle pensa, serrant les poings.

"Radagast ! Radagast le Brun! " Fit Gandalf d'une voix chaude et soulagée.

Lui aussi sentait le danger qui approchait.

"Que faites vous là mon ami ?"Demanda le Mage Gris, une ride s'accentuant entre ses sourcils.

"Oh, Gandalf, je vous cherchais. Quelque chose ne va pas. Quelque chose ne va vraiment pas." S'exclama le Brun.
"Oui?" Gandalf l'encouragea à poursuivre mais le Magicien semblait avoir perdu sa langue, au grand damne de la Compagnie, épuisée mais sur ses gardes.

"Uh.. Juste une minute. Oh! J'avais une idée en tête et je l'ai oublié!" Ronchonna le plus petit des deux Istaris alors que Bilbon et Alyzéa haussaient simultanément les sourcils, abasourdis. "C'est ..je l'ai là, sur le bout de la langue et .. oh ! Ce n'est pas une pensée ! C'est juste-"

Peu assuré, Gandalf avait mis ses doigts dans la bouche de Radagast pour en sortir un insecte aux allures de branche.

"-un phasme!" Le Brun s'étonna, s'attirant les regards circonspects et quelque peu dégoûtés du groupe de voyageurs.

***

Les deux Istaris s'étaient éloignés pour discuter, laissant à la Compagnie quelques précieuses minutes pour se reposer et reprendre un peu de force.
Bilbon, la tête posée sur l'épaule finement musclée de la colocataire, somnolait et son amie, des cernes marrons-rouges s'étalant sous ses paupières fatiguées, veillait sur lui tout en écoutant la conversation qui parvenait malgré elle à ses oreilles, du fait de sa très bonne ouïe.

"La forêt de Vert-Bois est malade, Gandalf... Une ombre y est tombée. Rien n'y pousse plus.
Ou plutôt rien de bon. L'air sent la pourriture, mais le pire, c'est les toiles." Gémit piteusement le Mage Brun, l'inquiétude tapissant sa voix.
"Les toiles ? Qu'est-ce que vous voulez dire ?"

Alyzéa plissa son visage en une moue méfiante. Serait-ce ...?

"Des araignées, Gandalf. Des araignées géantes. Une sorte de progéniture d'Ungoliant."

La jeune femme aux pupilles verticales frémit sur sa souche, secouant le Hobbit qui commençait à s'endormir.
Elle en avait entendu parler, sous forme de légendes.
Des monstres mangeurs de chair, des prédateurs qui piquaient leurs proies pour injecter un venin paralysant et les dévorer après.

Les Yeux de l'espoir | Tome IWhere stories live. Discover now