Chapitre 6

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Après les quelques jours ensoleillés dont avait profité la Compagnie et qui lui avait permis d'aller bon train, le beau temps laissa place à une météo plus sombre.

Le ciel du mois d'avril étant connu pour ses sautes d'humeur, Alyzéa avait enfilé sa cape après avoir aperçut, en se réveillant, des nuages grisâtres et opaques qui masquaient le soleil.

Seulement, malgré son imperméabilité, l'eau cherchait le moindre interstice pour s'infiltrer et les jambes de la jeune femme étaient trempées, de même que ses chaussettes et ses mains qui tenaient les rênes de sa monture.

Depuis plusieurs heures, les poneys avançaient péniblement, leurs forces s'épuisant plus vite à cause de l'effort qu'ils devaient fournir pour parvenir à retirer leurs sabots de la boue.

La pluie battante empêchait toutes conversations non-hurlées, donc la Compagnie préférait se taire, ce qui rendait l'ambiance aussi maussade que le temps.

Voyant son ami tremblant de froid sous cette douche glaciale,dont le manteau de possédait pas de capuche et n'était pas étanche, la jeune femme lui proposa de prendre sa cape, puis, quand il refusa poliment, elle le regarda sévèrement et, reformulant sa phrase, lui ordonna de prendre sa cape, ce qu'il fit sans rechigner.

La petite rousse fut soulagée quand elle vit que son ami avait arrêté de trembler même si à présent l'eau froide la mordait jusqu'aux os, ce dont elle se soucia peu, ayant moins de risques de tomber malade que le Hobbit.
-Hé ! Monsieur Gandalf ! Cria tout à coup Dori. Vous pouvez rien contre ce déluge?

-Il pleut, Maître Nain, et il continuera de pleuvoir jusqu'à ce que la pluie cesse. Répliqua le magicien. Pour changer le climat, trouvez un autre magicien.

Bilbon releva la tête, piqué de curiosité.
-Y en a-t-il ? Demanda le Semi-Homme. D'autres magiciens.

-Nous sommes cinq. Informa l'Istari. Le plus grand de notre ordre est Saroumane le Blanc.

Alyzéa plissa les yeux. D'après ce qu'on lui avait dit le long de ses voyages, Saroumane était une personne antipathique, froide, hautaine et passant le plus clair son temps enfermé dans sa tour.
-Puis il y a les deux Mages Bleus. Continua-t-il. Ça alors, leurs noms m'échappent...

-Et le cinquième ? S'enquit Bilbon.

-C'est Radagast le Brun.

-Il est grand magicien, ou plutôt... comme vous ? Hésita le Hobbit.

Un rire clair et léger se fraya un chemin dans la gorge de son amie pour s'envoler hors de sa bouche, alors que la jeune femme mettait sa main sur ses lèvres pour étouffer le rire.

Gandalf ne sembla pas tenir compte de la remarque maladroite du Semi-Homme et lui répondit calmement :
-C'est un très grand magicien, à sa façon. Un doux qui préfère la compagnie des animaux. Il veille sur les vastes forêts à l'est. Et c'est fort bien ainsi, car toujours le mal cherchera à s'ancrer dans ce monde.

La sombre phrase de Gandalf rattrapa Alyzéa qui cessa de rire face à sa déclaration véridique.

Vers les derniers mois précédant son départ du cocon familial,Alyzéa voyait son père rentrer de plus en plus tard, parfois blessé même si les Orcs n'arrivaient guère à lui faire grand mal, afin de la protéger comme elle restait cloîtrée dans leur propriété éloignée de tout, la considérant trop jeune pour qu'elle voyage, des Orcs qui voudraient s'approprier leurs terres.

Puis ses pensées dérivèrent sur son père. Lui en voulait-il toujours d'être partie en claquant la porte ? Elle n'avait pas repris de contact avec lui, trop honteuse de ses actes et paroles pour revenir.

Les Yeux de l'espoir | Tome IWhere stories live. Discover now